Lundi matin, nous nous dirigeons donc d’abord en direction du col du Mônetier, avec comme souhait de faire la traversée des Dômes éponymes, longue mais superbe paraît-il. Nous montons droit au-dessus du refuge pour prendre pied sur ce névé, représenté comme un glacier sur la carte (c’était le temps d’avant…).
Alors que nous progressons (toujours aussi lentement par ma faute), nous assistons au lever du soleil sur les faces Nord du glacier Noir, ainsi que sur le bassin du glacier Blanc.
Arrivés en haut de ce névé, nous obliquons sur notre gauche dans une vaste combe, avant de rejoindre la vire déneigée qui conduit au col du Mônetier. La vue s’est progressivement ouverte, et nos yeux sont éblouis par le spectacle :
Derrière nous, le Pelvoux est également superbe !
Nous prenons désormais pied sur le glacier du Mônetier et descendons
250 mètres de dénivelé pour contourner un éperon rocheux. Un passage sur un infâme pierrier (lorsque l’on sait d’où vient cet enchevêtrement de blocs, la théorie du caillou de merde se vérifie sans trop de soucis… !) nous laissera quelques souvenirs… Heureusement, ceci est rapidement oublié grâce à cette somptueuse mer de nuages. Nico (Dalle en Pente) est ravi, il ne s’était jamais retrouvé ainsi, avec ce type de vue qui, avouons-le, ne laisse de toute manière jamais insensible. J’aime cette image de l’île d’altitude. Nous sommes seuls au monde, au jardin des rêves. Moment magique, récompense suprême offerte par dame nature à ceux qui acceptent de se fatiguer pour la contempler. Comme le dit l’adage, les absents ont toujours tort. Seul l’alpiniste a cette chance, nous sommes des privilégiés.
Oui, privilège me semble être tout à fait approprié. Une petite pensée pour Rébuffat, qui illustrait magnifiquement ce sentiment :
« L’attrait de l’altitude ne serait pas si grand s’il n’était pas l’attrait du mystère. Depuis des siècles, les neiges éternelles ont fait rêver les hommes. Autrefois « montagnes maudites » pour les paysans écrasés à leur pied, aujourd’hui « jardin féérique » pour les hommes cernés de chiffres, de vitesse et de bruit, elles sont encore un monde à part, un monde au-dessus du monde. Les montagnes qui charpentent la Terre et, sauf pour les géographes, les plus inutiles formations de la planète : rien n’y pousse qui se vende, rien n’y vit. Dans leur stérilité, les montagnes sont seulement faites pour notre bonheur. Car l’homme ne se nourrit pas que de blé, de pétrole et d’acier, il doit aussi nourrir son cœur ».
Une fois cet éperon contourné, il faut remonter une pente assez raide dans laquelle la glace n’est pas trop loin par moments, c’est elle qui donne accès à la calotte glaciaire.
Nous continuons donc notre progression sur cette calotte, longue de deux kilomètres environ et franchement plate (mieux vaut ne pas s’y perdre dans le brouillard je pense !). Le bonheur est intense, nous sommes heureux, simplement heureux.
Nous faisons une énième pause au col de Séguret Foran, depuis lequel nous avons la vue sur le versant des glaciers Blanc et Noir. Avons-nous l’air malheureux… ? Pas vraiment !
Encore une vingtaine de minutes d’effort avant d’atteindre le Seuil du Rif. Dès lors nous entamons la (longue, très longue !) descente sur le glacier de Séguret Foran.
Malheureusement, nous nous fourvoyons dans la partie merdique entre la sortie du glacier et l’accès à la moraine. L’occasion de perdre une heure à chercher au milieu des dalles en pente bien lisses car polies par le glacier notre chemin (désolé Nico, celle-ci, elle était trop facile…!!!).
Nous nous en sortons sans mal et arrivons au lac de l’Eychauda, dans lequel flottent des modèles réduits d’icebergs, c’est assez marrant !
Là, nous retrouvons la foule au milieu de laquelle nous ne nous attardons pas vraiment, et descendons du col des Grangettes jusqu’en bas du vallon de Chambran (photo ci-dessous) sans sourciller, par des lacets qui ne sont pas sans rappeler ceux de l’Alpe-d’Huez en raison de leur forme parfaite !
Alors que le « paf » du sac qui tombe généreusement par terre a à peine le temps de retentir, une voiture s’arrête devant nous :
- "Vous retournez sur Ailefroide ?"
- "Oui monsieur !"
- "Cela vous dit que je vous ramène?"
- "Oh oui oui oui monsieur !!! 30 secondes, on enlève nos baudriers...!"
Incroyable ! Alors que l’on redoutait le plan galère pour retourner chercher la voiture au camping d’Ailefroide (nous avions même mis sur pied une stratégie pour que Nico ne perde pas son billet de train s’il se faisait trop tard…), on n’a même pas eu le temps matériel de lever le pouce que l’on nous proposait déjà de nous ramener directement à destination !!! Gééénnnnniiiiiiiaaaaaaaaaaaalllllllllllllllllllllll…
Ainsi avons-nous le temps de se déguster une bonne petite glace à Ailefroide avant de reprendre la bagnole et rentrer. Une petite pause au Galibier pour jeter un dernier coup d’œil sur la Meije et plus largement l’Oisans, avant de se rentrer (faut bien !!!). On voit même le trou que nous avions à main droite depuis Roche Faurio au centre…
Alors que dire de cette découverte des Ecrins ? Ce week-end fut mémorable ! Ces montagnes sont splendides, j’ai fait la connaissance d’un isard super sympa (eh, comment on va faire quand tu seras à Nancy pour te dénommer… ?). Nul besoin de faire des courses bien difficiles pour nourrir sa gloriole, c’est le paysage qui nourrit le cœur et imprime l’esprit. Et pour cela, les Ecrins sont un véritable enchantement. La diversité de nos montagnes françaises est formidable, la preuve en est. J’y retournerai. Vraiment, que la montagne est belle… !
2 commentaires:
Super !!
ahhhh, on arrivera bien un jour à croiser nos destinées pour se faire un truc tous ensemble !!
Visse
merci Nico pour ces 2 CR, vous avez fait une belle aventure alpine, et merci pour les très beaux panoramiques, qui mettent si bien dans l'ambiance...Perso ça fait 3 ans déjà que je suis pas retourné dans la Vallouise, ça rappelle quelques souvenirs!
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