dimanche 13 mai 2007

Grande Diagonale à la Pena Téléra (Espagne) avec le CAF de Bordeaux

Auteur du texte: Hydra


Protagonistes : CAF de Bordeaux (Manu, Emerick, Maria, Xavier 1 et Xavier 2, Gael)


Photos : Hydra

Le 12 mai 2007





La sortie alpinisme du mois de mai du CAF de Bordeaux, est souvent une date à ne pas râter, et c'est avec une certaine impatience que je l'attendais fébrilement. En effet, mai est le mois des belles courses de neige dans les Pyrénées : Mont Perdu, Vignemale....que de très bons souvenirs...



Au dernier moment, notre choix de course s'oriente vers l'Espagne et la face nord de la Pena Telera, qui offre de nombreux et splendides couloirs, parait-il.


L'heure du RDV est fixée au vendredi soir, et nous comptons sortir samedi et le dimanche si possible, vu que les prévisions météo sont très optimistes pour ce week end.


Vendredi soir, l'heure de la débauche arrive enfin, je quitte mon costume de travail et adopte une tenue plus montagnarde. J'ai tout mon temps, car mon dernier RDV étant dans la vallée d'Ossau, je suis déjà sur la bonne route vers l'Espagne.


Je m'arrête à Laruns pour boire une bière, et hop, c'est l'aventure. Je penètre dans la partie terminale de la vallée d'Ossau, que je découvre à ce niveau. Comme souvent dans les Pyrénées, la route serpente d'un côté et de l'autre de la vallée, accrochée à des falaise impressionnantes (je suis impressionné par ceux qui ont construit ces routes...).


Au niveau d'Artouste, la vue se dégage. Je sais que l'Ossau est tout à côté, mais il demeure invisible, car il me toise de sa hauteur. Je ne le verrai, qu'une fois arrivé au col du Pourtalet.







L'ambiance au col est un peu austère car je suis seul à profiter d'un joli panorama et tout est fermé (même les ventas, c'est dire....). J'ai un peu d'appréhension car plus loin, c'est la frontière espagnole et donc la "grande aventure" dans une terre inconnue...









Personne non plus au poste frontière, le coin est vraiment désert. La descente côté espagnole est différente. Tout d'abord, les télésièges de la station de Formigal ajoutent une touche morose et décalée au paysage, puis la montagne reprend ses droits...sommets enneigés, forêts vert émeraude, lacs d'un bleu enchanteur. Autre surprise, cela construit partout mais avec une certaine unité architecturale (pour l'Espagne....). J'arrive rapidement au petit village de Piedrafita, objectif de notre bivouac. Nouvelle surprise, il est magnifique, authentique, tout en pierre d'Aragon, un vrai village de montagne, épargné par la spéculation immobilière engendrée par les stations de ski.



En lisant les topos, je n'ai plus qu'à trouver le parking....mais problême, il y a deux routes à la sortie du village. Je choisis celle de droite indiquant Pena Telera....mais fatalement, comme la route est barrée, ce ne doit pas être la bonne ! Demi-tour, je prends la seconde route et j'arrive enfin à un parking ! Je pensai trouver une foule de voiture dans un coin aussi splendide, des hordes de randonneurs...mais non, je suis encore une fois tout seul...Du coup, je me demande si je suis au bon endroit.



Je coupe le moteur, sors de la voiture et m'étire. J'en profite pour jetter un coup d'oeil aux environs...Le topo parle d'une grange énorme à côté du parking. Je me dirige, par curiosité vers un énorme batiment en parpaings mais qui n'a pas l'air d'une grange. Effectivement, c'est un hangar agricole et une bergerie. Mais bon, cela me rassure quelque peu, je pense, qu'à priori, je dois bien être au bon endroit.



Je n'ai plus qu'à attendre le reste des cafistes. J'en profite pour faire du repérage : un coin d'herbe pour la tente, de l'eau pour la popotte....avec le ruisseau et des tas de prairies, je n'ai que l'embarras du choix. Je décide de partir en photo-reportage à la Strider car le coin est vraiment enchanteur et bucolique !







En effet, je n'ai plus vraiment l'impression d'être dans les Pyrénées, car les profondes et encaissées vallées pyrénéennes françaises, laissent place ici à d'énormes lacs et à une végétation surprenante, j'ai un peu la sensation d'être dans la vallée de la Durance, de surcroit, la chaine de la Telera à des aspects dolomitiques...drôle de mélange, je tombe amoureux du coin sur le coup !








Je retourne au parking, heureux comme tout d'être là. Je suis complètement rassuré à la vue de trois quidam qui ressemblent fortement à des bordelais...oui, ce sont bien mes futurs compagnons de cordée, je reconnais Xavier,Gael et Maria. Après les formules de convenance, on discute de l'emplacement du bivouac...après moult discutailles, on choisit un coin qui a le mérite de fournir une herbe bien grasse mais le défaut de surplomber de deux terrasses le parking où sont rangées les voitures (ce sera important dans la suite du récit).




