mercredi 27 août 2008

Ambiance pré-automnale au Grand Charnier

Le "M" massif et ramifié du Grand Charnier, avec cette touche de grâce d'un saupoudrage nivéen bien jeune...

Après un vendredi bien frai et bien pluvieux où la neige fut annoncée dès 2200m, nulle doute que la haute montagne n'allait pas être en condition ce WE : neige sans cohésion, petites avalanches sur les pentes raides de neige, humidité et verglas, et surtout neige qui masquent les crevasses et empêche une bonne lecture du terrain.

Après de nombreuses tergiversations, Patrick et moi décidons de faire cette rando et elle va s'avérer idéale étant donné les conditions...

Le départ se fait au super Collet d'Allevard, ce n'est pas bien loin de Chambéry à vol d'oiseau. Nous évitons les remontées au mieux en rejoignant vite le sentier de la crête de l'Evêque, puis un bon sentier à flanc de versant, vers le refuge de la Pierre du Carre :

L'ambiance est un peu cotonneuse sur les préalpes...Nous laissons le refuge en-dessous à droite et nous montons vers le Col de Claran, en une large pente très panoramique :


En face de nous, l'ensemble d'Allevard, Morétan, Puy Gris, Oule, Comberousse, tant d'appellations devenues mythiques de la chaine Belledonnienne. L'ensemble est temporairement saupoudré juste pour la grace des yeux.

Derrière nous, semblable en tous points à la montagne d'Arvillard, la crête des Plagnes :


En face, les Grands Moulins, touchés de la grâce nivéenne, se donne des allures de volcan andin par delà les mers de brumes :


Nous dominons le Grésivaudan perdu dans un labyrinthe de cellules brumeuses. "Nous dominons les nuages!" s'exclament des mômes d'une colonie de vacances en passage :


Nous contournons le Petit Charnier par la droite, dans de vagues pentes siliceuses assez myrtillées et toujours encore généreusement fleuries (centaurée) :


Le Grand Morétan, sommet chamoisard cru 2008, grandiose :


On apercoit au télé l'ensemble harmonieux Puy-Gris/Comberousse, avec cette face NW visité en juin dernier. Plus loin (à droite), les clochetons granitiques de la Lauzière, écrin cristallo-nivéen, domine les crêtes trappues entre les Grands Moulins et le Grand Miceau :


Nous laissons derrière nous la verdeur profonde du Petit Miceau, qui donne un air de sommités Guadeloupéenne :


La pente s'accentue progressivement pour vite coller à une arête de blocs granitiques :


Nous entrons dans le monde minéral, ce que le Mont Blanc va bien conforter :

Il faut sortir les mains dans cette très jolie zone un peu redressée, rappelant légèrement l'arête N des Grands Moulins :


Nous arrivons progressivement au front de la neige, déjà assez transfo, mais dans une ambiance restant fraîche notamment à cause du vent. La quantité est faible, mais on s'imagine presque avec les 2 planches aux pieds !


Nous arrivons sur un plateau à partir duquel se dessine la crête sommitale, granitique, peu prononcée :


Quelques fleurs s'extirpant du désert nivéen :


Voilà vu d'en haut les couloirs de la grande face SW du Grand Charnier, profonds, austères, fascinants :


La crête se remonte avec une tranquilité déconcertante :


A gauche, le "piton" du Grand Charnier, le sommet étant mal homogène sur cette montagne aux allures "volcaniques" :


Et voilà le sommet, s'il n'en est pas archétypal, celui-là :


La vue est très large et intéressante sur Belledonne grace à un certain recul. A gauche, on voit le Pic du Frêne et son ensemble...et à droite, Puy Gris et Comberousse :


Cette neige accentue la puissance minérale de ces reliefs assez rudes en été...


Derrière les crêtes belledonniennes, on aperçoit les Aiguilles d'Arves, les Ecrins et le glacier de la Girose :


Pris au télé, le superbe piton granitique du Grand Charnier avec la Grande Casse au fond :


Le Grand Morétan domine l'antécime Est :


La lumière se fait plus tamisée et douce sur les hauteurs mais le froid reste sensible :


Le temps d'un bon petit picnic pour profiter de cette grâce de la neige en aout, quel bonheur.

A la descente, nous décidons de passer par le Petit Charnier dont la crête a l'air sympa, perdu dans les myrtilles, pour un retour assez brutal à l'été, pourtant juste 400m en-dessous!


En face, se découvrant dans toute sa géométrique, la splendide face SW du Grand Miceau, jolie relevée comme un gâteau d'une nappe de sucre glacé :


Cette petite arête un peu fine comporte quelque léger pas d'escalade facile, de quoi pimenter le parcours de quelques cheminements esthétique.



Puis elle devient bucolique au sommet, dans les pétasites, graminées et myrtilles en contrebas. Devant nous la vaste ouverture de la cluse de Chambéry :



En face, le Grand Charnier, à la trace bien visible, conserve une allure bien volcanique :


Neige éphémère...mais faisant écho à l'éternité par l'image...

Le Morétan resplendit toujours de plus belle, avec son M caractéristique (M comme Morétan, vous avez compris maintenant):


A la descente c'est un véritable jardin de myrtilles qui s'offre à nous : remplacez-les par les théiers, rajoute encore un peu de brume et nous voilà à darjeeling :


Merci à Patrick pour cette super idée!

