lundi 22 octobre 2007

Au fil du Trélod


En attendant que nos isards nous envoient des nouvelles, parlons un peu de ce qui a été fait ce dernier ouiquende côté chamois ;-)
Tout comme Patrick, les samedis en ce moment sont plombés pour causes de formation, ce qui limite un peu les choix de courses. Qui plus est, un froid et un vent très fort a été annoncé, d'où le fait que peu de courses ont été faites ce ouiquende par rapport aux week ends précédents. Peu importe, Patrick est motivé pour une rando ce dimanche, et je n'ai que cette courte journée pour aller en montagne. Hé bien ça tombe bien, la dernière fois à la Chaurionde, on avait dit qu'irait faire un jour le Trélod un de ces quatre dans ces conditions.
Parfait ! Nulle besoin d'aller haut pour se faire plaisir en montagne.

Nous partons le matin, vers 7H30 de Chambé, dans une ambiance de congélateur un peu cotoneuse, un lever de soleil contrasté et contrarié sur la Dent d'Arclusaz.

La vallée d'Ecole est dans cette athmosphère brumeuse, les pelouses sont givrées. Nous allons effectuer depuis la charmante commune de Doucy-en-Bauge, la traversée du Trélod du S au N, sens qui permet au retour de descendre le bout de route à faire au lieu de le monter, ce qui fait gagner du temps et mieux le vivre.

Nous partons dans la brume, derrière une ferme, sur une route pastorale, à bon train, car ça caille franchement. Un toutou de chasse aboie de partout pour signaler sa présence, et cherche des pistes, on l'entendra pendant au moins une heure trente. La montée dans la forêt est un peu longue mais on arrive très vite au pied du synclinal calcaire perché du Trélod, qui ressemble un peu à un paquebot, vu du col de Frêne, ou encore à un chateau médiéval!

La seule faiblesse de la paroi se trouve sur une vire au niveau d'une cascade qui n'est plus très active. Le passage est gentilement aérien. Seul souci : les lits du ruisseau au milieu sont verglassés, heureusement que ça passe par les rochers du bord.

Nous dominons peu à peu les nuages, entendant toujours le toutou, tandis que le système de vires emprunté par le sentier cède aux pelouses supérieures, où nous retrouvons le soleil...Ha..

Les raides pelouses en face sont comblées de chamois, au moins une trentaine, en train de croquer l'herbe givrée.

La Dent de Pleuven à notre droite ressemble à un promotoire du bout du monde.

Patrick devant une belle mer de nuage devant le Mont Colombier, un autre 2000 des Bauges.

Nous arrivons sur la crête du Trélod, crête que nous allons suivre de part et d'autre du sommet. En ce lieu bucolique "suspendu" résonne un petit côté "sanctuaire" introduit justement par ce caractère "entouré de falaise", nous sommes dans la forteresse!

En face, les alpages de Plan de la Limace, comme son nom l'indique, et le Pecloz derrière au delà de la mer de nuage.

La crête bucolique, taillée dans les marnes du Séquanien, cède devant la rugosité du bloc sommital taillé dans les calcaires urgoniens. Cette diversité est élégante. Toutes ces zones sont paturées de manière très équilibrée, ce qui évite les végétations étouffantes et permet le renouvellement des espèces dans la saison. Ca fait de belles lignes pures.

La brume se disloque progressivement dans les vallées Baujus.


La montée est agréable, avec ce soleil, mais un vent suspect se manifeste de temps en temps.


La Dent de Pleuven, subit l'effet "Dibona" celui d'être impressionnant d'en bas mais plus d'au-dessus. Sorte de perchoir devant le spectacle alpin, avec au fond l'Arclusaz, Belledonne le Sillon Alpin etc...

Nous approchons du bloc sommital


Le décor se creuse dans cette belle montée


La crête pré-sommitale : imaginez l'époque du Wurm où la limite des neiges éternelles étaient vers 1300m, ici il devait y avoir une jolie arête de neige cornichée, ourlée devant les rochers de l'arête sommitale


Un groupe de marcheur progresse sur l'arête, devant le val de la Compôte et le Mont Colombier.



Nous abordons les rochers de l'arête sommitale, belle échine calcaire toute facile, très amusante et large.


Des rochers lapiazés, on commence à voir le Mont Blanc, surlequel la furie des vents et des nuées ne décollère pas!


