vendredi 30 novembre 2007

Virée matinale dans les monts du Lyonnais

Aujourd'hui, jour de repos, 6 heure du mat', je regarde par la fenêtre : chouette, il y a du brouillard !! Et je sais qu'avec les conditions anticycloniques, il me suffit de faire une demi-heure de voiture pour passer d'une purée de pois chargée de morosité, à un temps splendide aux humeurs radieuses. C'est ainsi qu'à 8h, j'arrive à Yzeron, au coeur des monts du lyonnais. Yzeron, c'est le village de mon enfance, qui m'a vu grandir de l'âge de "petit garnement qui s'amuse à faire tomber les grands-mères" au stade d'adulte administratif......mais n'ayant pas intériorisé les notions de responsabilité (physiquement, on reconnaît ce genre de personne par le petit résidu d'acnée sur le coin du front).

La nature paraît encore endormie à cette heure:



Le soleil est encore en coulisse, seule se distingue la chaîne des Alpes au dessus d'une mer de nuage sur Lyon:




Ça y est, le voilà


En cette saison, il nous arrive tout droit des Ecrins, exactement entre la Meije et la Barre, tout un symbole !! Oui, parce qu'il faut que je vous précise que de mon point de vue, le panorama s'étend de l'Aiguille Verte jusqu'au Grand Veymont, en passant par tous les grands massifs des Alpes françaises du Nord (même les Aiguilles d'Arve se faufilent pour s'exhiber

L'heure du levant, c'est toujours un moment exceptionnellement riche en émotions dans la journée : comme une renaissance à chaque fois. La lumière magnifie ce vieux mur témoin des temps anciens


A l'heure où d'autres bossent dans l'atmosphère givrée de la plaine, je me délecte de ces moments privilégiés.


la bosse noire, derrière, c'est le Mont-Blanc !!



la croix de saint-Clair, hameau où coule une eau réputée autrefois pour guérir les yeux. Les traces des traditions anciennes sont encore très présentes dans le Lyonnais.



on trouve dans les champs autour d'Yzeron ces gros tas de pierres, parfois très bien ordonnés (on les appelle des "chirats"). Il paraît que ce ne sont que des pierres accumulées par les paysans autrefois, mais, gamin, je pensais que c'étaient des sépultures gauloises (avec tous les trésors qui vont avec....). Aujourd'hui encore, j'émets des doutes au sujet de ces amoncellements (certains sont trop bien rangés, témoignages d'une volonté de construction)



Voilà la vue que j'avais gamin. Je réalise le privilège d'avoir eu une enfance au contact de la nature : c'est toujours auprès de cette nature qu'on se réfugie en dernier ressort.




une ferme typique du lyonnais, en 3 parties (étable-cours intérieure-habitation). Voilà le vrai danger objectif des monts du lyonnais : la cours intérieure, car si elle est ouverte, il n'est pas rare d'avoir à faire face à une attaque de canidé pas toujours diplomate !!




jeux de lumière




au sud-ouest, l'horizon s'ouvre jusque vers les environs de Saint-Etienne




platitude des sommets, avec au loin, les monts du Forez




le brouillard s'acharne en-dessous de 600m, sur les plaines du Forez et du Roannais.

Me voilà au terme de ma boucle, d'une quinzaine de kilomètres (car le décompte en distance est plus significatif que la dénivelée sur ces doux reliefs). En arrivant, je remarque que mon regard ne peut s'empêcher de se porter vers celui qui ici aussi, finalement, règne en seigneur, le Mont-Blanc. En effet, comment résister à l'appel de cet étalage arrogant de hauts sommets enneigés à la fois si loin et si proche. Que ressentaient les Anciens à la vue de cet intriguant panorama sur la chaîne alpine ?? En tout cas, il me tarde déjà d'y retourner voir de plus près !!


Par Sylvain Visse,

lundi 26 novembre 2007

Pour la grandeur du Grand Som


Le Grand Som, l'un des grands 2000 de Chartreuse, le sommet dominant le monastère homonyme, est au coeur de ce massif préalpin atypique. Pourtant l'un des moins haut, il est aussi l'un des plus mystérieux, plus puissant car peut être plus fracturé et le moins commode ;-) Son relief inverse lui donne immédiatement une typicité.

Il sera l'objectif de ce dimanche! En attendant, le samedi, le Japon est à la fête à Chambé. Alors à la demande d'Alban et Flo j'en mets une petite mosaïque!



Ensuite c'est l'artiste Jun Ichi Uneo qui nous propose de somptueux origamis :


C'est dans la brume que nous partons le lendemain, Patrick, Joce et moi, de la Ruchère, vraie commune chartrousaine, c'est à dire forestière et isolée.

Le début de la montée est un peu rébarbatif, la brume crée un effet de serre, les forestiers ont bousillé les chemins avec leur matos, d'où de l'argile un peu partout. L'argile, voilà ce qui manquait aux intestins de Patrick, qui faute d'un bon platre, ont relaché !!

On finit quand même par se débarrasser de la forêt, arrivant dans les pentes de neiges givrées du Col de Léchaud. Le Petit Som est à côté mais on le laisse tranquille jusqu'au retour. Jouant avec la brume et quelques soupçons de lumière, nous passons une petite selle vers le Col de Bovinant.

