lundi 5 novembre 2007

Sur une crête mauriennaise, au delà des brumes...


Quelle brume à Chambéry, une vraie purée de poids!!! Mais s'est sans compter sur le fait que nous sommes dans un pays de montagne et que libre à nous de transgresser les contraintes climatiques en allant chercher le soleil plus haut!!

Hé bien c'est ce que nous allons faire, Claudine, Patrick et moi, en route pour la Maurienne, La Chambre, Montaimont et le Lac du Loup. Destination le Mont du Fût 2824m, parfois appelé Bellachat, à ne pas confondre avec celui de la Lauzière. Claudine connait bien le coin, étant mauriennaise.


C'est une longue crète au-dessus d'un adret mauriennais très paisible en été. Arrivés au lac, nous sommes au-dessus de la brume! Un soleil radieux nous accueille. Il s'agit de monter au col de Valbuche, assez longue montée s'il en est, par l'impression qu'elle donne, du moins.

Le hameau du Loup devant la mer de nuage cloitrée sur la Maurienne, et au-dela la forteresse belledonnienne, grosse masse cristalline bien ordonnée.


La montée, dans des milieux d'alpages assez raides, traverse des petites combes. Le terrain est tantôt perturbé par les sentes à moutons, tantôt embroussaillé faute de pâture.

La montée finale serpente un peu.


Nous voilà au col de Valbuche, à 2400m dans un bon couloir à vent. Claudine part devant sur les crêtes laisant derrière les deux gars bavards qui continuent de manger un peu. :o)

Il s'agit maintenant, sur une crête d'altitude taillée dans de magnifiques conglomérats, de passer 3 sommets, la pointe de Valbuche, le Mollard des Boeufs et le Mont du Fut stricto-sensu 500m de dénivelée cumulée, 100 en descente et 2,2km perché au-dessus des vallées, au delà des brumes.

La montée pour la Pointe de Valbuche est assez raide dans un ensemble de pelouses rases et de petits éboulis.


La pente se couche progressivement à proximité du cairn sommital. Nous voyons d'en haut les ramifications des ravines typique d'un terrain sédimentaire charrié, ici des flysh.


La vue du sommet de Valbuche, à 2600m est déjà bien sympa. Nous voyons la suite de l'arête entre Mollard des Boeufs, à 2700 et le Mont du Fut à 2800. Ici c'est la grand air et la gout de traversée comtemplative, à la marche balladante et la sensitivité au richesses des grands espaces.
Je tombe sur un gros chamois bien calme mais pas le temps de dégainer l'appareil, il s'est déjà volatilisé comme un djin.

Une petite descente gelée de 50-70m et c'est parti pour le Mollard des Boeufs, sur une petite sente entre les blocs de grès conglomératiques. Le haut est un peu plus raide et on aboutit sur l'antécime du Mollard, le sommet n'étant pas sur la crête. En dessous de nous la brume ne s'estompe point, elle est animé d'un vague courant, elle envahit, investissant les moindres creux dans son passage.

Le Mont du Fût n'est plus très loin maintenant, et l'arête est encore plus jolie, franchement hospitalière.




A gauche, l'arête sommitale, à droite, le Mollard vu de derrière. Dans le collu, Patrick tombe sur un vieux mâle bouquetin. Volatilisé aussi celui-là. La peur des flash pour les stars de la montagne?

Il y a moyen de s'amuser à grimper les blocs au passage. Dominer ainsi cette brume épaisse et lumineuse et voir Belledonne devenir à peine plus haut que soit, être perché là-haut, sentiment typiquement montagnard en fait.



Et voilà la croix, ainsi se conclut cette montée très sympa et franchement zen. C'est homéopathique.



La Croix devant la Lauzière, avec ses granits clairs, juste en face et pas plus haut ;-)

Qu'on est bien en haut! Au soleil en chemise, point de vent, en train de manger, boire un peu de thé chaud du thermos, admirer les lumières, les lignes du paysage, saisir la géographie des lieux.


La mer de nuage avec ce courant W > E d'une lenteur contenue mais absolument engloutissant.



Le Mont Blanc au loin et la Grande Casse, dont le permafrost n'est pas tellement frost vu la sale tronche qu'elle fait.


Claudine la maurienne et Patrick le tarin (!!) devant la mer de nuage et les sommets de Maurienne

Jolie petite croix avec une boîte et un carnet dans lequel Patrick nous fera un récit digne d'éloges dithyrambiques :o)

A la descente c'est l'heure du pari : les deux bavards sauront-ils s'effacer devant le silence de la montagne ? C'est ce que nous allons voir, au moins jusqu'au col!! Le premier qui parle paie la café pour les autres!!

L'occasion de mimes et de bruitages de bouquetins mémorables.


Joli jeux de lumière et de contraste sur ces ravines et ces crètes calcaires côté tarentaise (Belleville)


Instant magique de la brume...



La position du soleil a bien baissé, nous sommes restés longtemps en haut, mais fallait bien en profiter!! Pour les photos à la limite c'est tout bénef il y a plus de contrastes, le rendu est nettement supérieur

On arrive au col..Pari tenu!!! Cet animal de Patrick me fait un chantage en me disant que le col c'était 20m plus loin, que je suis le premier à avoir parlé et que j'ai perdu!!! :o)


Perchés devant la brume, sensation de bout du monde..


Nous allons devoir descendre et nous faire engloutir volontairement par cette masse informe très enveloppante.

A la descente nous confondons des sentes à moutons avec le sentier ;-) L'instant mémorable fut lorsque ce clown de Patrick nous inventa une technique peu orthodoxe pour remplir une gourde à partir d'un camelback!! Impossible à décrire, mais absolument hilarant.

Le décor devient féérique lorsque le soleil se fit rasant sur Belledonne et la Mer de nuage.





Jeux d'ombre sur les brumes, pensées vaporeuses, où comment se sentir suspendu hors du temps, comtemplant une beauté qu'on aimerait éternelle.



Sorte de méditation bouddhiste où l'affranchissement du poid de l'existence est atteint, où n'existe plus qu'une émotion simple et pure, dépouillée des tracas des nécessités et de l'insatisfaction des désirs non-comblés, juste du bonheur d'être, l'émotion simple d'être là.


La fin est proche mes amis!!!











Dernier îlot de lumière avant de replonger dans les brumes de la dure réalité de ce monde ingrat :o)



Derniers pas en état de grâce...

Entrer dans le froid blafard de la brume fut quelque peu glauque. Dire que nous arrivons au Lac au moment même où la nuit tombe!!

Merci à Patrick et Claudine pour cette belle rando!!

Texte et Photos Nico Strider,

3 commentaires:

Hydra a dit…

Très joli mais rudement austère ce coin de Maurienne !

Sinon, c'est marrant de voir que malgré les kilomètres qui nous séparent, les mers de nuage demeurent.

Anonyme a dit…

Très belle rando, mais je confirme... quel bavard ce Nicolas!

Anonyme a dit…

Pfiouuu, quelles lumières, c'est incroyable. Pas besoin de parcourir le monde pour s'en mettre plein les mirettes !!