dimanche 29 avril 2007

Pertuis et Grandes Lanches : un retour à l'alpi dans Belledonne

Voilà le couloir du Col du Pertuis, le premier objectif de cette sortie, la première de l'année en technique alpinisme.

Il est 5h, il fait encore nuit tandis que nous partons, Visse et moi, pour le massif de Belledonne et le hameau du Gleysin.
Je suis en plein changement de chaussures de ski de rando et Visse n'a pas eu le temps de louer du matos de ski de rando. Faut dire que ça a bien foudu en bas. Alors aujourd'hui on ressort les crampons, le piolet, le casque, le baudard et la corde ;-)

50min plus tard, nous voilà arrivé à ce tranquille hameau belledonnien, dans un site très bien préservé. C'est parti pour une montée à la frontale. Le jour se lève alors que nous voyons Chambéry et sa cluse sortir d'une légère brume.

Nous sommes arrivés dans le cône de déjection au pied du couloir. Nous passons quelques vernes en train de verdir, puis nous affrontons quelques blocs instables de granit pour arriver à trouver la grande langue de névés qui débouche du couloir. C'est une neige de vieilles coulées successives.

Nous nous équipons très scolairement avec une grosse motivation. Et enfin ça y est les crampons mordent et c'est parti pour un couloir de 600m qui sera moins raide que prévu, 30° en moyenne, accès non compris (peu raide).
L'ambiance est austère, le couloir reste assez large mais encaissé dans des parois granitiques entaillées de couloirs sinueux et déjà bien déneigés. Quelques chamois se balladent dans des terrains bien escarpés.

La progression reste très agréable. Nous sommes en train de mettre à jour notre cramponnage latéral, ce sera la technique de progression de la journée, toute la montée, pour dire!

Visse au milieu du couloir, en pleine forme.


Et voilà la sortie du couloir, le col du Pertuis apparait au fond, entre des petits clochetons de granit. Il semble y avoir beaucoup de lumière là-haut.


Vue fuyante du couloir, on a quand même déjà dénivelée 1200m et on s'en rend pas compte tant c'est efficace.


Nous voilà au col, inondé de lumière.C'était le but initial mais à la vue de ce splendide cirque du Merlet, nous décidons d'aller explorer la pente NE des Grandes Lanches. Peut être il y a-t-il moyen d'accéder au sommet?

La pente n'est pas encore trop chauffée et s'avère assez bien purgée. La montée y très belle. La neige reste ramolli en surface et finalement près des rochers, la couche de neige s'avère très modeste!!

Voilà que nous trouvons un couloir d'accès à la crête sommitale des Grandes Lanches, perchées à presque 2600m.

Nous sommes vraiment dans une ambiance d'alpi, avec cette progression de cordée, ce cramponnage latéral élégant et rythmé, que du bonheur!


Pas vrai, Visse?

La remontée du couloir fut assez sympa, 45° sur la fin de quoi pimenter un peu la course.

Et nous voilà sur la crête sommitale! Les Grandes Lanches, c'est un "sommet à la con" comme disait mon guide de stage, c'ets comme le Rateau ou les Droites, c'est une crête avec plusieurs points culminants mal individualisés!

La vue est un brin aérienne et somptueuse. Comme c'est le début de saison "estivale" et le haut est encore bien platré ça fait encore bien haute montagne! Au fond le Grand Morétan.


Il y a vent frai, je protège mes oreilles ;-)

Voilà le haut de ce joli couloir.


Visse avant d'entamer la descente!


Le petit sommet ou nous sommes restés un peu.


Et voilà la descente, un peu en reculon au début du fait du décaillement de la neige, empechant un bon face à la pente classique.


Voilà tout le vallon du Merlet, Pic du Frêne au fond.

Nous partons en face pour la traversée vers le cirque du Vay. Nous voyons la facette NE des Grandes Lanches que nous avons parcourus.
Dans une zone de neige molle je trouve le moyen de coincer ma jambe profondément et voilà que j'ai réactivé ma douleur au molet acquise en vélo en 1 seconde! De quoi enrager ;-)

Et voilà que nous trouvons un bon petit collu d'accès au cirque du Vay. Une petite descente un peu raide au début puis assez agréable et nous voilà dans le cirque pour le repas du midi!!

