samedi 18 avril 2009

La Meije Orientale, ou comment vivre l'enfer au paradis...

La Meije. Que d'histoires entendues, que de légendes, que de ouï-dires sur l'extraordinaire beauté de cette montagne...! Vous en jugerez par vous-même, mais je n'ai pas été déçu. Mais pas du tout...!!!

A l'origine, il était question que je rejoigne avec Patrick un groupe d'amis faisant le Tour de la Meije au refuge de l'Aigle. Dans ce groupe, la très fameuse Rozenn que tout camptocampiste connait pour ses récits extraordinaires et le non moins fameux chéri-chéri immortalisé au cours des récits de madame. En fait, il se trouve qu'Agnès, l'une des personnes de ce groupe va se joindre à nous car elle a dû faire demi-tour au début du raid. C'est ainsi avec plaisir que nous sommes donc trois a endurer cette "bavante" qu'est la montée au refuge de l'Aigle. En fait, nous le saurons plus tard après quelques conversations avec des skieurs descendant l'itinéraire, le mauvais temps a contraint les autres à ne pas effectuer leur raid comme prévu. C'est bien dommage, mais la montagne est le domaine de l'incertitude, c'est elle qui dicte sa loi...

Inquiets de la pénitence qui nous attend au cours de ces 1850 mètres de dénivelé qui nous conduisent au refuge situé à 3450m d'altitude, nous attaquons néanmoins dans la bonne humeur la montée par le glacier du Tabuchet que l'on voit ci-dessous, complètement en rive droite.

Une petite demi-heure de portage en forêt, puis nous chaussons les skis.


Très rapidement, nous arrivons dans ce qui sera notre programme, des pentes toujours soutenues entre 30 et 40°. En bas, c'est plutôt un magnifique toboggan de 300m à 40°, et il est bien gelé. Deux options : mettre les crampons ou monter à skis en serrant les fesses...! Agnès opte très rapidement pour la première alors que les mâles attendent encore un peu. Seulement, il se trouve que si c'est béton à ski et qu'il ne faut absolument pas s'en mettre une, à pied le poids plume qu'est Agnès passe à travers la croûte de regel, elle s'enfonce beaucoup. Alors nous, imaginez, ce n'est pas la peine, on garde nos skis, tant pis...! En fait il n'y a pas de bonne solution, faut juste passer, c'est tout.


Beaucoup (trop) de forces sont lâchées dans ces premiers 600 mètres de dénivelé quelle que soit la solution retenue, entre l'effort physique et la tension nerveuse inhérente. Mais déjà, l'ambiance est là !


Tout le monde s'en sort et nous arrivons sur le glacier du Tabuchet. Belle bête dira-t-on...

Agnès progresse toujours rapidement en crampons, les conditions sont bien meilleures pour elle désormais. Rapidement, elle va remettre ses skis, pour le confort et la sécurité, on arrive sur glacier et la portance n'est jamais à négliger. L'itinéraire est évident, la bande de neige contre les rochers pour éviter au maximum crevasses et séracs.

Cette pente là, je crois qu'elle s'appelle "côte longue". Un nom bien choisi, car ça ne paraît pas mais là-haut, tout là-haut sur le plat, on sera quelques 1000 mètres plus haut rien que ça. D'ailleurs, pour ceux qui ne maîtrisent pas encore parfaitement l'exercice de la conversion claquée, avec une petite centaine probablement au total, le terrain d'entraînement est assez approprié !!!

Doucement mais sûrement, nous montons vers le paradis. Pas que nous soyons des gens parfait, houlà là, loin de moi cette idée...! Non, le paradis sur Terre. C'est super beau, j'oserais même dire idyllique. Voilà qui compense la fatigue et la difficulté de cette montée (faut bien ça !!!).

Là, on dirait vraiment que Patrick est dans un autre monde ! Et je ne parle pas d'état second, rôh, faut pas être mauvaise langue hein...

