lundi 14 septembre 2009

Prise de Bec avec Annapurna


Participants : Annapurna & Hydra (acte III de mon séjour estival)

Secteur : Vanoise

Textes : Hydra

Photos : Hydra



Rentré avec Nico Strider de la Becca Bianca, je contacte un nouveau compagnon de cordée, Nico Annapurna, afin de déterminer la suite des évènements.

Nous avions envisagé il y a deux jours d’aller au Grand Bec, en plein cœur de la Vanoise, par l’itinéraire suivant : glacier des Volnets / arête du Vallonnet / Grand Bec.

Ce qui est séduisant dans cet itinéraire, c’est la succession d’un parcours glaciaire, puis d’une arête rocheuse avec ensuite une arête de neige qui débouche, à son tour, sur une nouvelle arête sommitale. C’est peu banal.

L’autre attrait du Grand Bec, c’est l’arrêt souvent calme, et gustativement exquis, au refuge du Plan des Gouilles….

Cependant, il y a un petit atermoiement, du fait du passage d’une perturbation le dimanche, qui va décaler notre projet au lendemain.

Je quitte sous la pluie, avec regret Strider, qui va lui filer du côté de Bozel pour rejoindre sa famille, pour aller au camping de Champagny.






Un des avantages de ce camping, c’est qu’il est situé au départ de la marche d’approche pour aller au refuge du Plan des Gouilles.

Annapurna arrive le lundi en fin de matinée. Nous cassons une graine, puis nous préparons nos sacs. Le temps est très incertain. Il y a un sale nuage qui traîne dans toute la vallée. Nous laçons nos chaussures, et nous voilà partis. J’avais prévenu Annapurna, que de suite, le sentier forestier grimpait bien…


Protégés par nos vêtements de pluie, nous montons efficacement jusqu’au refuge du Plan des Gouilles. Avec les nuages, l’ambiance est un peu austère, voire londonienne. Nous entrons dans le refuge pour nous réchauffer. Nous sommes accueillis par de drôles de gardiens : un chien et un chat….puis par un couple de jeunes. Julien, le gardien « en titre », arrivera trempé plus tard dans la soirée.







Nous nous changeons et mettons nos affaires à sécher. Comme souvent, il n’y a pas foule, et à ce moment précis, il n’y a même que nous. Nous profitons de la sérénité des lieux pour lire (ou relire) de vieux numéros de Montagne Magazine et de Vertical.

De la cuisine, une odeur familière alerte mes papilles gustatives….on dirait une odeur de fondue savoyarde. Ah, la fondue savoyarde, c’est un peu ma madeleine de Proust….Ils ont bien de la chance les trois gardiens !







Mais voilà t’y pas qu’en mettant les couverts à notre table, les gardiens y dépose un réchaud à fondue. En regardant Annapurna, je n’ose y croire….Annapurna aussi se pose des questions. Servir une fondue savoyarde dans le cadre d’une demi-pension, faut le faire ?

Ben, ils l’ont fait , et on les remercie encore, la fondue était très bonne !

Je sais pas si c'est grâce à la fondue ou au fait que l'on soit uniquement deux dans le dortoir, mais la nuit fut douce et réparatrice.

Au réveil, les automatismes nous permettent de se mettre en route rapidement. Au bout d'une heure, nous parvenons au col de la Becquetta, en même temps que le soleil. La vue sur le glacier du Troquairou, n'est pas engageante : il y a de gros morceaux de glace issus de la chute de séracs, plus des gros blocs de pierre tombés de la paroi de droite...sans parler de l'état du glacier, très sec, voire lugubre.

Vue l'état des lieux, j'estime que l'enchainement Volnet / Vallonnet / Grand Bec, plus long, est susceptible de nous faire rentrés plus tard et de nous exposer davantage sur le retour. J'en parle à Annapurna qui acquièsce de son côté. Nous nous équipons rapidement et prenons directement le chemin du Grand Bec. Vu l'état du glacier, je décide de passer par l'itinéraire mixte en rive droite du glacier du Troquairou, qui est en général l'itinéraire de descente.


