Ce dimanche, nous sommes allés avec Jo dans le massif du Mont-Blanc. Voici à quoi servent les deniers récoltés par la miss pour son anniversaire… ! Enfin ce qu’il en restait puisqu’il s’agissait d’aller tester le matériel qui lui avait été offert (piolets, sac à dos). Destination le massif du Mont-Blanc, et plus précisément la face Nord-Est de la Petite Aiguille Verte. Un esthétique couloir de presque 400 mètres à plus ou moins 50° de pente la parcourt, le couloir Chevalier (AD). Je précise que cette photo, prise du glacier d’Argentière, ne date pas de ce jour.
Réveil assez tôt, le couloir prend vite le soleil, il nous faudrait donc prendre la première benne aux Grands Montets, annoncée sur le site à 7h45 (ce qui convient très bien). Mais il s’agit de la compagnie du Mont-Blanc… ! On arrive à 7h30, on s’équipe à la bagnole avant de se diriger vers les caisses… qui n’ouvrent finalement qu’à 8h15, avec la première benne à 8h45…!!! Magouilles et compagnies, il y a 10 personnes devant nous aux caisses mais on se retrouve dans la troisième benne avec un départ à 9h15 !!! Voilà qui ne nous arrange pas vraiment puisque finalement, nous arrivons au col des Grands Montets vers 9h50 après avoir refait de la queue à l’intermédiaire de Lognan (les freeriders déguisés pour le concours du jour sont naturellement prioritaires par rapport aux alpinistes… !). Et puis ici, les gens sont toujours aussi charmants : personne ne veut nous renseigner sur les conditions et un guide nous accueille avec un charmant « oh, voilà des joueurs de tennis !». Vous l’aurez compris, nous avions pris nos raquettes (à neige…) au cas où pour l’approche !!! Certaines personnes du massif ont une drôle de manière de souhaiter la bienvenue aux alpinistes… ou alors il s’imprègnent très rapidement de l’idéologie locale puisque le guide était un pyrénéen venu faire sa saison à Cham… !!! Bref, passons, nous voici partis, vers un lieu nettement plus convivial, le bassin d’Argentière.
Il est l’heure de s’équiper, avec une heure et demie de retard donc sur l’horaire initialement prévu, et d’y aller !
L’approche ne dure que 15 à 20 minutes, ça brasse un peu par moment mais cela s’annonce relativement bien. Sauf qu’il ne faudra pas traîner, puisque nous grimpons sur une face Nord-Est… ! Nous franchissons la rimaye sans aucun problème puisqu’elle est très bien bouchée et attaquons notre progression dans le couloir.
Nous sommes seuls, c’est une relativement bonne nouvelle du point de vue de la tranquillité, mis à part qu’il faille faire la trace tout le long dans 30 à 50 cm de neige désormais bien transformée mais globalement assez portante ; le tout est très stable, aucun souci à se faire ! Nous montons à un rythme tout à fait approprié mais n’hésitons pas à apprécier le cadre enchanteur du jour.
Dans notre dos se trouvent, de gauche à droite, le Chardonnet (3824m), le glacier du Chardonnet et le col éponyme (3323m), l’Aiguille d’Argentière (3900m) avec à gauche le couloir en X (ou Whymper) et à droite le glacier du Milieu (voie normale), le glacier des Améthystes avec à son sommet le col du Tour Noir (3535m) et enfin, l’Aiguille de l’A Neuve (3753m) et tout à droite, le Tour Noir (3837m).
A notre gauche, c’est-à-dire tout au fond du bassin d’Argentière, nous voyons après le glacier des Améthystes et le Tour Noir, le glacier du Tour Noir qui est fermé par le col d’Argentière (3552m), puis les Aiguilles Rouges du Dolent avec notamment la Pointe Kurz (3680m), la Pointe de la Fouly (3611m) et l’Aiguille de l’Amône (3584m). On voit ensuite la Brèche de l’Amône (3424m) et enfin le Mont Dolent (3823m), sommet dont la particularité est d’avoir trois arêtes séparant la France, l’Italie et la Suisse, le sommet étant un point triple sur lequel les trois frontières convergent.
La progression se poursuit et il commence à y avoir de l’ambiance !
Le couloir fait un léger virage et nous voyons désormais sa sortie.