La reine Meije se dévoile progressivement, tant mieux, car quand on n'a plus de jambe, c'est la tête qui prend le relais. C'est qu'on en chie, je ne vais pas mentir ! Personnellement, je suis cuit à point, comme un bon steack ma fois...

Nous arrivons sur le plateau qui conduit au refuge. C'est plus cool, la pente est moins raide. Les jambes sont lourdes après 1600 mètres de dénivelé évidemment et le soleil cogne. Pour peu, je ferais bien une sieste après avoir déposé quelques saucisses sur un barbecue, là, ici même, oui oui oui...!!! Mais bon, le poids est l'ennemi du randonneur, alors ce sera pour une autre occasion ! Sachez-le, quand vous voyez les Aiguilles apparaître sur votre gauche, c'est que ça sent bon l'écurie... et le pas arrête de ralentir. On ne peut pas accélérer mais la proximité du but permet l'arrivée du 13 ème souffle !


Voilà, nous y sommes enfin ! L'Aigle, un vieux rêve de gosse, je ne suis pas déçu. On se pose, on sirote un coup, on se fait dorer la pilule et tout va bien ma fois...

La vue est somptueuse, notamment sur les Aiguilles d'Arves derrière nous (photo du bas).



La cabane au fond du jardin, pour ne pas parodier Cabrel, et le refuge dont personne ne sait trop ce qui va lui arriver. Enfin si, on le sait, mais pas la date. Y a plus de sous madame la Marquise, alors laissez-nous nos quatre planches et tout ira pour le mieux, personne ne demande rien d'autre enfin...!!!


Malheureusement, le rêve va se transformer en cauchemard. Un premier coup de fil, ça sent mauvais, très mauvais. Un second après le repas, et nos derniers espoirs sont anéantis. Nous apprenons là-haut, dans ce paradis montagnard, le décès de Sofie, emportée par une avalanche dans la région du Viso. Nous sommes abasourdis. Pourquoi elle ? Pourquoi si jeune ? Comment c'est possible ? C'est un cauchemard, on va se réveiller ! Non, malheureusement, Sofie fut emportée par sa passion, notre passion. Le ciel s'assombrit.


La décision est prise unilatéralement (j'assume, désolé Patrick) de redescendre dès le lendemain matin aux voitures sans aller au sommet. Grimper là-haut n'a plus de sens, l'envie n'est plus là, il y a des priorités. C'est une partie de nous qui s'en est allée, un grand rayon de soleil, une joie de vivre tellement intense que simplement l'aperçevoir rendait heureux. Sofie est partie bien trop tôt, comme d'autres. Il n'y a pas de justice, mais la règle du jeu est écrite dès le début et là il n'y a pas de possibilité de tricher avec le destin. Ce que nous aimons tous en montagne, c'est la liberté que l'on y retrouve, liberté de choisir ses contraintes soi-même. Là-haut nous sommes tous égaux, dame nature ne sait pas reconnaître ses plus fervents amoureux. Hommage soit rendu à Sofie. Je n'ai rentré cette sortie que pour toi, mais le coeur n'y était pas tu sais...

La montagne ne bougera pas, nous reviendrons, ou peut-être pas d'ailleurs, je n'en sais rien. Une dernière photo de la Meije Orientale de bon matin et nous descendons.


Pour ne pas déroger à ma règle et parce que je le pense évidemment encore, je souligne une fois de plus que la montagne est belle, voire même sublime. Mais elle est parfois cruelle. Pourquoi ? Une question de plus sans réponse. On a vécu l'enfer au paradis, fait chier. Pas toi Sofie évidemment, mais ce putain de destin qui frappe aveuglément, comme un con, de manière irrationnelle. Ciao Sofie, tu es au pays des anges au milieu des étoiles, mais on pensera toujours bien à toi et on t'embrasse très fort...

lundi 13 avril 2009

De la Cheminée de Cornaves au Tuc de Pourtillou, belle boucle aérienne

Pyrénées : Ariège -Haut Couserans -Vallée D'Orle :

Couloir de la Cheminée de Cornaves au Tuc de Pourtillou par les arètes et de belles Corniches .
(une rencontre avec l'équipe de Respyr et aussi un sympathique montagnol ariégeois ).