Et voilà le cirque dans ses moraines de granit, avec le petit refuge au milieu.


Pause tranquille devant le chalet.
C'est parti pour la descente panoramique par l'Aulp Bernard...Ca fait une bonne trotte, presque une bambée!


Les couloirs à avalanches du secteur!! A y aller quand c'est sec, sinon ça craint!!


Panoramique, ce sentier ?!


Et voilà le site très bucolique de l'Aulp Bernard. Que du bonheur ;-)



Et nous voilà en bas, dans la verdure printanière, content d'avoir fait une si belle sortie! Merci à Visse pour sa gentilesse et sa motivation!!

par Nico Strider(txt et images),

samedi 21 avril 2007

Du côté de chez Swan


Un périple raconté par Hydra
Crédits photos : Pastriste
Les acteurs : Pastriste, Gilles, Rapha et Hydra


LES PREPARATIFS :

Le Week End du 14 avril arrive enfin !

Une partie de l'équipe des isards est sur le pied de guerre (suite à la déconfiture survenue le WE précédent) afin de débuter la saison d'alpinisme : objectif le couloir SWAN à Gavarnie !


Pastriste doit passer chercher Gilles dans le Gers, et je dois personnellement récupérer un renfort de dernière minute : Rapha, un mauriennais compagnon de Strider...qui vit sur Pau depuis quelques temps.

Toute l'équipe est impatiente et les prévisions météo sont très bonnes de surcroit, ce jeudi, 3 jours avant la course.

LA MONTEE AU REFUGE :

Samedi matin, le ton change....et pour cause !

Tout d'abord le ciel est bien bouché dans le béarn, le plafond nuageux gris est très bas, et le ciel vomit des gouttes sans discontinuer. Mais bon, c'était plus ou moins prévu.

Sur la route de Lourdes Pastriste me contacte désappointé sur mon GSM : "on vient d'avoir Météo France, c'est pas bon pour dimanche, qu'est ce qu'on fait ?"

Je propose de continuer et d'aller au moins au refuges des Espuguettes, comme prévu, parce que désormais nous sommes trop engagés pour faire demi-tour.

D'ailleurs, Rapha à côté dort comme un loir, apparemment, il a mal dormit la nuit dernière, une indigestion provoquée par des huitres ingurgitées la veille d'après lui....

Pas loin de Pierrefites, c'est le drame : Rapha sort de sa torpeur et demande qu'on s'arrête d'urgence afin de vomir ce qui lui restait dans l'estomac....

Je commence à comprendre que ce WE est mal parti et que Rapha ne pourra que difficilement gravir le Swan dans cet état .

Nous arrivons à Gavarnie, un peu en retard, et retrouvons Gilles et Pastriste en train de se préparer. Le ciel moins chargé et le contact de mes compagons me redonnent le moral.





Pastriste propose qu'on garde comme solution de secours de gravir le Piméné, au cas ou le couloir Swan ne soit pas en état.

C'est enfin le départ ! Nos sacs sont bien lourds, encombrés des raquettes, duvet, et de la bouffe pour 4 repas...Rapha qui ne demandait pourtant rien, hérite d'un brin de corde....c'était ça ou le réchaud + la quincaillerie.

La montée commence tranquillement, et la chaleur du moment nous impose une halte technique pour nous découvrir. La vraie question qui nous turlupine est de savoir si nous allons avoir de la place dans le refuge. D'après le gardien, il y a seulement une douzainne de couchettes. Nous sommes déjà 4 et Pastriste a vu partir une demi heure avant nous un groupe de 6 personnes en direction du refuge.

Nous ne tardons pas d'ailleurs a rattrappé ce groupe. Nous profitons d'une pause pour discuter avec eux et mangé un petit peu, en attendant Rapha. Ce dernier, malheureusement, ne va pas mieux et a vomit de nouveau. Il nous offre en spectacle un visage d'une blancheur fantomatique.

