dimanche 30 septembre 2007

Raid Nature à la Gorgeat

Samedi matin 11h...après des courses prosaïques pour donner une impression moins vide au frigo, c'est pas le moment de laisser une belle journée sur le carreaux...Une envie d'altitude?

Voilà le problème posé : comment aller dans un massif, dépasser les 1000m d'altitude sans voiture, ni train, sans prendre de routes tout court (ce qui exclut le vélo) alors qu'il est déjà 11h du mat?
La réponse est simple : se faire un raid en course à pied!!

Me voilà devant la crête de la Coche, en direction de la Chartreuse au départ de Chambé. Destination la pointe de la Gorgeat, premier sommet de la Chartreuse côté Chambé, forestier, perché sur ses 700m de ravines en face nord, culminant à 1486m d'altitude. Chaussures de trail, sac de 5 litres, camelbak, collant, maillot ultra-respirant fluo, bandeau, lunette de vélo, ça va chier!!!!!!!!!!!!
Ca fait disons plus de 1300 de dénivelée cumulée, avec quelques descentes et remontées à la con et ça doit faire près de 25 km en tout aller-retour.
Ce qui est top à Chambé c'est qu'à partir de Curial, tu as la nature, la forêt, les champs et les troupeaux à 5min. Alors, en course, ça défile. Je me sens bien, le rythme est bon tandis que je parcours les landes.
Belledonne, mais aussi le Margeriaz, sont platrés, on se croirait en avril, cette pureté blanche de la neige!
Je traverse le vallon de Pierre Grosse, bucolique et secret, et pourtant à deux pas de Chambé. Je monte le raide sentier argileux pour le passage de la Coche, à 600m d'altitude.
Il s'agit maintenant, de suivre la crête de la Coche, bien escarpée sur un côté et une vraie jungle de buis de l'autre, dans une ambiance verte un peu étouffante.

Petite précision : les photos ne sont pas prises le jour même mais plus d'un an avant, alors que j'avais fait le parcours à pied! Là, pas question de porter un appareil photo : trop lourd!!


Me voilà au belvédère du Bec du Corbeau, surplombant les falaises, au-dessus du bassin chambérien. C'est un site très joli, avec du caractère.


Voià un aperçu de l'ambiance, tandis que je courre sur cette crète forestière, le plus souvent proche de la falaise. Le sentier est aussi étroit qu'une coulée d'animaux, les buis sont tellement humides que je suis vite trempé! Certaines sections sont à passer en courant pliés en deux, tant le couvert végétal est dense. A celà on rajoute des remontées raides et glissantes, mais aussi des passages impressionnant au bord du vide, c'est un vrai raid nature, quoi!!


Voilà les quelques sections finales un peu aériennes, en dessous on domine sur la fin la route du col du Granier.

Il s'agit de passer les zones avec les pilones EDF, un peu dévastées. Heureusement c'est court.

Je suis à 900m d'altitude, 100m de l'atitude fatidique. Belledonne miroite de blancheur. La face Nord du Granier s'impose, toute proche.

La montée qui suit notamment entre 1000 et 1250m est très violente. Il s'agit d'un large chemin carrosable très raide, très caillouteux et quand c'est pas des petits cailloux instables, c'est de la grosse argile tellement glissante qu'on ne peut faire de foulée dessus. J'alterne donc foulées et marches à pied, alternance typique du trail difficile. Je me mets sérieusement dans le rouge dans cette montée, elle me casse les articulations.

Enfin, toujours dans la forêt, à 1250m, j'arrive à l'épaule de la Gorgeat où on rejoint le sentier de Montagnole, plus panoramique. On borde alors la face nord ravinée, impressionnante.

Le coin est ponctué de flaque d'eau assez immenses. A 1300m il me reste la dernière montée sur un étroit sentier tellement boueux et raide par endroit que la foulée y est rarement possible. De plus on longe les abrupts de la face nord :


Les voilà, ces abrupts, de vraie ravines argileuses, vu du sommet!! La vue y est superbe sur la Chartreuse, dont les hauteurs sont alors enneigées. Mais hélas le vent y est très fort et je ne peux profiter longtemps de cette vue superbe des landes bucoliques des Déserts en Chartreuse, des forêts de l'Outheran et des pics calcaires enneigés du Grand Som, de la Grande Sure, du Chamechaude, des Lances de Malissard.
Il est 13h. Il m'a fallu 2h de Chambé, à 240m, à la Gorgeat, à 1486m, en comptant des passages délicats, de nombreuses descentes/remontées qui rajoute au dénivelée cumulée, et la distance parcourue. 2h à pied d'un sommet de Chartreuse en technique 100% écolo c'est une idée quand même bien agréable mais faut en payer le prix.