Et voilà c'est mon petit retour sur les Chamoisards...coucou à tous...il flotte j'en profite de vous faire la sortie du weekend dernier .
Belle sortie ou la vieille bande de copain c'est presque reconstitué, il manque juste Régis et Patrick L. .
Peut être une autre fois ? Mais Antoine , Pierre , Jean Pierre et Pastriste eux sont bien là.

Vu les fortes chutes de neige et le temps fort doux , seule la cheminée de Cornaves attaquant à 1575 m et débouchant au port de Cornaves 2349 m nous semble raisonnable car au dessus c'est bien chargée. Du Port il nous faudra prendre l'arête sud assez corniché pour rejoindre le sommet du Tuc de Pourtillou 2427 m. Puis suivre en descente l'arête nord bien plus large jusqu'au Port de Clot de Lac 1821 m ou passe le GR 10.





levé de soleil sur la vallée d'Orle que nous venons de traverser de nuit à la frontale, cheminant sur de nombreuses coulées d'avalanches titanesques. C'est des avalanches bulldozer printanière avec des multitudes de bloc mêlant terre et neige....pas besoin d'arva un avalanche de ce type tue de suite en broyant sa victime...aucune chance d'en réchapper...uuuh heureusement que nous sommes de nuit , le regel est presque inexistant .
Dommage pour les photos mais il faisait trop sombre encore.
Nous voyons une frontale solitaire loin au dessus de nous....c'est un ariégeois que nous suivrons dans le couloir il nous attendras à la sortie pour faire connaissance.


début du couloir. La neige récente à recouvert les coulées.



Par contre plus haut c'est un drôle de champ fait de grosses boules dures et compactes qu'il faut grimper...


Antoine perdra sont piolet sur le porte matériel de son sac Grivel et devra descendre 150 m pour le retrouver ...sécher il nous rejoindra bien plus tard à la sortie.


Derrière nous la Face Nord du Cingle (AD+) nous rappelle bien des souvenirs .
c'était en 2006 avec le guide Bernard Milian...sacré course , belle sensation, cadre splendide.




voilà la sortie au Port de Cornaves 2349 m avec votre serviteur Pastriste.



Bon à Gauche le Pic des Cingles 2582 m et sa Face Nord et le pic à droite le Mail de Bulard 2750 m avec ses redoutables couloirs mixtes. (D)



vues panoramiques depuis la sortie du couloir..la première sur le Cingles et le Bulard et au fond la Calabasse. Et vers l'Est c'est le massif du Mont Valier avec celui de Pomebrunet


La surprise du jour , venant du Tuc du Pourtillou ou ils ont bivouaqué , l'équipe du Magazine Respyr ( bien connu des Pyrénéens ) vient sur nous.
Elle est menée par Laurent Lafforgue.
Petite conversation avec Laurent Lafforgue puis ses partenaires Pascal Hottiaux et Cyril le jeunot du groupe...et je remarque que sont partenaire Pascal Hottiaux à des mini raquettes souples accroché à ses crampons Cassin...il dit que c'est pratique vu les conditions de fort enneigement...et elles se tordes et relève de l'avant pour cramponner en pointe..
Il chausse des Jorasses de Scarpa très reconnaissable par leur look unique.
Par contre j'ai oublié de lui demander si il n'avait pas des problèmes avec les snowplattes de Cassin.
J'ai divorcé d'avec les C12 en partie à cause de cela , en plus d'une trop grande largeur pour le bloc semelle arrière de mes Népal Trek Evo.
Julien l'ariégeois est là , c'est lui qui était devant nous dans la nuit avec sa frontale il était en avance car il à dormi à la cabane de la Hounta ...qui est proche du couloir mais spartiate et avec trois places.