Nous repartons enfin, mais il faut désormais chausser les raquettes. Le refuge ne devrait pas être trop loin, mais le problême, c'est qu'on ne le voit pas dans les nuages.


La neige porte mal et colle terriblement. Notre rythme d'ascencion, respectable jusque là, ralentit énormément. La pente se redresse et même en suivant de vieilles traces, cette neige transforme la montée en véritable calvaire.

Une éclaircie nous laisse enfin entrevoir le refuge....il reste 100 m de dénivellés, mais dieu, qu'ils seront longs !


Arrivés au refuge, nous découvrons sa partie hiver. Nous sommes les premiers et installons nos sacs sur les couchettes. Le confort est relatif, un coin de table, rien pour s'assoir, mais c'est déjà beaucoup mieux que la tente !

A l'arrivée de Rapha, il est clair qu'il ne pourra rien envisager pour le lendemain. Il a puisé au plus profond de ses forces pour arriver jusqu'ici, et n'a plus rien dans le ventre.

De toute façon, nous avons le temps, il est à peine 14 Heures ! L'autre groupe semble prendre la direction de la cabane de Pailla, ce qui nous soulage dans un premier temps mais nous laisse à penser que nous avons peut être forcé pour rien finalement...

UN FESTIVAL D'AVALANCHES :

Nous profitons d'un rocher sympathique pour observer l'environnement quand le ciel le permet.
Le Swan est en face de nous, la roche rouge de Pailla à notre gauche, quand tout d'un coup un bruit sourd réveille notre attention : une avalanche ! Mais où ? Elle se déroule dans les nuages, nous ne voyons rien....mais pas pour longtemps ! Une autre et encore une autre se déclenchent successivement : un vrai festival !

D'où nous sommes, nous ne craigons rien, mais le spectacle vaut le détour, en une après midi nous allons voir plus d'avalanches que certains alpinistes durant toute leur vie !





Toutes les pentes un peu raides se purgent : dans le bas du couloir Swan, le long de la marche d'approche, dans le raidillon de la Hourquette (col) d'Allans (chemin du retour).....notre projet du lendemain déjà compromis, du fait du temps et de la forme globale de l'équipe, devient quasiment irréalisable.

Devant le fatalisme ambiant, Pastriste joue son joker : il sort de son sac très chargé, qu'il a eu bien du mal a fermé, une poche plastique blanche bien mystérieuse à cette altitude, de laquelle émerge des tas de cartes du Népal pour faire passer le temps mais aussi le programme et les affiches de Marie George, ainsi que le dernier numéro de l'Huma.....je ris intérieurement en pensant à ce que dirait Alban s'il était là....








Notre après midi se poursuivra tranquillement, au rythme des coulées, un temps inquétiés par un groupe de 12 personnes en raquettes montant au refuge, nous constaterons bien vite qu'ils ne font que passer.




Il est 18 heures, l'heure de victuailler et de faire siffler les réchauds, ce qui a le mérite de redonner le moral à tout le monde. Le ciel s'éclaircit par endroit et nous offre des paysages fantasmagoriques irréels. Plus bas au loin, un couple de skieur se dirige à coup sûr vers le refuge, comme nous, ils en baverons dans les dernières pentes terminales. C'est un père et son fils qui visent le Piméné pour le dimanche.





LE DIMANCHE :

Après une longue nuit bien réparatrice (ou bizarrement Rapha aura des tas de couchettes rien que pour lui...), en mettant le nez dehors, nous constatons que le ciel est encore chargé, et que le regel n'a été que superficiel. Personne n'est vraiment motivé pour aller au Piméné. Je propose de faire un petit tour en raquettes, sans les sacs, en suivant les traces du groupe de 12 personnes montées la veille, jusqu'a une petite bute 200 m plus haut.



Tout le monde est partant, et la discussion dévie fatalement sur J2 lorsque nous attaquons une petite pente raide à 45°......ah C2C !!!




Quelques clics au sommet mais le ciel est toujours menaçant, et nous redescendons au refuge dare dare. Nous chargeons nos sacs, fermons le refuge et recevons des gouttes. C'est sûr il pleut ! Et nous sommes bien contents ne pas être allés au Piméné.



