Après un vendredi bien frai et bien pluvieux où la neige fut annoncée dès 2200m, nulle doute que la haute montagne n'allait pas être en condition ce WE : neige sans cohésion, petites avalanches sur les pentes raides de neige, humidité et verglas, et surtout neige qui masquent les crevasses et empêche une bonne lecture du terrain.
Après de nombreuses tergiversations, Patrick et moi décidons de faire cette rando et elle va s'avérer idéale étant donné les conditions...
Le départ se fait au super Collet d'Allevard, ce n'est pas bien loin de Chambéry à vol d'oiseau. Nous évitons les remontées au mieux en rejoignant vite le sentier de la crête de l'Evêque, puis un bon sentier à flanc de versant, vers le refuge de la Pierre du Carre :
L'ambiance est un peu cotonneuse sur les préalpes...Nous laissons le refuge en-dessous à droite et nous montons vers le Col de Claran, en une large pente très panoramique :
En face de nous, l'ensemble d'Allevard, Morétan, Puy Gris, Oule, Comberousse, tant d'appellations devenues mythiques de la chaine Belledonnienne. L'ensemble est temporairement saupoudré juste pour la grace des yeux.
Derrière nous, semblable en tous points à la montagne d'Arvillard, la crête des Plagnes :
En face, les Grands Moulins, touchés de la grâce nivéenne, se donne des allures de volcan andin par delà les mers de brumes :
Nous dominons le Grésivaudan perdu dans un labyrinthe de cellules brumeuses. "Nous dominons les nuages!" s'exclament des mômes d'une colonie de vacances en passage :
Nous contournons le Petit Charnier par la droite, dans de vagues pentes siliceuses assez myrtillées et toujours encore généreusement fleuries (centaurée) :
Le Grand Morétan, sommet chamoisard cru 2008, grandiose :
On apercoit au télé l'ensemble harmonieux Puy-Gris/Comberousse, avec cette face NW visité en juin dernier. Plus loin (à droite), les clochetons granitiques de la Lauzière, écrin cristallo-nivéen, domine les crêtes trappues entre les Grands Moulins et le Grand Miceau :
Nous laissons derrière nous la verdeur profonde du Petit Miceau, qui donne un air de sommités Guadeloupéenne :
La pente s'accentue progressivement pour vite coller à une arête de blocs granitiques :
Nous entrons dans le monde minéral, ce que le Mont Blanc va bien conforter :
Il faut sortir les mains dans cette très jolie zone un peu redressée, rappelant légèrement l'arête N des Grands Moulins :
Nous arrivons progressivement au front de la neige, déjà assez transfo, mais dans une ambiance restant fraîche notamment à cause du vent. La quantité est faible, mais on s'imagine presque avec les 2 planches aux pieds !
Nous arrivons sur un plateau à partir duquel se dessine la crête sommitale, granitique, peu prononcée :
Quelques fleurs s'extirpant du désert nivéen :
Voilà vu d'en haut les couloirs de la grande face SW du Grand Charnier, profonds, austères, fascinants :
La crête se remonte avec une tranquilité déconcertante :
A gauche, le "piton" du Grand Charnier, le sommet étant mal homogène sur cette montagne aux allures "volcaniques" :
Et voilà le sommet, s'il n'en est pas archétypal, celui-là :
La vue est très large et intéressante sur Belledonne grace à un certain recul. A gauche, on voit le Pic du Frêne et son ensemble...et à droite, Puy Gris et Comberousse :
Cette neige accentue la puissance minérale de ces reliefs assez rudes en été...
Derrière les crêtes belledonniennes, on aperçoit les Aiguilles d'Arves, les Ecrins et le glacier de la Girose :
Pris au télé, le superbe piton granitique du Grand Charnier avec la Grande Casse au fond :
Le Grand Morétan domine l'antécime Est :
La lumière se fait plus tamisée et douce sur les hauteurs mais le froid reste sensible :
Le temps d'un bon petit picnic pour profiter de cette grâce de la neige en aout, quel bonheur.
A la descente, nous décidons de passer par le Petit Charnier dont la crête a l'air sympa, perdu dans les myrtilles, pour un retour assez brutal à l'été, pourtant juste 400m en-dessous!
En face, se découvrant dans toute sa géométrique, la splendide face SW du Grand Miceau, jolie relevée comme un gâteau d'une nappe de sucre glacé :
Cette petite arête un peu fine comporte quelque léger pas d'escalade facile, de quoi pimenter le parcours de quelques cheminements esthétique.
Puis elle devient bucolique au sommet, dans les pétasites, graminées et myrtilles en contrebas. Devant nous la vaste ouverture de la cluse de Chambéry :
En face, le Grand Charnier, à la trace bien visible, conserve une allure bien volcanique :
Neige éphémère...mais faisant écho à l'éternité par l'image...
Le Morétan resplendit toujours de plus belle, avec son M caractéristique (M comme Morétan, vous avez compris maintenant):
A la descente c'est un véritable jardin de myrtilles qui s'offre à nous : remplacez-les par les théiers, rajoute encore un peu de brume et nous voilà à darjeeling :
Merci à Patrick pour cette super idée!
Texte et photos Nico Strider
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