Voilà le problème posé : comment aller dans un massif, dépasser les 1000m d'altitude sans voiture, ni train, sans prendre de routes tout court (ce qui exclut le vélo) alors qu'il est déjà 11h du mat?
La réponse est simple : se faire un raid en course à pied!!

Ca fait disons plus de 1300 de dénivelée cumulée, avec quelques descentes et remontées à la con et ça doit faire près de 25 km en tout aller-retour.
Ce qui est top à Chambé c'est qu'à partir de Curial, tu as la nature, la forêt, les champs et les troupeaux à 5min. Alors, en course, ça défile. Je me sens bien, le rythme est bon tandis que je parcours les landes.
Belledonne, mais aussi le Margeriaz, sont platrés, on se croirait en avril, cette pureté blanche de la neige!
Je traverse le vallon de Pierre Grosse, bucolique et secret, et pourtant à deux pas de Chambé. Je monte le raide sentier argileux pour le passage de la Coche, à 600m d'altitude.
Il s'agit maintenant, de suivre la crête de la Coche, bien escarpée sur un côté et une vraie jungle de buis de l'autre, dans une ambiance verte un peu étouffante.
Petite précision : les photos ne sont pas prises le jour même mais plus d'un an avant, alors que j'avais fait le parcours à pied! Là, pas question de porter un appareil photo : trop lourd!!



Il s'agit de passer les zones avec les pilones EDF, un peu dévastées. Heureusement c'est court.
Je suis à 900m d'altitude, 100m de l'atitude fatidique. Belledonne miroite de blancheur. La face Nord du Granier s'impose, toute proche.
La montée qui suit notamment entre 1000 et 1250m est très violente. Il s'agit d'un large chemin carrosable très raide, très caillouteux et quand c'est pas des petits cailloux instables, c'est de la grosse argile tellement glissante qu'on ne peut faire de foulée dessus. J'alterne donc foulées et marches à pied, alternance typique du trail difficile. Je me mets sérieusement dans le rouge dans cette montée, elle me casse les articulations.
Enfin, toujours dans la forêt, à 1250m, j'arrive à l'épaule de la Gorgeat où on rejoint le sentier de Montagnole, plus panoramique. On borde alors la face nord ravinée, impressionnante.


Les voilà, ces abrupts, de vraie ravines argileuses, vu du sommet!! La vue y est superbe sur la Chartreuse, dont les hauteurs sont alors enneigées. Mais hélas le vent y est très fort et je ne peux profiter longtemps de cette vue superbe des landes bucoliques des Déserts en Chartreuse, des forêts de l'Outheran et des pics calcaires enneigés du Grand Som, de la Grande Sure, du Chamechaude, des Lances de Malissard.
Il est 13h. Il m'a fallu 2h de Chambé, à 240m, à la Gorgeat, à 1486m, en comptant des passages délicats, de nombreuses descentes/remontées qui rajoute au dénivelée cumulée, et la distance parcourue. 2h à pied d'un sommet de Chartreuse en technique 100% écolo c'est une idée quand même bien agréable mais faut en payer le prix.
Il s'agit de descendre maintenant. Pour faire un tour j'ai décidé de passer par le chemin de Montagnole, assez raide!! On y trouve une crête panoramique dégarnie où la vue sur les ravines et le Mont Blanc/Lauzière/Belledonne et Chambé/Bauges est tout à fait remarquable. Belle ambiance. J'y croise deux randonneurs très sympa ; Charlotte ou Heidi, je sais plus, qui marche avec détermination, pommettes rouges et cheveux aux vents ; et...des chiens de chasse fouineurs et rigolos, avec leurs cloches, coursant probablement un sanglier et appelés par leurs maîtres en vert kakis avec des fusils.
Le souci c'est qu'après faut se taper un peu de route avec quelques bagnoles. Je prend du temps à chercher le bon chemin sur la carte, entre landes, bosquets et routes...ça tourne en course d'orientation!! Pas le choix faut rejoindre vite le passage d'accès vers la carrière, où sans crier garde, déboulent des blaireaux de quadeurs, scooteurs alors que c'est formellement interdit de circuler avec des engins de toute sorte. Disons que ça fait 20min de pas terrible mais après on retrouve les landes juste au-dessus de Chambé et c'est de nouveau très joli.

Victoire et retour à la maison! Un peu cassé quand même, mais vidé nerveusement et finalement plus en bonne forme!!
Ha les raids, les trails à la demi-journée, on en fait pas tous les jours, sinon on aurait vite de l'arthose mais c'est vrai que ça vide et que ça peut être une aventure sympa quand c'est bien préparé.
Par Nico Strider,