dimanche 18 novembre 2007

Le Tour des Glaciers de la Vanoise : « éloge à la marche* »

Eloge à la marche est un livre de l’anthropologue David Le Breton dont le titre correspond parfaitement au sentiment que j’ai pu avoir au cours de ces quatre formidables journées en Vanoise passées en compagnie (de gauche à droite) de Catherine (la maman de Johanne), Johanne et à droite, François, un ami.

Après vous avoir déjà présenté quelques photos de la faune et de la flore de Vanoise (http://chamoisards.blogspot.com/2007/11/faune-et-flore-de-vanoise.html), je vous propose cette fois-ci de regarder vers les cieux nos belles montagnes. En quelques mots, nous avons effectué ce Tour en 4 jours :

- jour 1 : Les Fontanettes (Pralognan) – Refuge du Col de la Vanoise

- jour 2 : Refuge du col de la Vanoise – Refuge de l’Arpont

- jour 3 : Refuge de l’Arpont – Refuge de la Dent Parrachée

- jour 4 : Refuge de la Dent Parrachée – Les Prioux (Pralognan) + navette voiture

Notre périple démarre donc sur un chemin désormais bien connu de tous les Chamoisards !

Ces murs, nous les connaissons tous. Ils sont chargés de sens et d’histoire, nous sommes en effet sur la route du sel et des fromages, route par laquelle transitaient jadis ces deux types de marchandises mais bien d’autres également entre Lyon ou Genève et l’Italie via le col du Mont-Cenis. Ces murs restaurés en 2000 par le Parc de la Vanoise selon des techniques ancestrales ont été construits pour guider le voyageur à travers l’alpage de la Glière. Pas encore mises en valeur mais constituant pourtant un remarquable témoignage, on trouve proche de ce « sentier des Barmettes » ainsi que plus haut à proximité du lac des Vaches quelques gravures rupestres sur les schistes et les marbres, roches favorables à la gravure car elles sont « tendres » mais n’éclatent pas.

Nous poursuivons en direction du Lac des Vaches (enfin ce qu’il en reste !) que nous traversons par ses pierres bien connues qui ne sont pourtant pas destinées aux vaches comme le laisserait supposer le toponyme !

Non, il n’a pas non plus été construit pour que le touriste préserve ses chaussures flambant neuves ! Il est l’œuvre du Génie militaire (que de génies… !) qui accompagnait chaque bataillon : cet empierrement a été réalisé par 70 chasseurs alpins du 13ème bataillon en 1891 ! La raison : éviter que les bêtes qui transportent le matériel ne tombent du sentier qui passait plus haut vers la moraine… !

Nous poursuivons notre chemin au pied de la toujours impressionnante face Nord de l’Aiguille de la Vanoise et ses voies historiques, pour enfin découvrir la Grande Casse et l’Epéna. Spéciale dédicace à toi Hydra…

En cette dernière semaine d’août, c’est banzaï mais ça passe encore, la montagne est moins sèche que les précédents étés.

Après quelques efforts supplémentaires, nous arrivons au terme de notre première et courte étape, au refuge du col de la Vanoise.

Nous repartons le lendemain matin et nous assistons au lever de soleil sur les lacs juste après le refuge, en regardant le vallon de la Leisse et celui de la Rocheure, splendide !

Un peu plus bas, autre lac, même spectacle…

Nous découvrons peu après le vallon de la Leisse qui est très minéral ainsi que le sommet de la Grande Motte avant de nous retourner en direction de l’alpage de Bellecombe en direction duquel nous allons marcher :




Nous apercevons un tapis d’éboulis revégétalisé qui offre une forme originale et sympathique !

