dimanche 10 août 2008

La Traversée des Bauges en vélo


L'idée m'est venue hier soir alors que Hydra et les autres isards sont partis vers l'Aiguille du Tour (bien revenus heureux mais il y avait du monde!), Aiguille que j'ai faite avec Visse il y a peu. Patrick, qui était intéressé de venir avec moi hier, est trop crevé de sa semaine à Grenoble, et comme il finit le samedi, il a besoin d'une bonne grasse mat' mais moi j'ai eu mon samedi de repos, alors que je veux décoller le matin. J'ai fait dévoilé la roue arrière de mon vélo, j'ai acheté de quoi dépanner une crevaison et je ressens je ne sais quelle envie de voyager un peu, de m'ouvrir au monde, avoir ce sentiment de liberté de découvrir un territoire, des paysages.

Le territoire choisi : les Bauges. Pourquoi ne pas les traverser d'ouest en est ? Pour cela il y a trois cols majeurs, et j'opte pour le col le moins fréquenté, le Col des Près. Col connu des chamoisards pour le site de grimpe. Le vélo, c'est vivre un paysage, alors qu'en voiture on ne fait que le "survoler" superficiellement et en plus c'est assez consommateur alors que le vélo, c'est sportif...pas les mêmes valeures.

Le départ se fait vers 8h40 de Chambé, alors baigné d'une splendide lumière presque automnale, les 4 cent culs à l'ombre, dans la fraîcheur :


Je décide de rejoindre Aix-les-Bains par la route de Sonnaz, plus sportive mais très tranquille le matin, l'axe au bord du lac étant pénible dès l'aube. Très vite dans la courte montée de Sonnaz je sens des petits à-coups sur la route droite...Peuchère, elle a été pourtant dévoilée c'te ***** de roue! Un court examen m'a confirmé qu'elle n'est pas voilée mais je n'arrive pas à identifier le problème. Morbleu, ce n'est pas ces tracas techniques qui me font perdre le moral comme ça!

La campagne aixoise est paisible ce matin, je passe devant Drumettaz, non loin de chez Flo. Puis c'est l'hyppodrome et l'entrée dans Aix, avec le plaisir de voir ce centre historique sympathique bien embelli, et bien vivant dès le matin :


Aix est une ville assez agréable à traverser en vélo quand on la connait bien, on peut éviter aisément les grands axes. Je me retrouve rapidement au Grésy-sur-Aix, bourgade résidentielle, en périphérie. C'est là que l'on accroche la route des Bauges, qui prend une gorge forestière assez sympa et très appréciée des cyclistes, la gorge de la Sierre (ou Sierroz pour faire bien savoyard).

Cette gorge a la particularité d'être taillée dans les molasses, sorte de grès vert en lien avec les dépôts glaciaires au quaternaire :


Il y a une courte et mais rude pente qui mène à Cusy qui se trouve à l'entrée de la vallée de Bange, porte d'accès au coeur des Bauges. Avant de pénétrer dans le massif, on voit la campagne pré-annecienne avec au fond le genevois, le Salève et le Jura :


Avant d'entrer dans le sanctuaire Bauju, il vaut le coup d'aller faire un petit détour de 2km A/R (mais bien en pente) , voir le Pont de l'Abime, pont suspendu, qui porte bien son nom :


Il surplombe de 100m le Chéran, le torrent qui occupe le fond de la vallée de Bange :


Cette vallée de Bange est superbe et regorge de trésors naturels ou sites pittoresques : le Pont de l'Abime, les Tours Saint Jacques, les grottes de Bange, la grotte de la Scierie, la grotte de Balmétain, le Pont de Bange, la Grotte de Prérouge, et à proximité le Pont du Diable, les Sources du Pissieux!! De quoi voir! Beaucoup de site sont karstiques, je vais au cours de cette traversée en voir quelques uns. Ici les ruiniformes Tours Saint Jacques :



Je reprend la route de la vallée, si jolie, en direction de Lescheraine. Le site est assez ouvert, grace aux prairies et près de fauches en bordure...

Et voilà en entier la vallée de Bange, que je mets en noir et blanc, le contre jour donnant des couleurs insatisfaisantes :


Après une descente agréable, où je me rends bien compte que les à-coups de ma roue arrière risque de poser problème, me voici au Pont de Bange avec son barrage au fil de l'eau, en lien avec la scierie.