La redescente permet de tester de nouvelles techniques, plus proches de la luge que de l'alpinisme. L'arrêt de la pluie exige de nous décourvrir juste avant l'entrée dans la forêt.




En sortant des bois, les nuages se déchirent et nous laissent contempler le cirque de Gavarnie immaculé de neige, puis l'intégralité du Swan se découvre....pause photos obligatoire.




La descente se passe bien, Rapha va drolement mieux et retrouve du peps. Tout le monde est heureux à Luz St Sauveur autour d'une petite mousse bien méritée, attablés à la terrasse sur-ensoleillée d'un bar incontournable pour les alpinistes du secteur.





A la prochaine fois !!

Dans les entrailles granitiques de la Lauzière

Et voilà que le soleil se lève et irradie l'envers de la chaine granitique de la Lauzière, le "Belledonne" savoyard qui a la particularité d'être plus large dans ses combes mais plus acérés dans ses crêtes...Cette recette sucré/salé est la recette de cette chaine admirable et grandiose.
Equilibre des proportions, suffisamment d'espace pour admirer des aiguilles suffisamment acérées pour exprimer l'audace et la puissance.

C'est ainsi que Visse et moi sommes partis pour le grand pic de la Lauzière, très classiquement par la combe de la Valette, afin d'inaugurer le Week End du C2CG2G !

Pour moi je dois être raisonnable dans mon effort souffrant de micros-déchirures au mollet gauche, elles ne permettent que le skirando, pas même la marche à pied, encore moins le vélo d'où elles viennent apparemment.

Pour Visse c'est un retour à la montagne depuis le Grand Rocher et quel retour! Que du bonheur.

Après des déchaussages sur la route et un peu de portage en bas, des conditions de printemps très avancées (presque un parfum de début d'été) c'est parti pour la montée à ski sur les larges pentes de neige avec une allure séreine et une lumière superbe.


La cadre commence à devenir très prometteur. Cette vue est au grand angle, le but est de montrer l'espace mais en réalité les reliefs derrière sont moins écrasés.


La vue en face devient très bleue et on semble sortir d'un voile perché à 2400m.


Nous sommes rejoints par des gars très sympas de Pont de Beauvoisin. Ici c'est la partie de la combe où le décor granitique devient superbe.
Visse est étonné de la "classe" de ce relief très racé.

La half dome version Lauzière!!


Et voilà la combe vue d'en haut, avant de tourner sur le glacier du Celliers. Au fond au-dessus de la brume c'est la Vanoise.


Les clochetons de la Balme, fiers, audacieux.


Cet avant-sommet, contrefort du grand pic semble une version en réduction des piliers du Tacul. A cet endroit la montée fut plus fatiguante, car très exposée aux radiations du soleil. Ca transformait déjà!



Nous arrivons au niveau du glacier. Voilà le devers impressionnant de ce contrefort nord du Grand Pic.

Et voilà le glacier du Celliers, avec le Grand Pic et sa montée finale assez alpine.

L'aiguille de la Balme, probablement le sommet le plus élancé de la Lauzière.


Visse est heureux comme un gosse!!


La vue devient mystérieuse et grandiose.Glaciers de la Vanoise au fond.

Gros plan sur les entrailles des granits de la Lauzière. Fissurés, complexes.

Le Mont Blanc, au fond, un peu laminé par ce grand angle nécessaire pour avoir entièrement le contrefort à droite!!

Et voilà la selle ou sont nos amis de Pont de Beauvoisin et où on va s'arrêter aussi. En effet mon mollet ne me permet pas de progresser sans risque de complications à pied dans du raide, et Visse n'a pas encore de godasse de rando à proprement dit.


Visse est sur la selle devant les étendues glaciaires et le reste de la chaine de la Lauzière.

Après une pause agréable c'est parti pour une descente qui fut un pur bonheur. On a avalé les 1000m de neige en 10min à peine.

Visse dans une neige transfo de rêve, que de la godille!! C'était vraiment du beau ski!


Et voilà la partie basse de la Combe...Quoi? On est déjà si bas??!!

texte et photos Nico Strider,