Nous continuons le contournement des glaciers de la Vanoise en direction de l’Arpont et nous apercevons enfin le vallon de la Rocheure dans lequel nous trouvons le refuge de la Femma avec en fond la Pointe de Méan Martin :

Nous tournons le dos à ce vallon qui est un génial spot de VTT pour les amateurs (je précise, on est dans le Parc mais c’est autorisé jusqu’au refuge…) et nous dirigeons en direction du Dôme de Chasseforêt foulé quelques jours plus tôt par son autre versant, superbe montagne face à laquelle nous déjeunons paisiblement... Si l’on n’est pas mieux qu’assis dans la cuisine quand même…!!!

Nous contournons tout le versant de la montagne qui s’offre ainsi à nos yeux sous tous ses angles, comme ici :

Une longue traversée nous amène ainsi au terme de notre seconde étape, le refuge de l’Arpont. Il fait encore chaud et comble du luxe, nous offrons une douche réparatrice fort appréciable et appréciée… !!!

Après une nuit dans ce charmant refuge, nous reprenons notre chemin. Brièvement, trop d’ailleurs, nous pouvons admirer le Dôme de l’Arpont.

Aujourd’hui, c’est un autre géant de Vanoise que nous contournerons par ses flancs, la Dent

Parrachée.

Comme nous marchons à flanc de ce raide versant, nous percevons le fond de la haute vallée de la Maurienne, d’abord Termignon puis la station d’Aussois.

L’orage est annoncé pour l’après-midi, le ciel s’assombrit et devient même franchement menaçant comme l’atteste cette vue en direction de l’Aiguille de Scolette :

Nous marchons donc longtemps ce matin pour ne déjeuner qu’aux abords du très mignon refuge de Plan Sec. Le repas est rapide et finalement, c’était inéluctable, nous nous prenons l’orage peu avant le refuge de la Fournache. Un moindre mal dirons-nous !

La Parrachée, c’est, comment dire… plus qu’un refuge ! La Parrachée, c’est le refuge de Franck Buisson et de Kaptan, son ami népalais. J’avais prévenu ma belle-mère adorée avec qui je partage cette randonnée, qu’un passage chez Franck était obligatoire pour le moment exceptionnel qu’on y passe systématiquement. Ah oui, je ne l’ai pas précisé, mais il y en a encore qui ont la chance d’avoir une belle-mère absolument formidable que l’on emmène même très volontiers en vacances !!! Je précise que c’est sincère puisqu’elle ne lit pas le blog… ! Elle ne sera pas déçu, nous discuterons prévisions météo ce soir…

Oui, la journée du lendemain s’annonce mauvaise, très mauvaise, très incertaine aussi ! la nuit annonce la couleur, nous dormons mal car le bois craque, le vent souffle à plus de 110 km/h en rafale nous dit Franck. Le matin, nous partons pendant une accalmie en direction du Col d’Aussois, point culminant du périple avec 2912 mètres.

Cette journée ne sera qu’une partie de cache-cache entre soleil et orages, partie arbitrée par un vent furieux qui ne s’est pas calmé depuis la nuit. Le genre de journée en montagne dont on se souvient après-coup mais que l’on apprécie moins pendant… ! En fait le soleil n’apparaîtra plus de la journée. Seules les trombes d’eau s’arrêteront quelques dizaines de minutes de temps en temps afin de laisser sécher nos pantalons. Dès que c’est le cas, au bout d’une vingtaine de minutes puisqu’il y a toujours du vent, hop, une bonne radée… Un gros coup de tonnerre nous réveillera de notre torpeur au beau milieu de la montée : dans ce cirque, ça raisonne bien ! Après avoir passé le col dans des conditions apocalyptiques et oublié du coup l’ascension prévue de la Pointe de l’Observatoire, nous descendons rapidement, profitant de l’accalmie du vent. La pluie est moins forte cependant et nous nous faisons à l’idée de rentrer (presque !) secs à la voiture.

