mercredi 25 février 2009

La pointe de Combe Bénite

Phénomène rare : une giboulée de neige ensoleillée. Vision poétique d'un petit rideau scintillant. Fred et moi montons sous un plafond nuageux assez dense, au-dessus du village de Granier, dans le Beaufortain tarin, vers la Pointe de Combe Bénite.

Il s'agit de tracer dans une neige assez croutée par endroit :


Lors d'une (rare) éclaircie, nous apercevons la Roche à Thomas, que nous devons contourner par la gauche.


Fred, comme perdu sous ces grandes pentes, Tarentaise au fond, avec ce plafond moisi bien insistant :


Arrivés au hameau du Pra Spa, c'est une véritable purée de poid bien glacée qui nous engloutit. N'y voyant rien, j'ai tracé beaucoup trop haut pendant 15min, pour finir au-dessus de couloirs douteux. Nous revenons sur nos pas, commençant à douter du succès de l'entreprise, mais une traversée à flanc -poudre fine sur fond dur nous obligeant à employer les couteaux- nous permet de savoir "où nous sommes" pour retrouver un semblant de lumière vers le lac de Guio.


On n'y croyait plus mais voilà devant nous un ciel bleu profond, dans ces grandes pentes de l'antécime de la Pointe de Combe Bénite :


Ca y est, au-dessus du plafond de brume, alors que nous entamons cette montée rendue très esthétique, dans une poudre profonde :


Dans un vent glacial, nous approchons le sommet de l'antécime :


En face de nous, en un joli cône blanc, la Pointe de Combe Bénite :


Il s'agit d' abord de descendre de l'antécime puis de remonter l'harmonieuse crête sommitale :


Parfum d'altitude...


Le vallon à notre gauche semble épargné de la "cotonnerie ambiante":


Les derniers mètres, réduit dans leur simple expression : blancs.


Summiters, avec la Vanoise au fond :


Votre Serviteur, entre deux rafales :


En face toujours ce très beau Crêt du Rey, avec cette crête incroyablement progressive et harmonieuse:


Le Mont Blanc domine les crêtes escarpés du coeur du Beaufortain (Aiguille de la Nova, Roigniais)

La Grande Casse domine très largement le plafond de plus de 1400m :


La descente impose la courte remontée à l'antécime dans une neige heureusement soufflée et pas trop profonde :

Phénomène très amusant : le gel s'est installé sur de la sève qui a coulé!!


Et hop, un peu de poudre dense!!


Comme ça s'est fait :


La brume se dislogue gentilement alors que nous traversons sous la Roche à Thomas, donnant des lumières étonnantes :


Très jolie chalet de Pra Spa :


L'élégante Roche à Thomas, qui doit être appréciée pour la pente raide si en bonne conditions :


La suite de la descente, avant la piste de Granier, sera assez croutée! Mais bon, c'est ça aussi le ski en hiver!!

texte et photos © Nico Strider

samedi 21 février 2009

Bouquet final : le slalom homme des championnats du monde de ski à Val-d'Isère

Depuis quelques semaines, j'attendais avec impatience cette grande fête du ski qui a eu lieu là, si près de chez nous. Je me suis dit qu'il eût été dommage de ne pas y participer !

Le slalom homme était probablement la course la plus dense de la quinzaine : imaginez, une douzaine de gars pouvaient prétendre à la victoire... dont deux français ! Tout un peuple attendait le sacre de l'enfant de Valloire, Jean-Baptiste Grange, leader de la coupe du monde de slalom et toujours en course pour le gros globe de cristal du classement général de la coupe du monde. Mais dans son sillage, Grange a conduit toute une équipe en direction des sommets, et plus particulièrement Julien Lizeroux, le skieur de la Plagne, vainqueur de son premier slalom en coupe du monde cette année sur une piste mythique, la Streif de Kitzbuehl. Une piste raide, technique, où le rythme, la précision et l'engagement sont les maîtres-mots, comme sur cette redoutable piste de Bellevarde !

Le succès populaire fait plaisir à voir. L'image ci-dessous est prise au début de la première manche, il n'y avait encore "personne"...! Au moment de la seconde manche, il y avait environ 42 000 personnes. L'ambiance était magique, c'était un truc de fou ! Les mots ne permettent pas de rendre compte d'un moment aussi formidable, désolé.

A gauche, on voit le départ et cette montagne de Bellevarde devenue mythique en 1992 avec la seconde place de Franck Piccard dans la descente olympique, une descente d'anthologie ! A droite, l'aire d'arrivée.