Texte et photos Nico Strider

mardi 26 août 2008

Périple à l'Aiguille du Tour (3 544m)

Textes : Hydra

Photos : Hydra

Participants : Karine, Cyril, Laurent et Hydra



Après avoir parcouru le sud ouest du massif avec Jo et Annapurna, il nous restait à découvrir le nord de la chaine. Strider n'ayant pas pu se libérer ce Week End, nous décidons de partir pour la pointe du Tour. Ce sera la deuxième course de Laurent, qui a fait avec nous la Pointe de la Réchasse en Vanoise, l'an passé.




La montée dans les patûrages du col de Balme est agréable visuellement parlant, en dehors des horribles remontées mécaniques, car le Mont Blanc nous en met encore plein les yeux...



Puis au détour du chemin, le Chardonnet s'impose comme le véritable maitre des lieux, surplombant gracieusement les séracs du glacier du Tour.



Le glacier du Tour, aux teintes irisées de rose pastel, semble bien calme, au pied du puissant Chardonnet. Par contre, son ampleur, rend toute approche sur le Chardonnet assez longue...ce n'est pas encore pour demain l'arête Forbes !




La Verte et ses séracs suspendus pointent aussi leur bout de museau et donnent un caractère spectaculaire au paysage.





Le vieux refuge du Tour donne aussi un cachet rétro, style Frison Roche, aux lieux.




Mais le béton du nouveau "refuge-usine", casse toute recherche de bucolisme...



Il y a foule au tour...certains ne se plaindront pas en caressant du regard quelques italiennes de passage. Il est déjà temps de boire la bière règlementaire. Calés au soleil sur la terrasse, nous dégustons notre dose de houblon. A la table d'à côté, ça discute ferme. "topos", "C2C", "la V5 m'a tuer"....sont des mots familiers à mon oreille....serions-nous à côté d'une C2Cciste ?


Bingo ! j'aborde la belle en question. Il s'agit de ROZENN, accompagné de Chéri-Chéri ! Ben le monde est petit.... Nous discutons un peu et immortalisons l'évènement. Je suis très content de rencontrer le fameux auteur de sorties mémorables sur C2C.


Rozenn doit emmener le lendemain une amie sur la Petite Fourche (http://www.camptocamp.org/outings/135839/fr) et Chéri-Chéri doit faire l'arête de la Table




Le soleil se couche sur les Aiguilles Rouges et les séracs du glacier du Tour. Un petit vent frais nous fait regagner au plus vite les bats flancs du refuge. La nuit tourmentée par les vicissitudes du dortoir peut enfin commencer....



Le lendemain, le lever du jour sur les aiguilles d'Argentière et du Chardonnet est splendide. Il faut faire vite cependant, car à peine la photo prise, les sommets perdent leur teinte orangée.


Au début, pour corser la course, j'avais envisager de passer par la fenêtre du Pissoir (PD), mais les conditions étant extrêmement sèches, je me suis rabattu sur l'itinéraire classique, par le col supérieur du Tour. J'ai envisagé quelques instants de faire une boucle par le col du Midi des Grands, mais la partie glaciaire au dessus du Signal Reilly, ne m'a pas inspiré confiance.





Enfin les deux aiguilles du Tour, côté bassin du Trient : bienvenue en Suisse... Il y a dejà quelques cordées devant nous. Pourtant, nous avons une cordée de choc, avec....


Karine en second....


Laurent au milieu....


et Cyril à la fin.....Le Tour n'a qu'à bien se tenir !



Jolie vue sur les Aiguilles Dorées et l'Aiguille d'Argentière.



Mais le Chardonnet (3824 m) demeurent le seigneur des lieux. Après le franchissement de la rimaye, et l'escalade des rochers terminaux, nous voilà au sommet de l'Aiguille Sud. La vue est superbe, seul HIC, nous ne sommes pas tout seul....


Il faut jouer un peu des coudes et vite redescendre pour dégager de la place pour ceux qui attendent bloqués dans l'ascension.


La fin de l'arête de la Table (apparemment, Chéri-Chéri n'est pas encore arrivé...)




Le Chardonnet, la Verte, le Mont Blanc vu du sommet de l'Aiguille du Tour.



La superbe vue côté suisse : le Cervin et surtout le Combin.


La redescente laissera des sueurs froides, car au niveau du franchissement de la rimaye, c'est le grand n'importe quoi. La cordée qui nous précède cramponne très mal. Le leader oragnise un relais sur son piolet, mais le premier qui descend n' a pas assez de corde pour franchir la rimaye. En bout de corde, le leader essaie en vain d'enlever son piolet....on perd un temps fou, et heureusement qu'un gars plus bas vient les aider, car sinon on y serait encore....tout le monde cris dans tous les sens et dans toutes les langues.


Enfin, c'est à notre tour. Le plus délicat est la descente du petit couloir raide qui surplombe la rimaye : toutes les marches, présentes à la montée, ont été détruites par ceux qui redescendent. Cyril et Laurent passent comme ils peuvent cette pente de neige réchauffée et ramollie par le soleil.


Après notre passage, nous verrons des types passer le pont de neige sans crampons, d'autres sûrement plus malins, sauter de la lèvre supérieure et s'écraser sur la lèvre inférieure....toute une technique.


Mais dans l'ensemble, nous garderons un bon souvenir de ce petit tour et surtout de la bonne bière prise à Argentière...