Il s'agit de descendre maintenant. Pour faire un tour j'ai décidé de passer par le chemin de Montagnole, assez raide!! On y trouve une crête panoramique dégarnie où la vue sur les ravines et le Mont Blanc/Lauzière/Belledonne et Chambé/Bauges est tout à fait remarquable. Belle ambiance. J'y croise deux randonneurs très sympa ; Charlotte ou Heidi, je sais plus, qui marche avec détermination, pommettes rouges et cheveux aux vents ; et...des chiens de chasse fouineurs et rigolos, avec leurs cloches, coursant probablement un sanglier et appelés par leurs maîtres en vert kakis avec des fusils.

Le souci c'est qu'après faut se taper un peu de route avec quelques bagnoles. Je prend du temps à chercher le bon chemin sur la carte, entre landes, bosquets et routes...ça tourne en course d'orientation!! Pas le choix faut rejoindre vite le passage d'accès vers la carrière, où sans crier garde, déboulent des blaireaux de quadeurs, scooteurs alors que c'est formellement interdit de circuler avec des engins de toute sorte. Disons que ça fait 20min de pas terrible mais après on retrouve les landes juste au-dessus de Chambé et c'est de nouveau très joli.


Victoire et retour à la maison! Un peu cassé quand même, mais vidé nerveusement et finalement plus en bonne forme!!
Ha les raids, les trails à la demi-journée, on en fait pas tous les jours, sinon on aurait vite de l'arthose mais c'est vrai que ça vide et que ça peut être une aventure sympa quand c'est bien préparé.

Par Nico Strider,

mercredi 26 septembre 2007

Rencontre chamoisarde en bord de mer.

Par Sylvain Visse,

Voilà un projet qui bouillait sur le feu depuis ce printemps déjà : la traversée des Calanques avec Nico "Dalle en Pente". Comme quoi, les bienfaits de msn....!!

Rendez-vous est donc pris pour ce dimanche-lundi 24 septembre. Pour notre part (Manue et moi), la rando commence au sortir de la maison, avec des difficultés urbaines notoires (bus-métro-train-métro-arrivée à Marseille Castellane, ABO engagé, retraite impossible !!) De là, on retrouve Nico, qui connaît très bien la région. Les transports en commun de Marseille nous ayant laissé en plan, la rando débutera à Luminy, et non à Cassis comme prévu. Tant pis, la première journée, on opte pour un aller-retour sur le plateau du Puget.

L'entrée en matière est déjà fantastique : on sort du bus, on marche un quart d'heure, et voilà déjà le spectacle !!



Ahh les joies de la segmentation spatiale,...., quand on est du bon côté !!

Nico admiratif devant la Candelle, véritable vigie (la Candelle, hein !) du massif.


Nous profitons des connaissances aprofondies de Nico au sujet de la région (tout, vous pouvez tout lui demander ;-)

Arrivé au col de la Candelle:




Notez que la Candelle (décidément toujours elle) est un sommet typiquement "dibonesque", à savoir qu'il est effilé vu d'un certain point, mais qu'il s'allonge telle une échine dès qu'on le contourne.

A propos d'échine, le poids du sac nous la travaille !!



La lumière du soir automnal attendrit les big-walls calanquais:


Nous voilà arrivés au col du Puget (chais pas pourquoi, ça me rameute toute une imagerie faite de cigalles, de pastis et de Fernandel !!) :


Il est l'heure de se trouver un emplacement de bivouac douillet, chose pas spécialement aisée du fait de la nature rocailleuse des sols.

Notez que sur cette photo, on est en plein dans une forêt domaniale !! Ça va, je pense qu'on peut encore naviguer à vue.

On redescend face à la Candelle :


Il est l'heure de se trouver un emplacement de bivouac douillet, chose pas spécialement aisée du fait de la nature rocailleuse des sols.

Toujours quelques paysages "yosémythiques" :



On domine l'île de Riou:


Après quelques tergiversations, on opte pour un bivouac panoramique. Et là, le coucher du soleil nous offre un spectacle mémorable, d'anthologie, dantesque, magnifique et merveilleux :



Tout prend feu à cette heure (aie, non, c'est une métaphore facheuse en fait):



Après une bouteille de Jurançon, un bivouac vraiment exceptionnel avec la pleine lune sur les falaises calcaires, et une assez bonne nuit, il est temps de reprendre la route, encore longue !!

Les lumières du levant sont sympas aussi :



La météo est exceptionnellement clémente : grand beau, doux et juste un petit air rafraichissant. On est très loin des violentes furies du mistral, réputées pour assècher cette côte (demandez à Nico !!)

