mercredi 14 mai 2008

Le Rocher Blanc : un classique belledonnien

Petit et Grand Badon, satellites du Rocher Blanc

4H40,dimanche, Visse passe prendre le café chez moi et une fois les réglages des skis bouclés, nous décidons de partir vers un objectif dont on parlait il y a déjà quelques temps : le Rocher Blanc, grand sommet belledonnien, culminant à 2928m. C'est une montagne qui faisait partie de mes listes de classiques à cocher, et pour Visse c'était un vieux rêve à ski, surtout quand il le voit si bien depuis Lyon.

Classique mais pas de tout repos quand même, car la rando, certes assez facile, fait quand même plus de 1850m de dénivelée (sans parler des km), il faut une assez bonne forme pour aller jusqu'au bout. Surtout que là, on est en conditions de printemps qui commence à être un peu avancées, et portant les skis dans la dense forêt belledonnienne, c'est seulement à 1700m, soit une heure et demi après le départ (à 1000m) que nous pouvons chausser les skis.

Les parois puissantes du petit Badon nous dominent avec orgueil :


L'accès classique au Rocher Blanc se fait par une grand combe, qui porte un beau nom, la Combe Madame. En forme de virgule, elle est creusée comme un U glaciaire jusqu'à ce qu'elle s'élargisse vers les hauteurs du Rocher Blanc, en un amphitéâtre d'altitude peu prononcé, portant un petit glacier, le reste étant des vallonnements péri-glaciaires.

Le refuge de Combe Madame, dans l'ombre d'un site assez exposé lors des grandes avalanches des offensives hivernales, est fermé. Fort parfum de printemps où la neige relève plutôt de névés entrecoupés de landes à crocus. Le torrent bouillonne déjà fort, c'est l'un des grands attraits de Belledonne.


Après avoir chaussé les skis et mis les couteaux, on avale très vite le premier verrou qui s'avère assez gentil. On arrive dans une belle cuvette, baignée d'une lumière déjà puissante, surmontée au fond par le Col de la Croix que nous avons descendu avec Visse l'année dernière, et la Crête de la Marmottane dont nous avions fait le tour à cette occasion :


Le second verrou est encore plus facile que le premier, et on fête les 1000m de dénivelée achevés, car nous sommes à 2000m, et nous voyons en face, au-dessus de l'auge glaciaire "parfaite" de la Combe Madame, la crête à peine enneigée du Grand Rocher, et derrière la barrière orientale de la Chartreuse :


Allez c'est parti pour les 900m restant, sur une section de la Combe Madame que nous avions visitée l'année dernière, venant d'en haut. Cette section est assez agréable à l'ombre :


Derrière nous, au Nord, les belles pentes du passage de Clarant et derrière, l'allure un peu striée, notre cher Rocher d'Arguille, avec sa belle crête blanche sommitale.


La marche est très progressive et c'est un peu à une introspection montagnarde qu'on est invité, parlant avec un calme mesuré, une certaine idée de la sérénité. Devant nous à gauche, le col de Combe Madame et à droite derrière les contreforts que l'on voit là, se trouve le large cirque du Rocher Blanc :


Une certaine idée de la distance...Nous voyons un gars qui descend déjà (probablement pour être à midi en famille devant un bon roastbeef), et un gars derrière en solo qui a une bonne patate.


Voilà que le gars nous dépasse, dans la belle pente d'accès au cirque du Rocher Blanc, magnifiée par le spectre lumineux de l'astre solaire, découpée par les crêtes escarpées de la Marmottane:


Alors que le ciel commence à s'imprégner de quelques cotons annoncés gaiement par Météo France, nous entrons dans le cirque du Rocher Blanc, avec ses pentes assez débonnaires, surtout à cette saison :


Jolis vallonnements que voilà, dans un ciel moutonné, donnant une ambiance de fond aquatique. Le sommet du Rocher Blanc est cette bosse blanche tout à fond, au centre:


Suivant quelques traces raquettiennes, nous suivons les vallonnements qui s'enchainent paisiblement avec élégance...