L’heure tournant, la progression continue toujours sur un bon rythme et la miss se débrouille toujours aussi bien. Elle a l’air, tout comme moi, d’être très heureuse d’être ici, vue sa mine réjouie !
Nous arrivons donc très près de la sortie et là, j’ai un grand moment de solitude ! Au lieu de suivre les traces de ski en escalier toutes gelées (donc peu agréables), je décide de passer tout droit. D’en bas, il ne semble y avoir qu’un grand pas à faire pour franchir un rocher. Mais… une fois dans le passage, je sens que ça part sous mes pieds alors que, chose imprévue, la pente s’est bien raidie ! En fait, je suis sur une grande dalle inclinée et il me faut donc traverser sur ma droite pour rejoindre le rocher dans lequel, par une escalade de 3-4 mètres, je pourrai reprendre la partie neigeuse. Impossible de prendre à gauche, un éperon me sépare des traces de ski ; impossible de redescendre, je n’ai pas envie de partir sur la dalle et de finir 300 mètres plus bas… ! Interdiction de tomber car rien ne nous retiendrait… ! Je franchis donc le passage rocheux, place une sangle et assure Jo. Ouf crois-je alors à ce moment… ! La miss se débrouille admirablement bien, elle qui n’avait jamais grimpé avec ses crampons ! Je repars donc et après quelques mètres encore bien tendus à brasser dans une soupe très peu consistante (c’est là que l’heure et demie de retard à cause de cette chère Compagnie du Mont-Blanc est regrettée…), je rejoins la partie gelée puis la demi-lune caractéristique qui marque la sortie du couloir sur l’arête Nord-Est de la Petite Verte. Relais sur piolets, j’assure Jo qui me rejoint rapidement. Et là, surprise : brouillard, grésil et vent glacial ; pour rappel, météo Chamonix annonçait juste un voile d’altitude et sinon, grand beau avec une visibilité à 40 km !!! Eh oui, mais nous sommes en montagne et la météo est plus une loterie qu’une science exacte, qu’on se le dise… !
Le sommet nous tend les bras à 30 m de dénivelé au-dessus mais on préfère descendre par prudence. Ce qui aurait du n’être qu’une formalité ne le sera pas tant que çà… ! Alors que Jo s’avance, elle glisse une fois puis deux… Je la retiens mais la somme de se retourner immédiatement et de désescalader les 50m de la face Nord sous nos pieds pour cause de glace noire
recouverte par 5 cm de neige fraîche !!! Alors que je m’apprête à faire de même, un anglais d’une cordée qui descendait du sommet de la Petite Verte m’interpelle en me disant qu’il faut descendre droit face à la pente… ce à quoi je réponds qu’il y a de la glace vive et qu’ils feront comme ils voudront. Et ils posèrent un rappel… !!! Jo assure très bien et constate que ses piolets tractions inaugurés ce jour sont très efficaces. Une fois la rimaye passée, le reste n’est qu’une formalité pour rejoindre le col des Grands Montets (3233m). Voici la face Nord de la Petite Verte que nous avons descendue (prise en partant, mais descendue dans le brouillard !) :
De retour au téléphérique, fatigués mais heureux, je félicite ma chère et tendre. Elle qui n’avait jamais fait une course plus difficile que PD (le Dôme de Chasseforêt), qui a une angoisse assez prononcée du vide, qui est assez émotive et qui manque parfois de confiance en elle, la voici partie dans un couloir en AD. Rien ne s’est déroulé comme prévu, entre les conditions, la nécessité de faire la trace, le passage de mixte, le mauvais temps en haut et la glace à la descente et pourtant, elle s’est extraordinairement bien débrouillée en maîtrisant remarquablement ses nerfs et sa peur. Et dire que c’est une débutante, voilà qui ouvre de belles perspectives…!!! Bravo à elle, cette journée fut absolument géniale. Ce sont les joies de la montagne, et le privilège d’être là se mérite. Mais que la montagne est belle… !!!
2 commentaires:
Merci Nico pour ton récit très vivant et si bien raconté et bravo à Jo pour cette belle course. C'est toujours aussi agréable de trouver le massif du Mont Blanc sur le blog des Chamoisards, plutôt dominé par la Vanoise, Belledonne et les Ecrins!
Ouahh !!!!
que dire de plus.....et chapeau Johanne !!
Visse
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