La mer est franchement claire:


Ça donnerait presqu'envie de se baigner. Du moins Nico, car perso, je n'aime pas trop me baigner. Déjà que pour prendre une douche....enfin là on rentre dans les détails privés !!


Après Morgiou vient la partie la plus physique du parcours : une remontée d'environ 150m de dénivelé, orientée plein sud. A passer obligatoirement le matin !!

On s'élève au dessus de la mer


D'où on débouche sur les crêtes, au dessus des Calanques :



Toujours l'île de Riou en point de référence :

La Calanque de Sormiou, avec sa mer "émeraude" :


Sur la totalité de la traversée, les paysages finalement varient selon l'orientation et la végétation. Ce n'est jamais monotone.

En direction de Marseilleveyre, on passe sous la blancheur "dentaire" des falaise :


Des couleurs chaleureuses et bienveillantes (notez, je ne vois pas en quoi une couleur peut-être bienveillante, mais voilà ce que ça m'inspire !!) :


Il s'agit maintenant de se laisser glisser au bord de la mer :


Toujours l'île de Riou :


Au loin, tout au loin, la Candelle :


Nico approche du but : derrière, Callelongue, qui marque la fin de la traversée, avec la vue sur l'imposante île Maire:


Voilà donc un p'tit périple chamoisard qui laissera de merveilleux souvenirs, bien que la fin fut éprouvante pour Manue, qui a su redoubler de courage !!

Merci Nico pour nous avoir fait découvrir ce coin de paradis à 2 pas de l'enfer urbain de Marseille !!

D'ailleurs, le plus dur, c'est décidément la partie du retour "bus-métro-train" (ABO, retraite impossible), surtout par contraste avec les 2 journées passées en pleine nature, dans ce massif peu fréquenté la semaine en cette saison.

Cheminées à la Pointe Percée

9H du mat ce dimanche, nous voilà, Patrick et moi, au col des Annes, dans les Aravis, en plein coeur de l'AOC reblochon, ces odeurs pastorales sont là pour nous le rappeler.

La veille au soir, Patrick m'appelle sur le coup de 21h30 me disant qu'il y avait un petit changement de programme et que du coup, la Pointe Percée le tenterait bien...Je me suis dit "pourquoi pas?" j'ai jamais fait le point culminant des Aravis.

Les Aravis, c'est une chaîne calcaire assez élancée, splendide mais à juste titre très, très fréquentée, un peu comme le Mont Blanc, très proche. La médaille, c'est l'ambiance et la puissance de la nature et le revers de la médaille, le monde et parfois un peu de n'importe quoi...Mais aujourd'hui, pour nous, il n'y a que la médaille qui brille.


Voilà la fameuse Pointe Percée, avec son énorme masse de calcaires coralliens très compacts. Le trou de l'aiguille est caché côté arête du Doigt, à gauche...Devant la forteresse, des immenses et labyrinthiques tables de lapiaz, grossièrement appelées banquettes glacio-karstiques...

La "VN" passe, dirons-nous, dans cette face, un peu plus vers la droite, mais dur à dire où exactement ça passe tant qu'on est pas dedans, vous allez comprendre pourquoi!!

Nous on va prendre une combre à droite, dite "combe des Verts" et remonter les cheminées de Sallanches derrière pour descendre la VN ensuite : dans un sommet très classique, c'est une traversée qui l'est tout autant. That is to say : très parcourue.

Au niveau du style : ben c'est systèmatiquement entre la randonnée alpine et la course de rocher, sans jamais que l'un se démarque de l'autre...la confusion est totale, le mélange surprenant. En tout cas, pour Patrick, c'est une introduction idéale à la course de rocher. On pourra sortir la corde, ce qui est vivement conseillé pour les cheminées, vu l'exposition dedans.
Autre chose : casque obligatoire!!! beaucoup d'inconscient sur ce sommet ne le mettent pas, mais quand on voit des cailloux partout sur les vires, faut se dire une chose : ils ne poussent pas du sol, ils viennent d'au-dessus!!

Après avoir franchi une faille tectonique décrochante entre des argiles gréseuses et les calcaires, nous entrons dans les dalles de lapiaz, splendidement ramifiées.


Nous approchons du refuge de Gramusset devant ce mur bien lissé et travaillé par la météorisation.

Et voilà la Pointe Percée depuis le refuge. La VN passe dans le creux de la face, on descendera par là.


Nous voilà dans l'univers minéral, après des traversées de lapiaz très balisées. Au fond, la chaîne du Bargy (Jallouvre, Midi etc...)


La selle qui nous cherchons à gagner se défend par une pente détritique qui fait péter le gavomètre. On a soufflé comme des boeufs.

