mercredi 7 novembre 2007

"Rando alpine" au Pic d'Anie, depuis la Vallée d'Aspe

Photos : Hydra

Textes : Hydra

Du haut de ses 2504 m d'altitude, le Pic d'Anie, est un sommet de la chaine pyrénéenne, un peu particulier. Déjà, il sépare d'Est en Ouest le Pays Basque du Haut Béarn, mais surtout, vu des terres septentrionales, c'est le sommet le plus visible.

En effet, son altitude, bien que modeste, dépasse alégrement celle de tous ses voisins, et en outre, c'est souvent le premier sommet enneigé des environs, ce qui le rend inévitable.

En terme de géologie, le Pic d'Anie domine une incroyable zone karstique. Il y très dangereux de s'aventurer lorsque ses pentes sont enneigées, car le secteur devient aussi dangereux qu'un glacier.




Après une nuit fraiche mais efficace au niveau de la récupération, nous terminons ce dimanche, notre périple en vallée d'Aspe. Après la rando aux cabanes d'Ansabère de la veille (voir plus bas sur le blog), le programme est un poil plus chargé.

Dès le départ, le soleil nous rassure par ses bonnes intentions de la journée : le temps est frais mais bien sec ! Notre objectif est en ligne de mire, à nous de nous mettre enfin en route !


Nous partons depuis le parking qui jouxte le refuge privé de Labérouat, où un chien nous suit quelques mètres avant de disparaitre dans les bois où nous entrons dans un calme quasi-religieux.


Le sentier commence vraiment par une forêt splendide, feuillus, conifères, ...les couleurs de l'automne nous ravissent. Nous nous glissons sous le couvert végétal avec la quiétude qui sied à ses lieux lorsque tout à coup, deux coups de feu résonnent. Avec l'accoustique du cirque de Lescun, les détonations se propagent tel des missiles patriots traversant le ciel du Koweit....le bruit est effroyable et inquiétant.


Une zone de clairière nous permet d'admirer le Pic de Countendé (2338 m), qui donne un côté très "far west" à la vallée. Il semble très éloigné, ce qui n'est pas rassurant, car le Pic d'Anie est encore plus loin...
Tout à coup, un bruit dans les fourrés m'inquiète et me sort de ma torpeur..... Je m'arrête et préparent mes batons au cas où....Un chien surgit de derrière un buisson. C'est le chien qui roupillait au refuge et qui nous a suivi quelques mètres.





C'est une drôle de bestiole, d'une race indéfinissable, un mélange de Labri de Pyrénées avec je ne sais quoi, ....un batard en fait !
Il a l'air sympa, il nous suit tranquillement. Intérieurement, je me demande combien de temps il va nous suivre comme ça ! L'avantage, c'est que le chien rend moins monotome la traversée de cette forêt qui n'en finit pas !




Nous sortons de la forêt avec soulagement et gouttons avec délices les chauds rayons inondant cette vallée orientée plein Est. La cabane de berger de Cap de la Blaitch est le lieu idéal pour la première pause de la journée. Le chien nous suit toujours, il a l'air comme chez lui, c'est peut être un chien de berger !




Nous devons reprendre notre route par ce vallon orienté plein nord. La neige et la glace y sont bien présents, et rendent la progression difficile. Le chien semble se moquer de ses difficultés et gambade partout, il semble bien s'amuser...alors que nous cheminons avec lenteur.
Le froid est saississant. Le chemin s'éleve ensuite par de grands Z. Le problême, c'est que sur ce chemin plat, la neige tassée par le passage, est toute gelée. Pire qu'une patinoire, il faudrait les crampons ! Je décide de tiré dré dan'le pentu, dès que la neige me le permet.
Un jappement de douleur retentit : le chien s'est blessé. En effet, à faire le guignol dans la pente, il s'est blessé à une patte. Heureusement, le froid a des vertus désinfectantes.
Quelques mètres plus loin, nous arrivons enfin au soleil au col d'Anie. Pas pour longtemps malheureusement, car il faut reprendre le chemin qui passe à l'ouest du Pic de Countendé, en pleine zone karstique, et surtout, toujours en plein ombre.





La zone Karstique est un véritable labyrinthe. Il faut y suivre les kairns avec précaution. La glace rend le cheminement encore plus délicat. Au passage d'une dalle inclinée gelée, je me demande comment nous pourrons repasser par là ...Le chien, lui ne semble pas plus inquiet outre mesure. Il a vraiment l'air de bien connaitre les lieux.