La neige givrée a des reflets allant de la porcelaine au verre étincelant.

Nous passons le col de Bonvinant dans la brume. Il s'agit maintenant d'attaquer la montée au Grand Som, 2026m. Au bout d'un quart d'heure, nous chaussons les raquettes, provisoirement. Patrick a un pépin avec une des raquettes dont le plastique de réglage pète sec. Mazette...bravo TSL. Nous allons tracer devant pour lui, alors que la pente se raidit un brin et que le ciel devient clair, limpide, pour notre bonheur.

L'ambiance devient superbe. Au téléobjectif la croix de Petit Som prévu pour le retour!















Plus haut, dans un passage étroit nous enlevons périodiquement les raquettes, pour quelques rochers. Nous passons au-dessus de couloirs bien raides.

La Grande Sure, assez massive et lumineuse avec cette neige de fin d'automne. Après quelques pentes encore un peu raides, nous arrivons sur un collu, sorte de selle avant l'arête sommitale. La vue devient absolument magnifique, face à la barre puissante des Lances de Malissards, Belledonne, la brume et la Dent de Crolles :


Nous sommes seuls sur le site, et l'impression de sauvagerie, de mystère est saisissante.

Devant, les pentes sommitales du Grand Som, assez longues avec des cailloux qui affleurent partout et des trous de neige, obligeant de la raquetterie assez astucieuse.

Alors que Joce trace devant, Patrick, toujours à pied, profite de nos balisages raquetteux!


La brume, les cailloux, la forêt, les précipices, c'est la quintessence de la Chartreuse, encore plus saisissante quand il y a de la neige.


Joce attaque la neige givrée et vitrifiée des pentes sommitales, qui en cas de grosses accumulations, me paraissent assez avalancheuses.


Ca se raidit un peu mais rien de méchant...On atteint un nouvelle selle, avec vue sur le Nord.


Sommet en vue!


Ces zones sont fortement soufflées. Non entretenues par les troupeaux, quelques végétaux plus hautes laissent encore des traces dans la neige. La Croix se profile au fond, instant de grace vers les hauteurs immaculées.


C'est ça aussi la spiritualité de ces lieux, par delà les visions, les religions, ces lieux ont une âme qui te saisit.










Sommet!! Nous dominons la mer de nuage de façon impressionnante, comme Joce devant Chamechaude. L'isolement, la sauvagerie, le vent cinglant et très froid, on n'est pas déçu par la puissance évocatrice de ce sommet.



Le Seigneur de la Chartreuse, tel un volcan, par delà les brumes insondables, dominant le monde!

La vue est superbe, notamment sur Belledonne (à gauche, avec les Grands Moulins) et le Taillefer-Serre, Matheysine-Devoluy (à droite, le Pic de Bure)



Votre serviteur, comblé par ce site. Avec Joce, sur le sommet, et l'arête S aérienne perdue dans la brume.

Le givre qui prolonge cette grande croix qui domine l'abbaye, elle-aussi perdue dans la brume.

Après avoir bien mangé, c'est rapidement l'heure du départ, car on se refroidit vite! La descente fut concentrée, sans grande difficulté. Il s'agit ensuite de remonter vers le col de Léchaud, direction le petit frère du Grand Som.

On voit encore sous la neige des traces pastorales.



On peut maintenant savourer la vue de ce col. Notamment sur la puissante forteresse du Granier (gauche) et les barres-contreforts du Grand Som, au-dessus du vallon et de la zone de silence du monastère.

Voici les pentes débonnaires du Petit Som, enfin débonnaires....de ce côté-ci!!


L'ascension fut une pichenette. Toujours un givre étonnant sur la Croix et un peu de vent.


La vue sur la Région de Chambé et au NE le Mont Blanc fut en partie dégagée, dessinant de grandes lignes dans la brume.



Sur cette photo, une partie de la rando effectuée et puis au fond la splendide chaine cristalline de Belledonne.

Il s'agit maintenant de descendre du Petit Som vers le Col de la Ruchère. Pour ça il faut emprunter un étroit couloir qui fait penser à la Balme à Collomb dans le Granier. Heureusement le couloir n'est pas trop gavé de neige, néanmoins il demande un pied sur.


On y trouve notamment un joli gendarme bien vertical.


Nous voilà au pied des barres urgoniennes, dans les pentes herbeuses et argileuses dominant le Col de la Ruchère, toujours au-dessus des brumes, s'étirant dans l'horizon lyonnais.


Les contreforts du Grand Som, où la quintessence de la Chartreuse : forêt, raideur, roches fracturés, brume et froid!


Le Grand Som, finalement plus enneigé qu'on ne l'aurait cru en partant, pour notre plaisir.


Du Col de la Ruchère, un instant de grace vaporeuse sur le Chamechaude, quel pic élégant.
La descente dans la forêt vers le point de départ fut paisible et agréable, ponctuée de quelques belles lumières de coucher de soleil.


Au parking, Roger et Jérome nous ont accueilli, très sympa!!

Merci à Patrick et Joce pour l'ambiance si sympa, et quel bon souvenir en attendant de sortir les skis, ce qui ne saurait tarder, espérons-le!

Texte et photos Nico Strider,