Et nous voilà à la selle, avec en enfilade, la chaine des Aravis, puissante masse récifale calcaire, rappelant un peu la barrière orientale du Vercors, en moins contrastée et plus haute.


Patrick devant la vire d'accès aux cheminées. C'est le temps de s'équiper et de mettre en confiance Patrick pour ses premiers rochers raides.

Il s'agit de monter la première cheminée, la plus longue, et assez patinée. Il y a de supers prises à chaque pas mais comme le rocher est carrément usé, patiné...ben c'est pas si confortable que ça et Patrick appréciera la corde. Certains marcheurs passent à la montée ou à la descente sans casque, sans équipement du tout, mais ont-ils suffisamment confiance en cas de chute de pierre ou encore sur l'exposition en cas de glissade tout court ? Quoi qu'il en soit une chute y est interdite...De quoi se poser des questions sur l'humilité des "prétendus" gens expérimentés.


Voilà planté le décor, assez travaillé par l'érosion mais il y a pire...des cheminées nettoyées se faufilent là-dedans. Qu'on ne dise pas que le casque sert à rien là-dedans, pourtant on était rare à l'avoir!!! Que cela reste entre nous mais mon petit avis d'alpesgréeso-belledonnien-amateur est qu'on y retrouve tout l'orgueil et le n'importe quoi qu'on voit au Mont Blanc.

Patrick après la première cheminée, concentré et heureux d'être là.


La voilà la première cheminée, vue d'en dessus...Facile, jolie, mais exposée. On peut l'assurer aisément d'en haut.


Ca va chier!!!


La seconde cheminée, la plus belle à mon avis. Montée très agréable et propre.Un peu de ludique c'est très appréciable.


Une partie plus péteuse à sa sortie mais rien de méchant.


Votre serviteur devant la suite de la Chaîne des Aravis, que l'on commence à dominer


Le début de la dernière cheminée, dont il y a un pas à la con, étroit sous un dévers et très patiné, peu élégant. Mon sac s'est un peu coincé. Il peut se contourner par une dalle plus fine et plus class' à gauche.


Nous voilà en haut des cheminées de Sallanches, c'est ainsi qu'on les appelle. Des gens descendent dedans, aidés par une corde, à défaut de casques ;-) C'est vrai que c'est une descente rapide.


Faut remonter les derniers mètres du couloir terminal de la VN, un peu péteux.
Sur le haut c'est une antécime.

Le voilà le vrai sommet, assez large. Une petit arête aérienne en défend l'accès. Pour pieds surs, et c'est très joli, mais "trop" patiné. Il a beaucoup de monde en haut, mais ça c'est pas surprenant. 2750m, dit la carte.

Patrick, avec la croix, devant les prairies de Combloux.


Bien sur le Mont Blanc est en face, grandiose, encore bien blanc de cet été ennuagé.


Les Aiguilles de Cham (Plan, Midi), une chaîne hérissée, devant la chaine des Grandes Jorasses, juste derrière. C'est le sanctuaire du granit et de la glace.

C'est le temps de redescendre par la VN. Son tracé labyrinthique en surprendra plus d'un mais ça passe bien. La corde peut être utile pour les gens mal à l'aise ou bien les mômes, mais le terrain n'étant pas propice à des assurages autre que la proximité, elle n'est pas obligatoire. Suffit d'être appliqué. Par contre, le casque est plus que conseillé.


La descente de l'antécime, puis nous nous engageons dans le couloir terminal où ça zigzague dedans, en essayant de ne pas titiller les cailloux:


C'est quand même raide, regardez :

Nous descendons dans la face, louvoyant sur des dédales de vires enchevêtrées.


On voit la chaîne en enfilade.

L'ambiance de la VN, par où est-ce qu'on est passé??On le sait vraiment dedans!


Patrick dans ses oeuvres, alors qu'on arrive en bas...


Nous atteignons les cônes de déjections en dessous, devant le "cirque" support de la VN. D'où viennent ces petits cailloux de partout? Posez vous la question et vous saurez pourquoi un casque est nécessaire et pourtant presque personne n'en met....


On retrouve les lapiaz autour du refuge dans une lumière d'après-midi.


Voilà le refuge!


Infinité de lapiaz


La Pointe Percée, depuis la terrasse du refuge, masse minérale puissante.

Bon ben il est temps de redescendre, de retrouver les alpages verts des Aravis, qui roussissent à l'automne arrivant :



Les myrtilles deviennent rouges!


Allez on dit au-revoir à la Pointe Percée, que les nuages ne veulent plus décrocher.


Merci à Patrick pour cette belle sortie et toutes les discussions au cours de la marche, et bravo à lui pour ces premiers rochers raides.

Texte et photos Nico Strider,