Photos Nico Strider et Sylvain Visse(*),
Le lever de soleil qu'on croirait coupé au couteau descend sur les tours du massif des Portettas, qui domine Pralognan. C'est le rayonnement biaiseux de l'automne qui rend si bien hommage au relief.
Visse et moi, montons en face dans le Vallon de la Glière. Nous venons de rentrer dans le "sanctuaire", le Parc de la Vanoise et nous allons viser son coeur, la légendaire Aiguille de la Vanoise, montagne emblématique, "esprit de la Vanoise".
La traversée, c'est une course que j'avais coeur à achever, n'ayant pu faire que la première partie la dernière fois pour raisons de météo douteuses.Enfin bref, cette fois-ci, si on avance bien on va aller au bout de l'aventure. Et quelle aventure. Visse, qui n'a pas encore fait une course aussi aérienne va découvrir une dimension que ses sorties à la Bessanèse ou l'Aiguille Noire avait esquissée.
Visse et moi, montons en face dans le Vallon de la Glière. Nous venons de rentrer dans le "sanctuaire", le Parc de la Vanoise et nous allons viser son coeur, la légendaire Aiguille de la Vanoise, montagne emblématique, "esprit de la Vanoise".
La traversée, c'est une course que j'avais coeur à achever, n'ayant pu faire que la première partie la dernière fois pour raisons de météo douteuses.Enfin bref, cette fois-ci, si on avance bien on va aller au bout de l'aventure. Et quelle aventure. Visse, qui n'a pas encore fait une course aussi aérienne va découvrir une dimension que ses sorties à la Bessanèse ou l'Aiguille Noire avait esquissée.
Nous arrivons dans le cirque du lac des Vaches, qui commence à disparaître sous la masse de ses sédiments. La Grande Casse domine fièrement au fond.
A ce moment, nous sommes à l'aplomb de la face nord de l'Aiguille de la Vanoise, dans ses marbres solidemment cuirassés et bombés. Un vertige d'en bas te saisit. Tout à l'heure, nous serons en haut.
Derrière le front de la moraine du glacier de la Grande Casse (menant au col homonyme) se trouve la puissante Grande Glière, visitée un mois auparavant. Cette année Pralognan est à la fête chez les chamoisards ;-)
Voilà l'envers de l'arête E de l'Aiguille de la Vanoise, que nous allons visitée. Plus majoritairement de l'autre côté, mais c'est variable en fait.
Voilà le départ de l'arête, dans des calcaires marbrés bien stratifiés. C'est pas au niveau des gradins à gauche mais bien au fond à droite sur le ressaut derrière le baton. Le premier pas, déjà bien raide, sur une fissure, "réveille".
Ensuite en traversant de manière ascendante à droite, nous grimpons une cheminée très aérienne côté Nord, avec le lac en-dessous.
Après quelques gradins, voilà la seconde cheminée , c'est la plus étroite, elle est légèrement récalcitrante au premier pas, notamment à cause du sac. Semblerait qu'elle soit contournable mais c'est dommage de se priver d'un passage à l'ambiance spéléologique ;-)
Showtime!!
Nous montons la dalle sympathique qu'il y a derrière, puis nous arrivons en haut du premier ressaut.
La vue est déjà bien puissante, notamment sur les Glières et la Grande Casse.
Une désescalade délicate nous attend, je fais passer Visse devant pour l'assurer.
Puis on se retrouve en bas dans la brèche. Quelques sirotements de camelback plus tard, on attaque le très joli ressaut que voici :
Ca passe en traversée ascendante à droite, en fait. C'est très plaisant. Il y a d'abord une dalle inclinée sous un toît où il faut ramper un peu ;-) puis justement c'est une rampe prisue que l'on remonte avec malice jusqu'à son terme. Ha le bonheur d'être malin avec l'itinéraire....je dis ça parce que la dernière fois j'étais passé par la gauche, c'était moins joli.
Nous voilà en haut du second ressaut, dans les parties supérieures. On revoit le ressaut précédent avec le lac derrière, grandiose ;-)
Le fait devient plus étroit et après avoir passé en rigolant bien une boîte aux lettre optionnelle, nous entamons les courtes traversées en rasoirs esquissées sur cette photo...disons que ça anticipe très légèrement la seconde partie de la course, vous allez comprendre pourquoi ;-)
Visse est en haut de l'antécime du point culminant de l'arête E qui n'est pas le sommet véritable. Bon j'espère que vous m'avez compris...