La sortie de la zone karstique nous fait replonger dans l'ombre. Celle du Pic d'Anie cette fois-ci !
Un petit chemin facile semble vouloir le contourner par le sud. Les lieux transis par le vent glacial qui souffle en rafales, semblent hostiles. Pas un chat ! Il faut continuer même s'il est bien tentant de vouloir rebrousser chemin, heureusement que le chemin est bien tracé.
J'attends avec angoisse la fameuse cheminée dont parlent les topos. Mais finalement, on parvient à la franchir en faisant extrement attention. Cette fois, je crains que la course de notre compagnon s'arrête définitivement là. Il nous regarde franchir la pente avec un air de tristesse.
Comment pourrait-il passer ? A peine Karine est sortie du passage délicat, que notre ami canidé s'élance et nous rejoint avec un air de satisfaction mal dissimulé.



La sortie de la cheminée nous permet quelques mètre plus loin de récupérer les rayons salvateurs. La vue se dégage et nous permet d'admirer l'étendue de la zone karstique, qui est surement, l'une des plus grandes de France ( de la Galaxie me dit Pastriste à l'oreille.....)









Nous sommes enfin à l'aplomb du sommet. A force de lire trop de récits himalayens, j'ai l'impression d'être au camps IV de l'Everest et d'attaquer l'arête sud, qui vaguement ressemble à cela ( de loin, dans le brouillard....)




La vue du côté des Hautes Pyrénées est bien dégagée par contre. Comme hier, il y a une jolie mer de nuages dans le nord des vallées.



L'Ossau en voisin apparait enfin ! Ses compères du balaitous et du Palas, se confondent au loin avec le Vignemale et le cirque de Gavarnie.




Le somment enfin ! La vue est grandiose. Les vallées découpent la mer de nuages en fonction du relief. Les cimes transpersent les nuages tel des icebergs sur un océan de nuages.





La zone karstique prend sous mes yeux toute son ampleur, avec au loin les petites taches blanches de la station de ski de la Pierre St Martin. Le Pays basque français est sous les nuages alors que son compère espagnol y échappe.




Le kairn sommital avec son muret pour se protéger du vent (en théorie)




Gros zoom sur la spendide station de la Pierre St Martin, plus réputée pour la qualité de ses gouffres auprès des spéléologues que par ses pistes !





Gros plan sur la table des 3 rois au premier plan. La veille nous étions à son pied, de l'autre côté de la vallée.




Karine arrive au sommet, juste après le chien, qui nous aura suivi jusque là. Félicitations à tous les deux !



La pause photo de rigueur au sommet....




....sous l'oeil moqueur des vautours en vol géostationnaire au dessus de nos têtes.
Il est déjà tant de redescendre.





La cheminée s'avère très délicate à désescalader.




Le retour par la "glacière" est toujours aussi lugubre, mais heureusement plus bref.




Pour franchir la zone karstique et éviter les dalles gelées, je change de chemin, avec un léger stress tout de même, créé par Karine qui a l'impression que je me suis perdu....





Nous retrouvons avec plaisir le soleil au col d'Anie.




Mais pour un bref instant seulement, car il faut redescendre par le vallon gelé qui n'est toujours pas au soleil.




Mais tout à une fin, même le royaume des ombres. La chaleur et la lumière reprennent leurs droits.




Même l'Ossau, ajoute sa touche de poésie au cadre bucolique des lieux.



Gros plan sur le seigneur du Béarn....





Et pause photo obligatoire.



Les nuages remontent vite dans la vallée et nous offrent un panorama sompteux lors de la traversée de la forêt.




Les kilomètres défilent avec les arbres. Cela sent la fin : de la balade, de la journée et de l'automne.




Les Orgues de Camplong et le Pic Oueillarisse donnent un air de Ste Victoire à ces lieux.






Enfin le refuge de Labérouat avec toujours notre fidèle ami. C'est le coeur gros que nous nous séparons de lui. Le meilleur ami de l'homme, je ne sais pas, mais du randonneur de passage à Labérouat, assurément !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ces magnifiques plateaux karstiques n'ont rien à envier à ceux du Désert de Platé me semblent-ils. Belle rando qui me plairait, j'en doute pas trop