Derrière nous, Rocher et Bec d'Arguille...Et en face, la puissante Aiguille de Marcieu, dernier sommet des Aiguilles de l'Argentière dont on voit la brèche homonyme à sa gauche.


On cuit déjà un peu au soleil, qu'un petit vent frai du S se ballade et que l'ambiance voilée limite l'humidification de la neige :


Les vallonnements nous mènent au petit glacier du Rocher Blanc, à 2700m d'altitude environ, ces pentes plissottées par la fonte nivale qui s'organise. A notre droite, le Rocher Badon qui nous dominait tout à l'heure, en bas de la combe.


Nous arrivons rapidement sur les pentes sommitales, vers une petite selle, d'où l'on domine nettement le paysage, et le sommet est juste à côté :


Visse, souffrant un peu des chaussures, termine courageusement les 1850m de dénivelée, dont 700 de portage, qu'il a dans les pattes ! :


Et voilà la belle cîme sommitale (pléonasme), perchée à 2900m au-dessus des lacs des Sept-Laux:


Visse achève la dernière pente :


Un plafond de brume froide (gel en suspension) se ballade juste au-dessus à 3000m environ et bouche les sommets lointains.
On domine (à gauche) le cône du Rocher Badon, le petit frère du Rocher Blanc et en face (à droite) l'Etendard est bouché mais les belles pentes des Aiguillettes de Vaujany, faîtes en mars, joliement éclairées :


Les deux protagonistes de cette belle rando, profitant de ces quelques moments d'altitude :


La descente malgré quelques tracas avec mes godasses (décidemment...) se fait rapidement dans une bonne transfo pour trouver une moquette géniale sur le glacier :


Sans parler d'une transfo encore meilleure dans les vallonnements, ce fut une partie de plaisir, malheureusement peut être une des dernières de l'année j'en ai bien peur :


Mais ne boudons pas un plaisir avec qu'on s'exclame dans les pentes, fendant les airs légers du printemps...Plus bas, nous voyons un superbe effet de nuées dans les puissantes Aiguilles de l'Argentière, finement cristallines :


La neige est toujours bonne, alors qu'on retrouve très rapidement le creux de la "virgule" de Combe Madame, dominée par le Bec d'Arguille:


Plus bas, la neige, névéisée, est un peu plus lourde mais ça reste bien skiable, quoiqu'assez crade, ces vieilles coulées brassant le peu de sols consolidés qu'il existe dans Belledonne :


Nous prenons le pic-nic tranquillement au soleil devant le refuge de Combe Madame, d'où l'on entend quelques discrets sifflements de marmottes, très occasionnels, on n'est pas en Vanoise ou au pied des Aiguilles d'Arves!

Vous imaginez la suite, une assez longue descente en portage, sur un sentier à l'allure bien estivale, maltraitant un peu nos godasses de skis mais heureusement pas trop caillouteux!

Notre belle rando se finit par des petites boissons sur la Place Saint Léger à Chambé, en compagnie de Nico Annapurna, avant que l'orage n'arrive!!

Ha que de bons souvenirs de skis (c'est précieux car finalement c'est si court!!) et bravo à Visse pour avoir réaliser une rando qu'il avait à coeur!

Texte et photos Nico Strider

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui, le rocher blanc, c'est vraiment un sommet qui me tient à coeur (il y a des montagnes, comme ça, qui exerce une réelle attraction)
En tout cas, ce sont effectivement des plaisirs courts dans le temps, mais qui impriment une trace réelle au milieu des souvenirs.

Merci Nico, bravo pour le texte, et en espérant que ce ne soit pas la dernière !!

Au fait, on distingue trop bien mes défauts à la montée (faudrait que je pense à le faire glisser ce ski, ce serait plus simple !!)

Visse

Anonyme a dit…

Merci pour ce reportage.

Au fait, le père Annapurna, à part boire des coups avec les copains, il sort un peu en montagne ????

LOL

Hydra