Cette photo devrait vous éclaircir un brin. Le coin est magnifiquement structuré. Une belle arête en premier plan, une petite brèche inclinée en contre sens en second plan et enfin le ressaut sommital au fond!!
Bon faut passer la brèche inclinée. Très, très joli passage. En fait c'est pas la brèche le problème, c'est plus d'aller attrapper le rocher de la brèche, c'est à dire par dessus la fissure qui entrave le passage. Disons que, d'une manière très ludique, ben faut se pencher comme un bossu pour attraper le morceau. ;-)
Retenez votre souffre, nous voilà devant le ressaut final de la première partie. Il est beau. Rassurez-vous on ne le prend pas au milieu, mais on vient chercher un petit passage à droite qui nous mène en face nord, puis suivre l'arête que vous voyez à droite. C'est la dernière longueur de la Bérard Rigotti, c'est très gentil, et très joli. Du pur bonheur à savourer avant de retrouver l'herbe en haut.
Nous mangeons un peu, mais pas trop car la suite présumée très aérienne n'est pas forcément très indulgente gastriquement parlant. Faut surtout bien boire. On a mis 2h pour l'arête E, on n'a pas trainé, on est dans les temps!
Nous suivons l'arête herbeuse et nous voilà devant le Grand Chelem, une arête en rasoir d'une bonne quarantaine ou cinquantaine de mètre de long, j'ai pas pris mon mètre. L'herbe s'arrête là cela va de soit. En dessous au soleil bullent des bouquetins qui nous observent comme des touristes. Nous allons leur montrer notre savoir-faire, histoire de leur expliquer un peu que les hommes ne sont pas les canards boîteux de la montagne qu'ils croient ;-)
Nous voilà dans l'élément! C'est pas large, vous avez compris. La plupart du temps on se tient juste sous le fil, comme en équilibre sur une lame bien aiguisée, petits, minuscules face à la montagne. Le rocher est plus sombre, c'est devenu un marbre chloriteux très adhérent, avec des prises très fines mais assez sures. Certaines sections de rasoir ne tiennent qu'en adhérence sur les pieds, les mains étant sur le fil, ambiance ;-)
La classique des classiques, vous l'avez vu mille fois cette photo, on n'allait pas couper court à la tradition. Figurez-vous qu'elle n'a pas été facile à faire car moi-aussi j'étais en face à califourchon mais il a fallu me mettre dans l'autre sens, sortir mon gros appareil du sac qu'il ne fallait pas faire tomber...vous avez compris.
Ce fameux passage à califourchon ne se passe vraiment bien que comme ça!! C'est pas seulement pour le fun! Quand on est dedans on sent les thermiques remonter du sud, et l'air gelé plaquer au nord. C'est quand même assez impressionnant, faut le dire.
La suite se montre à la hauteur, il y a même un ressaut qui réveille. Un des muscles s'est gavé d'acide lactique un court laps de temps au moment d'engager, la solution tient dans la respiration, cela permet d'accorder le physique et le mental et j'ai engagé le pas en trouvant très vite la solution. Bien souvent, on oublie d'avoir une respiration accordée au geste. Inspirer, c'est comme le coup du planter du baton.
La pureté des dalles roses autour est saisissante.
La fin est plus simple, en traversée et une petite écaille décollée très scolaire. On déboule au sommet !! 2796m, pas la me(è)r(e) à boire (du génépy) mais ne fions pas à l'altitude, tout est relatif!!
Bon maintenant faut entamer la descente...ben c'est pas fini. C'est plus court que la montée, mais ça demande expérience, ça ne s'improvise pas
La partie herbeuse avec le cairn très bucolique, genre le petite pelouse entre les grandes falaises, où se promènent les papillons ;-)
Plan en téléobjectif, sommet et Grands Couloirs qui font quand même la gueule, pas vrai?
C'est plus clair sur cette photo du ressaut central. La descente du leader en dernier est un peu expo mais on peut contre assurer au passage avec des becquets et c'est ponctué de spits. Le souci est qu'en descente en arrière hé bien on a les yeux flanqués sur les prises de mains, mais on voit mal les prises de pieds. Or elles sont plus nombreuses qu'on le pense ;-)Evidemment la petite pelouse fut bien evanescente au regard de la suite, pas méchante mais toujours très aérienne et pas très large. Mais ce coup-ci ça passe quand même dedans.
En dessous, on désescalade plutôt aisément une dalle légèrement tallaidée en son milieu, de quoi fournir de bonnes prises.