Le site est assez pittoresque mais là le débit est très calme:



Je laisse mon vélo 10 min au Pont de Bange pour vous montrer un peu l'intérêt "secret" du site. Déjà, une perspective très romantique sur le Chéran:


Au-dessus de la scierie la forêt est raide, caillouteuse et dense...c'est l'apanage des connaisseurs. Mais en 15min quand on sait où la trouver, il y a la grotte de la Scierie, au pied d'une barre calcaire masqué par les frondaisons :


Son entrée est un peu ébouleuse, mais large. A l'intérieur, il fait à peine 10 degrés, cela en est presque agréable, vu la saison :


Sans frontale je n'ai pas pu aller loin, mais d'après expérience précédente en gros au bout de 20m on abouti à un ressaut rocheux où la grotte se transforme en une étroite galerie...de plus en plus étroite...Vers le syphon, une immonde marre de boue défend le passage et a fait la renommé de la grotte!!

Les frondaisons colorent d'une belle lumière verte l'entrée de la grotte :


Je reprend la route tranquillement, la progression est très facile sur cette vallée très peu raide. Le prochain site est non loin de la route mais il est surtout connu des gens de la région car il n'est pas indiqué, c'est le site de Prérouge, tout à fait idyllique. Il y a un petit point sur le Chéran :


Et voilà la fameuse grotte de Prérouge, la classique des spéléologues du coin :


La grotte suit le pendage des couches calcaire, ce qui fait qu'on se ballade sur un plan incliné dedans!! Son problème est qu'en temps de crue, elle se met facilement en charge, d'où son aspect de piscine "propre", dangereux si on consulte pas le bulletin météo.


Le réseau spéléo dedans est d'un intérêt remarquable et peut répondre au débutant venant juste visiter les parties basses du réseau (notamment les extraordinaire "biagnoires" ou le Lac Vert) comme au spéléologue le plus chevronné qui monte au niveau des cascades et bien plus loin encore.

Je me souviens y être allé avec des spéléos au retour d'une course la veille. Un souvenir esthétique mais une leçon à retenir : ne jamais enchaîner alpi et spéléo d'une journée à l'autre! A la fin, vu mon état d'épuisement (maîtrisant alors mal la technique de remontée sur corde, plus les courbatures de la veille), la sortie que vous voyez au-dessus fut l'instant de délivrance...

Mais aujourd'hui, c'est l'occasion d'un petit picnic sobre, et une pause bronzette pour mon vélo :


Je continue la route classique et me voilà au coeur des Bauges, avec cette descente courte sur Lescheraine. Le bourg-neuf en bas a un joli pont fleuri :


Plus haut, c'est le bourg ancien, plus typique, avec son clocher étincelant :


Il est proche de midi et il fait déjà bien chaud. Heureusement il y a un fond d'air plus frai et respirable mais le bitume grille et m'irradie la tronche, alors que j'entame la montée vers les Aillons.

La vue sur les sommets clés des Bauges est alors assez sympa, moins belle qu'en hiver mais plus bucolique. Là il s'agit du Pécloz et la pointe des Arces , avec devant le fief historique des Bauges, le Chatelard, sur son promontoire médiéval :


Plus haut, on voit bien le Trélod, avec ces crêtes qu'on a traversé avec Patrick en octobre dernier:


La Dent de Rossanaz, contrefort du Mont Colombier, m'indique que je suis en train d'entrer dans le val des Aillons en direction du Col des Près, point culminant du jour:


Une jolie petite chapelle au Cimeteret, hameau rural très bauju :


Je suis déjà en train de cuire dans les longues lignes droites montantes vers les Aillons, le soleil étant à l'aplomb, au zénith....Mais la pente n'est pas bien raide, 5% je dirai, sauf quelques sections...c'est très progressif.

Le Colombier d'Aillon (2045m) se dessine alors que j'entre dans le bourg d'Aillon-le-Jeune.