A la première manche, je n'ai pas pu me placer comme je l'aurais souhaité car je n'étais pas le premier arrivé loin de là...! Mais la piste tient ses promesses, comme la veille pour les femmes ! Ainsi la moitié des favoris est déjà dehors, et parmi eux trois des quatre autrichiens en course ! L'Autriche, la meilleure nation au monde en ski alpin, est passée à côté de ces championnats. Un seul rescapé dans ce slalom, Manfred Pranger, vainqueur de la première manche. Il porte sur ses épaules le poids de tout un pays qui ne vit que pour le ski. Derrière lui, une surprise, un suédois, Johan Brolenius. Et en embuscade, après une très bonne première manche, les deux français, JB Grange et Julien Lizeroux. La tension monte et est palpable, l'ambiance est électrique, un savoureux mélange d'appréhension, d'envie et d'impatience ! La seconde manche est tracée par Jacques Théolier, l'entraîneur des français ! C'est un avantage certain, le tracé sera favorable... mais forcément très sélectif encore une fois !

Je me suis placé dès la fin de la première manche à un endroit stratégique depuis lequel je vois la quasi totalité du parcours, à l'entrée du dernier mur, ce qui m'a permis de faire quelques images que voici.

Je vous ai mis l'image d'origine ainsi qu'un agrandissement afin que vous vous rendiez mieux compte, car je trouve cela impressionnant. Regardez les rictus des mecs, les skis, le positionnement du corps, la précision par rapport aux portes...

C'est parti avec le trentième de la première manche et donc le dernier qualifié, le bulgare Stefan Georgiev !



Quand vous skiez, n'hésitez jamais à prendre de l'angle, ça tient !!!

Ci-dessous le 29ème de la première manche, l'islandais Bjoergvin Bjoergvinsson.


Le tracé est effectivement sélectif, il y a beaucoup de dégâts, ça promet !

Voici le suisse Sandro Viletta.



L'américain Jimmy Cochran, finalement meilleur temps de la seconde manche, a profité d'une piste peu dégradée, malgré qu'il soit ici pris en flagrant délit de faute !!!




Le russe Alexandr Horoshilov.



Le français Steve Missilier : le skieur du Grand Bornand a fait une énorme deuxième manche afin de chauffer à blanc le public. Résultat, il remontera de la 17ème à la 6ème place finale. Magnifique, félicitations !



Le canadien Thomas Grandi.



Un autre canadien, Michael Janyk, qui va, à la surprise générale, terminer sur la troisième marche du podium, suite à la faillite d'un grand nombre de favoris...





Désolé, il m'en manque plusieurs, sont tous tombés en haut...!

En action Julien Lizeroux, déjà médaillé d'argent lors du super combiné pendant ces championnats du monde. Il n'a rien à perdre, est en pleine confiance. Il envoie la sauce et prend alors la tête de la course avec 1 seconde 22 centièmes d'avance, un gouffre à ce niveau là ! Le public est en transe, un français sera sur le podium, c'est certain !



Mais tout un peuple attend le meilleur slalomeur du monde, JB Grange, ici en action...


Malheureusement, le peuple va s'éteindre. A l'entrée du dernier mur, exactement en face de moi et alors qu'il est idéalement placé, Grange fait un intérieur, la faute classique du slalomeur. Seconde sortie de piste pour lui, le poids était trop lourd à porter probablement. Après sa sortie lors du super combiné, alors qu'il avait course gagnée avec une seconde et demie d'avance sur Lizeroux, la déception est grande pour le champion et dans le public. Ainsi est faite la course, et lorsqu'on est toujours sur le fil, l'erreur peut survenir à tout moment. C'est ainsi, et il faut lui souhaiter de gagner enfin ce petit globe de cristal du slalom, celui qui le consacrerait à juste titre meilleur slalomeur de la saison, et pourquoi pas même, le classement général de la coupe du monde. JB a 24 ans, il est jeune, il a tout le temps de devenir champion du monde...

Brolenius est raidement dehors, il n'en reste qu'un, l'autrichien Manfred Pranger. Pas le plus attendu des autrichiens car au jeu des pronostics, le génial Benni (Benjamin) Raich, le jeune Marcel Hirscher ou l'homme en forme du moment Reinfried Herbst étaient favoris. Mais voilà, Pranger est solide et les autres ont tous été brouter en première manche. Le public est classe, il l'encourage autant qu'il retient son souffle pour Lizeroux, en tête à ce moment.



Pranger ne flanchera pas. Il perdra la moitié de son avance sur Lizeroux en chemin mais préservera l'essentiel sur la ligne, deux dixièmes d'avance. Il est champion du monde, un grand et beau champion. Lizeroux est encore un homme en argent, il a réussi de merveilleux championnats ! Ce sont les deux seuls favoris à l'arrivée sur la douzaine au départ, la piste a tenu ses promesses. Janyk est troisième, divine surprise pour les canadiens très peu spécialistes de la discipline ; des canadiens décidément en réussite après le titre déjà heureux en descente de John Kucera. La chance se provoque et sourit aux audacieux, tant mieux !

Le rideau tombe sur ce superbe slalom et sur ces championnats magnifiques ! Le public s'en va, partagé entre l'immense bonheur de voir encore une fois Lizeroux sur le podium et triste pour son idole JB Grange. Mais il avait le ski, il n'est pas passé à côté. La réussite n'y était pas mais souhaitons lui en plus pour cette fin de saison !