Nous rejoignons ainsi l’alpage de Ritord. Il n’y a malheureusement guère de vue sur le vallon de Chavière et nous n’avons pas le loisirs de nous attarder pour observer les traces du passés dans cet alpage chargé d’histoire, dans lequel « l’archéologie du paysage » (selon l’expression de Raphaël Excoffier) est encore parfaitement visible. Seul le Col Rouge est brièvement visible…

En effet, comme un symbole pour finir cette journée que nous qualifierons honnêtement de « pourrie », il se remet à pleuvoir des cordes d’une rare intensité qui nous accompagnerons jusqu’aux Prioux où nous attends la voiture. Cela arrive, dame montagne, nous ne t’en voulons pas…

Ces quatre jours de randonnée sont réellement une invitation à la marche en montagne. La Vanoise est un superbe massif et de ses flancs en la contournant, c’est toute la Savoie que l’on découvre. Non, vraiment, même si elle n’est parfois que modestement compréhensive et agréable avec nous, pauvres et simples bipèdes, on s’enrichit toujours d’un sentiment de bonheur et de plénitude en y usant nos chaussures. Non vraiment, que la montagne est belle…

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Nico pour "ce petit tour " de la vanoise.

Dommage que le temps n'ait pas été de la partie tout au long de votre périple.

Pour l'an prochain, vous pourriez faire une boucle plus au nord en passant par le col de la grande Casse si le coeur vous en dit...

;-)

Hydra

Anonyme a dit…

Ha c'te Vanoise, probablment un des massifs les plus charmants du monde (puis entre aiguille de la Vanoise, col Rouge, méan-Martin, ça évoque des souvenirs radieux !!)

Anonyme a dit…

Récit tellement bien raconté que je le crois très fidèle à l'esprit "Vanoise". Chacun se l'approprie à sa manière, mais curieusement dans l'inconscient collectif, nous partageons tous un regard comparable sur la Vanoise, parce que nous sommes imprégnés de cet espace, de son histoire. Il y a bien un esprit "Vanoise"

Anonyme a dit…

Perso, la Vanoise, je la vois bien comme une montagne accueillante, humaine. Contrairement à la démesure, l'austérité sans concession des Ecrins.
Si la montagne est un royaume, la Vanoise serait plutôt une monarchie constitutionnelle alors que les Ecrins représentent la montagne dans son aspect totalitaire (ce qui n'est pas sans nous déplaire bien sûr !!)

Anonyme a dit…

C'est une métaphore qui me parait assez parlante.

Tu rajoute le Valais : c'est la Vanoise, avec 800m de plus à chaque sommet!!

Quand au Mont Blanc, en bien l'Oberland, c'est pas des monarchies, c'est pas du totalitaire, c'est de l'Empire, l'empire de la glace!!

Anonyme a dit…

Petit commentaire à propos du Gardien du Refuge de la Dent Parrachée...
Que rajouter de plus au sujet de ce "Franck Buisson"? Toujours les mêmes à lui faire les plus bels éloges...

Sauf les exclu(e)s de son "petit monde" d’habitué(e)s... Je veux bien croire qu’il a un beau côté "lumineux et chaleureux" prédominant dans son caractère. Mais comme personne n’est parfait, il y a aussi l’autre côté...

C’est "dur" la Montagne...et "froid" les glaciers...Milieu "rude" et "trop exclusif"

Dommage que je ne puisse faire partie de ses habitué(e)s.

Anonyme a dit…

Un petit éloge pour le gardien.

Ce gars charmeur, quel amour !
Une douceur de coeur comme du velours.

Bel accueil chaleureux,
Du plaisir au ventre par des repas délicieux.
Un vrai cordon-bleu !
Pour dessert, c'est la crème des gardiens, tout mielleux.

A la montagne, on y rencontre sur le chemin,
Pas que cailloux ou 'petits coeurs de pierre" mal opportuns.

Heureusement, quand il fait un" temps de chien",
On y trouve refuge chez quelqu'un de bien,
Qui a tout son coeur sur la main.

Toi, aussi brillant que le soleil d'or,
Franck, tu as un grand coeur d'or.