En attendant les trois derniers compères de notre aventure, on en profite pour monter les tentes et faire les préparatifs du repas. Réchaud butagaz, soupe Knorr, pâtes, sont encore une fois au coeur de l'action, pendant que la nuit tombe tranquillement !


Après la tisane, il commence à se faire tard, il fait désormais une nuit d'encre et tout le monde s'inquiète. Où sont Manu, Emerick et le second Xavier ? Un bruit sourd de moteur nous fait espérer, en effet, une voiture vient vers notre direction...Elle monte et s'arrête logiquement à la barrière bloquant le chemin. Elle fait ensuite marche arrière, nous faisons tous des tas de signes lumineux avec nos frontales, Xavier enclenche les warnings de son break, mais en vain, rien n'y fait la voiture descend toujours, comme si elle ne nous avait pas vu. Soudain, elle s'immobilise au niveau de la bergerie 200 mètres plus bas. Nous faisons à nouveau des signes lumineux et crions comme des dératés. Nouvel échec. Nous décidons de les rejoindre directement. Nous traversons les trois étages du parking, le ruisseau et arrivons au niveau de la bergerie, mais faut espoir, ce ne sont pas eux, mais deux Espagnols qui nous regardent bizarrement, ils doivent nous prendre pour des demeurés !



Nous retournons au campement, penauds, spéculant sur ce qui aurait pû les mettre en retard. Nous décidons d'aller dormir quand deux voitures arrivent enfin. Trop tard, je suis déjà au chaud dans mon duvet. Mais ce sont bien eux, Manu passe faire le tour des tentes pour indiquer l'heure du réveil, et le second Xavier s'invite dans la mienne, petite tente "Quéchua 2 secondes" que j'ai bien fait d'acheter d'ailleurs le jour même à la dernière minute, sinon...


La nuit se passe sans encombre au son de la brise et du coucou. L'aube nous éclaire royalement dès 6 heures ! C'est à nouveau un concert de ronflement de réchauds ! Chacun se prépare pendant que j'essaie de replier la tente Quéchua. Deux secondes à l'installation, mais combien pour la ranger ? J'essaie une fois mais en vain. Xavier vien m'aider, et on arriver à la plier en deux. C'est déjà bien mais pas suffisant. J'y arrive presque mais je fais une fausse manip et la tente se redéploie ! Bordel ! Je regarde les autres qui sont quasiment tous près et qui doivent se marrer en me voyant. Nouvelle tentative, je suis résolu à passer en force s'il le faut. Semi victoire, j'arrive à bricoler une position intermédiaire qui rentre dans mon coffre, cela suffira jusqu'à ce soir.


Enfin, c'est le départ de la course. Nous suivons le chemin le long de la forêt et soudain, la chaine de la Téléra s'étale devant nous illuminée par le soleil levant. MAGNIFIQUE !!


Le problême c'est qu'il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup de neige, mais bon, nous savons que les couloirs sont profonds dans la face nord. Nous arrivons enfin en vue de notre objectif : la Pena Telera. TRES IMPRESSIONNANTE, style la Meije, mais en mieux !




Il faut désormais trouver le couloir de la Grande Diagonale. Mais d'où nous sommes, on ne voit rien qui ressemble à un couloir en AD, tant tout à l'air vertical et exposé. "Le couloir est à 200 mètres à gauche de l'aplomb du sommet" lit l'un d'entre nous sur un topo ! Je fais remarquer que l'aplomb du sommet, change de place, en fonction de l'endroit où l'on se trouve !





"Il faut suivre le premier cône de déjection du pierrier", surenchérit le lecteur du topo ! Voilà qui est plus clair. Nous poursuivons plein ouest sur notre droite en direction du pierrier, et tout à coup, le couloir nous saute aux yeux, caché comme un joli bijou au fond de son écrin.



Nous nous dépêchons d'atteindre le départ du couloir, pour gouter la neige et chausser les crampons, enfin les choses sérieuses vont pouvoir commencer !


(NDA : Pour en savoir plus sur les détails techniques, merci de suivre ce lien , parce que vraiment, durant l'ascension, aucune photo n'a été prise. Exceptée celle-ci à la sortie du couloir ) :




Le plus dur est fait, mais nous ne sommes pas encore au sommet. Nous débattons sur le choix du meilleur itinéraire de descente. Nous avons le choix entre la voie normale, mais qui passe par des pentes exposées l'après midi, et des couloirs à descalader en rappels. Nous optons, après mures reflexions pour la seconde solution, même si enchainer des rappels à 7 n'amusent pas grand monde. Nous repartons d'un pas décidé vers le sommet. Le vent qui nous a surpris à la sortie du couloir ne faiblit pas et nous accompagne jusqu'à la cime.



Nous ne trainons pas au sommet car d'une part le temps se couvre et d'autres part le vent nous refroidit désagréablement. Nous basculons dérechef vers les crêtes occidentales de la Pena Téléra, surchargées de magnifiques corniches.