Victoire! On a achevé les derniers gradins ! On peut maintenant buller dans les raides prairies en bas de face, manger un peu, profiter des thermiques remontants et du temps qui passe.
Avec une belle vue d'ailleurs.Bon c'est quand même bien crevassé le plateau entre la Réchasse, le Pelve et le Dard.
Votre Serviteur devant le col de la Vanoise.
Bon ben c'est pas le tout mais c'est le temps de la descente! Assez raide au début, puis trouver le point faible d'une barre de marbres chloriteux, bien sombres. Ca passe bien à gauche.
De gros bouquetins mâles font la sieste digestive au soleil dans le secteur.
Il s'agit maintenant de descendre le sauvage et discret vallon de l'Arcelin, moins monumental que celui de la Glière, mais plus agréable.
Ce monsieur qu'a pas de nom a fière allure, avec sa grotte, ou du moins un porche dantesque. Sa présence (du monsieur, pas du porche) semble du à l'érosion glaciaire différentielle. Allez comprendre...
Et voilà le vallon vu d'en bas. On a non seulement fait traverser l'Aiguille mais aussi fait le tour de l'Aiguille, ça c'est de la journée complète et bien réussie.
Que dire de cette course qui fut probablement une des plus belles de la saison alpinistique? Qu'on en gardera un très bon souvenir et que ce n'est probablement la dernière fois qu'on y retournera. L'Aiguille de la Vanoise, chère dans nos coeurs d'amoureux de la Vanoise, sera-t-elle une montagne chamoisarde ? L'avenir nous le dira.
8 commentaires:
Dis-donc Nico, il est splendide ce "monsieur" ...
Tu ne sais pas s'il est équipé par hasard ?
( tu me diras aussi où il se trouve sur la carte et la durée de la marche d'approche ... )
Bizz !!
Ben le "monsieur" se trouve au N de la Grande Aiguille de l'Arcellin, sous le glacier de l'Arcelin qui semble expliquer sa présence par érosion différentielle (le glacier aurait laissé 2 langues autour de ce point dur après recul)Il est signalé sur la carte par rien d'autre qu'une falaise sombre, non loin du point 2637m...La grotte non plus n'est pas signalée. J'en sais pas plus sur les moyens d'y accéder ;-)
Bon ben ce fut une journée à proprement parler "incroyable", le genre d'émotions que seule la montagne peut nous apporter !!
Une virée plein gaz, avec la compagnie presque intime des bouquetins, seuls dans la montagne, et la vue de 2 gypaètes gros comme des airbus, ce fut une journée tout simplement inoubliable.
Et chapeau Strider pour son sens aigü de l'itinéraire, car finalement, les pas faciles ne sont pas toujours pile sous les yeux ;-)
de rien, Visse...je suis très content que tu ai apprécié cette course, c'était l'objectif principal de cette sortie, que de te faire découvrir cette "dimension" que nous ouvre l'Aiguille de la Vanoise et que tu en ressortes ravi! Mission accomplie pour ma part, donc, d'autant plus que c'est une course que j'adore.Il y a aura des Aiguille de la Vanoise-bis ça c'est sur....Quand en plus on a profité en ce jour de la tranquillité automnale, les conditions étaient franchement idéales, c'est pas sur qu'on retrouve des conditions aussi exceptionnelles les prochaines fois
Ca va finir par se voir que la Tarentaise est plus jolie que la Maurienne..... ;-)
Très jolie course en tous cas.
Nico, tu dis que c'est spitté tout du long ? Donc c'est pas du TA ?
HYDRA
>Nico, tu dis que c'est spitté tout du long ? Donc c'est pas du TA ? >
c'est un peu spité dans le seconde partie mais ce n'est pas du spitage continu, les points sont généralement très espacés et servent à des endroits précis à un assurage déterminée(il y a plus rarement les relais de sortie des voies de la face nord aussi éventuellement) donc ce n'est pas du tout de l'aseptisé mais ce n'est pas non plus du pur TA...j'appelerai ça du TRAD, de la traversée classique de haute montagne, quoi...Très esthétique mais demande de l'efficacité dans les manips et d'avoir suffisamment d'expérience pour engager en tête, sans que les difficultés soient bien soutenues. En tout c'est très complet, varié et panoramique, en plus.
le lac présenté comme "lac des assiettes" est , en fait , le "lac des vaches".
Le premier est situé de l'autre coté de l'aiguille de la Vanoise
ha oui vous avez raison, c'est corrigé! merci
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