Patrick à l'abri des vents



On entrevoit le sommet au fond de ce parcours sympa.


On peut même corser un peu le passage par une mini cheminée pas exposée!!
N'est-ce pas Patrick?!


Et voilà le summit!!2181m..La tronche très classique d'un sommet Bauju, on se croirait à l'Arcalod ou au Colombier, c'est assez semblable

Il y fait très froid en ce jour et on ne tient qu'à l'abri du vent de l'autre côté!!!


La vue sur la Dent d'Arclusaz devant la Combe de Savoie, perdue dans les nuages, avec Belledonne au fond. Remplacez ces nuages par des glaciers, baissez un peu mentalement l'altitude de ces glaciers et vous aurez une idée d'à quoi ressemblait la dernière glaciation.


Sommet de perchoir, perchoir du ciel.


Difficile de tenir face au vent, on mange comme on peut et les photos sont prises avec une certaine difficulté de tenir en place!Nous ne sommes pourtant pas seuls au sommet, avec en ce jour, pas mal de gens qui vont visiter l'un des plus célèbres 2000 bauju.


Vue sur la Maurienne, les Aiguilles d'Arves et les Ecrins



La Croix du Trélod au look quelque peu breton, enfin disons marin, quoi..
C'est pourtant une donation baujue, de la commune de Doucy.


Bon allez on arrête les frais, on va finir en glaçons...Nous décidons de descendre, continuant notre traversée vers le Nord, contournant le bloc sommital puis reprenant la crête ou l'on retrouve par parralèlisme les marnes du Séquanien et les pelouses paturées qui vont avec..


Direction, un joli col bucolique, puis la Dent de Portes. Cette marche est adorablement panoramique et bucolique.


Le sommet vu d'en dessous.Voilà pourquoi en été, un contournement est plus ou moins nécessaire.


Nous suivons la logique de ces crêtes marneuses, en direction de l'ensemble de la montagne du Charbon. Grands Espaces, moins de vent, moins froid, ça devient très, très agréable.


Et voilà la Dent de Portes, petite aspérité calcaire que nous allons faire en cours de route, retrappant à la descente le sentier que vous voyez par un petit raccourci terreux.


La crête qui y accède est très sympa. Somme toute, c'est toujours sur la même crête que nous sommes depuis plus de deux heures!

Le sommet s'accède par une petite-vire sentier légèrement aérienne. Un seul pas très simple est exposé, mais rien de méchant.

Un petit cairn sur ce promontoire sympathique et vertical de l'autre côté


Vue "Grands Espaces" sur le Trélod et l'ensemble de la fameuse crête que nous avons suivie!


Le massif du Mont Blanc, pris au télé, dans sa masse de nuages et de vents. Les conditions semblent y être très rudes.


L'Arcalod se fait un peu accroché par les nuages.


Le sentier contourne à la descente la dite Dent, avec ses calcaires compacts élancés.


Ils ont même une patine bleue très jolie, alors que nous prenons le large passage à ses pieds, avec l'échine du Roc des Boeufs pour fond.

Nous traversons ensuite la lumineuse forêt de feuillus à ses pieds pour rejoindre le parking et le vallon de Doucy.
Descendre la route dans ce cadre bucolique est finalement assez agréable, surtout qu'il n'y a pas grand monde qui circule à cette heure.

On reconnait les hauteurs "perchées" du sommet du Trélod, forteresse bien gardée!


Sympathique maison baujue dans la non-moins charmante commune de Doucy.


Alors que nous arrivons au hameau de départ, on retrouve, cette fois-ci dégagé des nuées, la zone de la montée, juste derrière la Dent de Pleuven, dans ces espaces si diversifiés, si ressourçant.

Traverser le Trélod, ce n'est pas rechercher un quelquonque défi, c'est avant tout pénétrer dans une forteresse perchée aux hauteurs vastes, à la fois bucoliques et prononcées et saisir un peu l'âme de ce massif, dans sa diversité, sa générosité. C'est vivre un moment "suspendu" où c'est la parenthèse qui devient l'essentiel, celui de respirer et de vivre le bonheur sain d'être tout simplement en montagne.

Par Nico Strider(texte et photos),

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Joliment contrasté, avec cette ambiance automnale !!
Comme tu dis, ce sont les joies simples d'être en montagne, mais faut s'rendre à l'évidence : c'est une DROGUE !!!!