Nous perdons un peu de temps à chercher le bon couloir équipé pour les rappels, et enfin des anneaux de corde apparaissent. Ils ont l'air bien agés et mal disposés par rapport à l'axe de la pente.... En regardant plus à droite, on découvre 5 mètres plus bas dans le couloir, un relais de bien meilleure facture. Le vent en profite pour chasser les nuages et pour nous offrir des vues splendides.


Ainsi que des perspectives vertigineuses....



Les rappels se passent plutôt bien, quand tout à coup Emerick, qui descend le premier, pousse un cri de douleur lorsqu'il reçoit lors du second rappel un bloc d'une quarantaine de Kg, que la corde a désolidarisé de la paroi, lors de son passage. La pierre s'est détachée au niveau de son bassin et a ripé sur ses mains et son genou. Heureusement, pas de gros bobos, mais il s'en ait fallu de peu, heureusement que le bloc n'a pas eu le temps de prendre beaucoup de vitesse....



Le reste de la descente est un peu fastidieux du fait de la fatigue, mais le cadre reste magnifique. Ce couloir en Y est très profond et on a quelque peu l'impression de glisser dans les entrailles de la terre. La pente reste tout de même soutenue et le risque de chute de pierres très présent. D'ailleurs, des bruits inquiétants surgissent des couloirs voisins.



Mais finalement, tout le monde descendra l'Y sain et sauf et sera récompensé par la magnifique vue sur les faces sud de l'Ossau, du Palas, de l'Ariel, du Balaitous, du Vignemale et sur le massif de Gavarnie et du Néouvielle plus à l'est.



Nous retrouvons nos voitures au parking et remettons en place notre bivouac. Très vite, nous commençons l'apéro : cidre, rosé, blanc, grave...et poursuivons notre repas jusqu'à ce que l'orage menaçant nous envoie ses premières gouttes. Branle bas de combat, tout le monde rentre dans sa tente. Du fait de la fatigue, je suis bercé dans mon sommeil par le rythme des gouttes sur le toit de la tente. Un rythme très techno, ponctué de cris qui se rapprochent dans la nuit. Les cris se rapprochent énormément et me réveillent ! Mais non, je ne rêvais pas, il y a bien une rave sur notre parking à côté de nos voitures ! Une poignée d'Espagnols, surgis de nulle part, munis de lampes frontales clignotantes dansent et crient comme des diables, en pleine nuit à 2h du matin, au son d'une musique techno surgissant d'une de leurs voitures....Incroyable....j'ai vraiment du mal à y croire. Du fait de notre position surélevée par rapport au parking, ils ne doivent pas nous voir, et d'ailleurs le pourraient-ils dans l'état où ils se trouvent.....Et puis, comme ils sont arrivés, ils sont repartis dans la montagne, en laissant leur "coche" sur le parking.


Le lendemain, le réveil est difficile pour tout le monde. Le temps n'est plus à la fête, et toute sortie est de fait compromise. C'est l'abattement général.



Mais ce n'est que partie remise pour de nouvelles aventures que j'espère bien pouvoir vous raconter !




A bientôt




10 commentaires:

Anonyme a dit…

La Meije ??????
Quelle provocation !!!
Pourquoi pas L' Olan tant que tu y es ???

Sacré Mister H !!!

Bon, finalement, pas de photos besause gros but, style Nimp' Crew ou APN perdu style Pastriste ???

Hydra a dit…

Faut sortir de ton trou chambérien mon cher Alban....la Pena Telera, c'est terriblement irrésistible !!

L'Olan ? Il y est passé Bérhault par l'Olan dans sa traversée des Alpes ? Eh eh!!!....Alors que la Meije et la Grande Casse....pas besoin de te faire un dessin !!

Anonyme a dit…

Ahhh ...
L' aut' !!!
Et puis Messner aussi ???

Hydra a dit…

Cher Albank,

Au delà de toute polémique stérile, je tiens à te remercier, oui toi mon (seul ?) lecteur.

Merci

Anonyme a dit…

!!!

Bon, finalement, pour y aller, en haut cette colline, il y avait quoi : une départementale ou une communale ???


;o)

François Colas des Francs a dit…

mais non alban n'est pas ton seul lecteur, hydra...
pfff!

Hydra a dit…

Merci Fançois !

Je te décore de la médaille du meilleur lecteur du mois !

Anonyme a dit…

Heu ...
Et moi, je peux crever alors ???
D'autant qu'ici, c'est pas C2C, même si tu fous un million de messages, ça fait pas pour autant remonter ton post !!!

Hydra a dit…

Désolé Alban,mais c'est François le meilleur lecteur du mois...non mais sans blague ! En voilà des façons de remettre en cause l'impartialité du jury !!

Ce sera le prix citron, pour vous, mÔsieur Alban.....

Anonyme a dit…

Le prix Citron ???

Tsss, j'y crois pas, cherche toi vite un hôtel pour cet été, je pense que je serai vite complet !!!

( tiens, voyou va !! )

;o)