Il fait soif, je suis à court d'eau mais je finis par en trouver à côté de la laiterie des Aillons, renommées pour sa fabrication de la Tome des Bauges, une des meilleures qui soit :



La montée qui suit, sur 4km, devient assez raide et la dernière ligne droite fut un mini-calvaire. Déshydraté un moment avant les Aillons, j'ai payé le prix fort : mon effort est bloquée par des courbatures très douloureuses qui me stoppent la progression et m'empêchent de me mettre en danseuse. Je me suis obligé, et c'est assez rare que ça m'arrive, de m'arrêter fréquemment pour calmer les courbatures...un petit moment. Aussi le bitume grille, c'est le sahara!!

Avec délivrance, j'arrive au Col, à 1140m, dans un vent bien frai et bien pur de montagne, on s'y sent si bien!



Le Col des Près porte bien son nom. Pâturages mais près de fauche aussi :


Il faut bien du fourrage pour l'hiver! Le site est tellement bucolique...mais il est moins mystérieux quand, en automne, il est froid et dans la brume, ou encore en hiver quand il est enneigé...

Pour la vue, elle est simple, avec, à gauche, le Mont Colombier, et à droite, la Pointe de la Galoppaz (1600m) sommet chambérien très classique :


J'entame la raide descente de l'autre côté dans un air pas trop chaud, voire un peu frai, qui calme mes muscles et me fait tant de bien!

Malheureusement ma roue derrière multiplie les à-coup...En vérité, elle monte légèrement à chaque rotation, elle n'est donc pas voilée, mais il s'agirait d'un choc (dans le train la semaine?) sur le système de rotation de la roue (la jante peut être), voire pire, au niveau du cadre (dans les deux cas, c'est irréparable faut changer). La roue se met à chasser légèrement et fait du bruit. En gros, c'est la catastrophe si je vais vite. Que je prenne de la vitesse, que cela fasse du jeu, que je dévie de la trajectoire et je risque fort de me retrouver illico dans le fossé. Du coup je descend à pas plus de 30km max pour m'assurer que je maîtrise tout bien. Le prestige on s'en fout quand il faut assurer.

Je passe devant le site d'escalade (cf article de l'année dernière) puis je laisse la Galop' derrière moi :


Nous sommes dans les Bauges chambériennes, en témoigne l'ouverture du paysage sur le sillon alpin et la capitale de la Savoie :


Le cadre reste bien bucolique, et toujours bien vert pour un été, que c'est rassurant :


En face, derrière cette route, et la "colline" du Mont Saint Michel, la Chartreuse et le Granier s'imposent, bien structurés :


En face, Sain Jean d'Arvey, sous les falaises du Mont Peney :


Me voici à Thoiry, village panoramique très calme. On se trouve sous l' "arc" des calcaires du Margeriaz, souvent très beau en hiver, verdoyant en été :


Il faut descendre dans la gorge de la Leysse et se farcir les 80 redoutables mètres de remontée à 10% de la côte de Saint Jean d'Arvey, heureusement courte. Le vent frai de la descente a refroidi mes muscles et calmé temporairement les crampes. Au moment où je sens mes muscles redurcir, je suis heureusement dans les dernières mètres...

Le site sent déjà un peu la périurbanisation (modérée) chambérienne, mais il y a de beaux près de fauche sous les falaises grandioses du Mont Peney :


Le clocher de Saint Jean est très réputé pour sa typicité bauju mais serait moins beau sans les falaises derrière:


Il s'agit ensuite de descendre la route très (trop) fréquenté ("bagnolante") sur Saint Alban et Chambéry. Au passage, le pont de la Doria et son hameau :


Ca y est, me voilà en bas!! Je retrouve la Croix du Nivolet, annonciatrice du cadre quotidien...Mais soyons franc, comme cadre, il y a bien pire!!


Voilà le retour dans le Vieux Chambé, je suis très heureux de cette traversée, pleine d'images et de vécus de paysages forts. J'espère vous avoir présenté le plus sincèrement tout l'intérêt des Bauges car le massif le mérite tant à mon humble avis!!

texte et photos Nico Strider,

2 commentaires:

Hydra a dit…

Très belles photos...un joli portfolio !

mat a dit…

Sympa ce petit compte rendu...
Je comptai le faire dans le sens Sud => nord mais je rois que je vais me laisse tenter par ce parcours!
Merci!