L'équipe à Lafforgue de Respyr nous laisse ils veulent monté au Barlonguère.., nous les voyons contourner le Cornaves et sont arête Sud Est à flanc.
En fait ils sont monté par l'arête Nord/Nord-Est jusqu'au Barlonguère qu'ils ont réussi.
Info supplémentaire envoyé par mail par Laurent Lafforgue.


Le pic du Port d'Orle 2618 m et à droit le Port d'Orle 2318 m donnant en val d'Aran Catalan.


Nous suivons la trace de l'équipe de Respyr sur la corniche sud qui vas au sommet du Tuc de Pourtillou. C'est plutôt aérien et parfois nous savons plus trop si nous sommes sur l'arête ou sur une corniche.....le manche du piolet rencontrant parfois du vide.....gulps....toux nerveuse.



plusieurs pointes sont à passé, certaines très acrobatiques, car les corniches compliques la chose.

une belle corniche que voila...joli sensation ...le pic de Cornaves au fond 2756 m et puis plus haut et plus loin à droite le Barlonguère 2802 m ont une belle allure.

la suite est plus large et tout aussi esthétique.




vue est ; pomebrunet puis le Mont Valier 2838m et le col Faustin ou arrive le couloir Est du même nom.

zoom sur le Mont Valier et le col Faustin


Bivouac de Respyr en vue.

Voilà leur bivouac




Le Tuc de Pourtillou 2427 m et sont versant nord que nous avons descendu.

le long cheminement en hauteur continu vers le col du Clot du Lac.
La mer de nuage nous enserre et il fait un moins net sur les sommets.







la vue est vertigineuse car nous restons longtemps à 2000 m.
derrière le Pic d'Orle , le Pic des cingles.






Important la pause avec les pattes de coing maison de la maman à Pierre Caussé.
Un délice chaque fois....il est rien resté....miam !




vue sur la mer de nuage au font c'est sommet de la Calabasse ou nous avons planté la tente
en novembre 2008 lors des premières neiges de l'hiver avec Gilles...superbe sortie.



voila le port du clot du Lac , nous voyons la cabane qui est à coté du GR 10.



Pauvre cabane ,elle à perdu sont toit...heureusement Julien l'ariégeois nous à dit
que toute les cabanes allaient être restauré dans le cadre du nouveau parc régional...
Voila une bonne nouvelle ...je pense à la cabane du Port d'Aula qui à un gros trou dans le toit.



c'est la descente, nous voyons un peu ou nous sommes passé de nuit dans le vallon.
De belles coulée se font faite entendre lors de nôtre retour ....brrrr...


Et voilà nous sommes en bas de retour sur le sentier ,il y a plus qu'a rejoindre les voitures, j'ai un genoux en compote suite à un mauvais écart en raquette sur la neige pourri.
Nous les avons mises juste une heure en fin de journée...sur une course commencé à 5 h du matin.
C'est fini, j'espère que cette sortie Pyrénéenne vous à plus autant qu'a nous.

crédit photos : Patrick Entraygues (Pastriste )

Dernière nouvelle , Laurent Lafforgue est un lecteur des Chamoisards , après avoir vu mon petit sujet , il vient de m'envoyé un mail avec deux des photos de Pascal Hottieux de cette journée sympathique.
C'est vraiment super les rapprochements du net , il était aussi frustré que moi de ne pas avoir échangé plus ensemble :-)

Donc par amitié pour les Chamoisards dont ils apprécient le blog et pour nous faire plaisir voici deux photos faite par Pascal Hottiaux photographe de l'agence Regard d'isard.

Première photo....la fameuse corniche sur l'arête sud du Pourtillou...vu par la cordée de Respyr avant nôtre passage .


Seconde photo la monté sur l'éperon Nord/Nord Est du Cornaves afin de rejoindre le sommet du Barlonguère que l'on voit en fond ...très himalayen comme impression , pas mal pour un 2800 Pyrénéen.



Merci à eux pour ce petit geste sympathique.