jeudi 8 juillet 2010

La Pointe de l'Echelle, version Courte

Dans l'approche, de beau matin, la silhouette à la fois massive et caractéristique de la Pointe de l'Echelle, se dessine.

C'est de nouveau parti pour être une belle journée, chaude de surcroit, et ce ne sera un inconvénient sur une voie typée haute montagne où il fait vite froid ,au moindre coin d'ombre ou à chaque coup de vent. Heureusement celle-ci prend le soleil dès le matin.

Quelques jours avant, j'ai pris contact avec Grégory, guide à Aussois, étant intéressé d'aller découvrir cette belle "grande" voie typée montagne. L'expérience d'un guide me donnera la sérénité que je souhaite avoir pour ce type de course, mon manque de marge m'impose d'avoir besoin de me perfectionner et de bénéficier de quelques points pédagogiques.

Nous marchons à bon pas dans les landes bien raides, traversant à flanc, gagnant efficacement en altitude.


La face ne donne pas une impression très compacte, encore moins quand on la voit du sommet, mais il y a devant quelques dents avec des lignes plus compactes. C'est tout naturellement que la voie "La Courte Echelle" est venue se loger dedans.

Encore faut-il y accéder. Et justement, il faut passer une bonne caillasse croulante qui rappelle qu'ici, on est en montagne et qu'accéder à la voie, ça se mérite.

Nous voilà bientôt au pied de la ligne, d'allure bien compacte et cristalline, elle a une belle allure et un développé intéressant, suffisamment vue la longueur de l'accès.


Nous repérons le démarrage de la voie qui se trouve dans ce qui ressemble à une cheminée un peu sombre. Ensuite, on reconnait une fissure caractéristique, qui aboutit à un dièdre, puis à ce qui semble être une dalle assez lisse.

Sauf qu'il y a encore un névé pour y accéder...et bien raide, de surcroit. Autant le dire, nous ne sommes pas encombrés de crampons. Heureusement, comme prévue la neige est déjà décaillée en surface, il faut compter sur le crantage des trangos, ça passe!! La dernière traversée est légèrement délicate, mais ça y est, nous y sommes.


Voilà le départ : dièdre-cheminée en 4c, un spit bien placé qui ne laisse pas planer d'autres options. C'est du "géométrique", un peu comme à Cham et en général on sait que ça veut dire !


Et voilà Grégory est passé, le reste de la longueur est plus facile, ça se couche.

Bon, hé ben, ce départ, même en côt' modeste, "réveille", car les prises en dalles sont des "a-plats", et en fait, il convient de ramoner, en opposition. Ça met dans l'ambiance !

La première longueur passe donc vite, le relais est rapidement au-dessus. Ensuite c'est moins homogène, du moins au début : une sortie de fissure un peu humide, garnie de vires un peu terreuses, pas forcément très agréable, sauf le beau "morceau" qui est pour la fin : un dièdre de 15m, je dirai, côté en 5b.

D'allure assez lisse, en fait il n'y pas 300 000 manière de passer : dülfer ! Et là miracle, se trouve dans l'angle une grosse fissure pour tracter, presque faite pour ça ! Pied à plat, allez il faut tirer sur les bras : assez chamoniard quand même, le style ! Perso j'ai décidé de tout enchaîner en insistant sur le souffle, ça m'a permis de garder quelques forces pour la sortie, un peu plus technique.

Le relais est gazeux, délicat de sortir l'appareil photo. La dalle jaune, au-dessus, est assez lisse, quoiqu'un peu travaillée par la météorisation, et avec une petite fissure au milieu. L'escalade change complètement de style, et devient en finesse avec quelques placements. En parlant de placement, la sortie en 5c en demande un beau : un petit "grand" écart pour choper une prise pied droit en traversée, le pas engage un peu.

Ça se couche au-dessus, nous voilà sur ce qui semble un éperon bien dessiné, assez esthétique.

Ambiance dans la paroi



Votre serviteur au relais, assez confortable, celui-là!



S'ensuivent de très belles longueurs en 5b, trois au total avec une escalade très variée, ça va de la dalle en adhérence, garnie de bi-doigts et prises à pincer, des écailles, des petites fissures avec des picots, etc...

Tout au long de la course, l'escalade a toujours une superbe ambiance haute montagne, le rocher est sain et beau, c'est vraiment emballant. Grégory en profite pour me donner des astuces d'assurage.

Sortie d'un ressaut



Belle dalle en adhérence, 5b toujours



Grégory, à l'assurage


S'ensuit une longueur plus facile, en 4b, avant ce qu'on devine au bout, la longueur en 5c avec le surplomb, crux de la voie.

Cette longueur est vraiment très esthétique, d'une belle envergure avec ses 50m : ce fameux surplomb se passe plutôt à sa droite. Pour y accéder ça passe par une fine dalle un peu technique, car assez lisse, puis le surplomb demande surtout de trouver l'appui pour poser/récupérer le point, puis monter le plus possible les pieds dessous (c'est arrondi, donc pas évident), ce qui permet de chopper la très bonne prise en main droite au-dessus et le tour est joué !


Dans le surplomb



Une belle dalle s'ensuit pour clôturer cette superbe longueur



Enfin c'est une fort jolie longueur en 3c, peu raide, sympathique, pour terminer cette voie vraiment intéressante.


Du sommet de la voie, la vue sur le lac est vraiment très sympa.



Ensuite il faut malheureusement se farcir cette partie en mauvais rocher, mais assez courte, avec quelque pas de II...pour aboutir sur une selle assez confortable, à un peu plus de 3000m.


Vue de la selle, sur le col de la Masse et le Rateau d'Aussois

S'ensuit une belle descente, souvent en ramasse, dans les névés ! Je remercie Grégory pour cette très belle course, une opportunité bien saisie, tout s'est très bien déroulé, ça restera un excellent souvenir!

Nico Strider