Vue sur le col de la Becquetta et le bas du glacier du troquairou : la zone de tous les dangers !



Les séracs menaçant la traversée du glacier du troquairou : rapidité exigée et stress garanti.



Lever de soleil sur Bellecôte et le Dôme des Pichères



Aurore sur les faces nord de la vallée de Champagny



Annapurna ne manque pas une miette du spectacle.


Séracs et crevasses en plein coeur du glacier du Troquairou : on ne passe toujours pas ! Au sommet du Grand Bec, on dirait qu'il y a deux cordées.



L'arête aérienne du Vallonnet (envisagée la veille) nous domine encore...



Sortie des pentes en mixte. Une crevasse et la rimaye nous empêchent de prendre directement le chemin le plus court (le sommet du Grand Bec est à droite sur la photo), il faudra poursuivre en contournant par la gauche...



Vue spendide (je ne m'en lasse pas) sur le glacier des Volnets, les Glières et la Grande Casse



Un passage très esthétique avec la Grande Motte, en arrière plan.



Derniers mètres avant le sommet, la vue se dégage vers le Nord. Il reste à franchir la dernière difficulté : l'arête rocheuse. Je m'élance, place deux sangles, et le tour est joué, je suis au sommet. J'assure Annapurna qui me rejoint dans la foulée. Nous sommes seuls au sommet pour profiter de ces moments de plénitude.


Gros plan sur le Mont-Pourri et la Sache depuis le sommet. En arrière plan, on dirait le Cervin.



Péclet-Polset au second plan, les Ecrins en arrière fond. Au premier plan, le Petit Mont Blanc de Savoie est sous les nuages...


Regards au Nord vers la chaine du Mont Blanc alors que la mer de nuage se désagrège.


L'arête de neige du Grand Bec, sa rimaye, et la Grande Casse.



Annapurna au sommet. Une dernière photo, et c'est déjà l'heure, malheureusement de rentrer !



L'arête de descente et les glaciers de la Vanoise.



Nous engageons le retour par un pas légèrement aérien. Je râle un peu contre Annapurna qui, par mégarde, a enlevé les sangles à la montée, et qui du coup doit les remettre, pour sécuriser la descente...


Seuls au monde ?



La pente s'accentue mais reste très photogénique. La descente est un peu longue et la neige se transforme allègrement petit à petit. La chaleur nous accable impitoyablement. La dernière traversée pour rejoindre le col de la Becquetta est un supplice. Nous titubons, transis de fatigue et de transpiration, sous la menace des séracs et des chutes de pierre. Mais finalement, ce n'est ni des séracs et ni des chutes de pierre habituelles que viendra le danger, mais tout bonnement des crevasses. Par deux fois, Annapurna s'enfonce, sans gravité, jusqu'au genou, alors que nous sommes en plein sur la trace....

Un seul objectif : vite, tirons nous de là !



Enfin le col de la Becquetta ! On peut souffler et se rafraichir !



L'austère face Est de la Becca Mota.
Soudain, j'entends des voix. Annapurna me prend gentillement un peu pour Jeanne d'Arc...
Quinze minutes plus tard, les deux cordées aperçues au sommet, dans la montée, surgissent du glacier des Volnets et se dirigent vers nous. Ils ont sûrement du passer par l'arête du Vallonnet. Bizarrement, ils s'arretent au pied de la paroi, en plein dans la zone exposée. Plus tard au refuge, je réalise, avec stupeur, que les deux cordées sont menées par des guides...


Vue superbe au col de la Becquetta : comment ne pas revenir ?
La descente jusqu'au Plan des Gouilles est rapide. Nous y cassons une petite graine puis reprenons sans trop trainer le chemin du camping : ils restent plus de 900 mètres à descendre afin de rejoindre Lor et Stéphane dans l'après midi, dans la vallée voisine de Bourd-St-Maurice.
A suivre.

1 commentaire:

Annapurna a dit…

Merci Anthony de ton récit. Désolé, j'ai zappé l'envoi des photos, j'ai du boulot par-dessus la tête !

A+

Nico