Texte et photos : Hydra
Karine et Hydra + Olivier, Pierre et Xavier
Le 8 juillet 2007
Karine et Hydra + Olivier, Pierre et Xavier
Le 8 juillet 2007
Photo classique de l'Ossau (photo du net)
Le Pic du Midi d'Ossau (2884 mètres) est une course mythique pour tout les amoureux des Pyrénées. Annoncé souvent, à tord, comme le sommet du Béarn (c'est son voisin le Palas qui est en fait le point culminant des Pyrénées Atlantiques), il attire l'oeil comme un aimant, tant sa majesté l'Ossau domine les alentours.
Par beau temps, on peut le voir depuis Bayonne, son nom et sa silhouette, présente partout en Béarn, en font une des montagnes les plus connues (sans parler de l'appelation fromagère Ossau-Iraty) dans le secteur. C'est un peu le Cervin des Pyrénées....
Depuis quelques temps, ce projet sommeillait en moi. J'y projetai une sortie pour le 14 juillet avec Karine et mon frère Cyril. Cependant, les aléas du calendrier vont provoquer un chamboulement...
Jeudi dernier, je rodais pour mon boulot dans le secteur basco-béarnais....La luminosité est tellement incroyable, qu'on y voit comme en hiver, lorque le ciel est ultra pur. Même si les sommets ont perdu leur couverture blanche, la chaine pyrénèenne est splendide. Je n'ai qu'un seul regret : mon appareil photo, oublié...Mais c'est décidé, ce week end il faut faire l'Ossau !
Très vite, j'échaffaude un plan : Karine me descendra les affaires de montagne depuis Bordeaux, on passera par Pau pour faire les soldes chez Sport 2000 et on filera ensuite vers Laruns......Beau programme en perspective, un week end de Lune de Miel en quelques sortes !
Samedi matin, c'est l'heure du départ. Mais le ton change rapidement. Le temps extraordinaire de jeudi et vendredi fait place à une triste bouillie chambérienne, mélange de nuages et de coins de soleil.... Mais bon, nous partons quand même. Arrivés à Pau, le temps empire, mais la bonne nouvelle, c'est que Sport 2000 brade les goretex Millet. Merci qui ?
Il est temps de passer aux choses sérieuse, direction les coteux de Jurançon. Nous traversons Pau, puis Gan. Je file vers Busy, où existe une crêperie terrible, située sur une colline offrant un panorama splendide et unique sur l'Ossau. Mais hélas, malédiction, c'est fermé ! Plus grave encore, le temps empire. Il tombe des gouttes et je commence à douter.... que faut-il faire ? Continuer ou rebrousser chemin ? Cette question me ronge l'esprit. Je suis à deux doigts de faire demi tour.
Nous décidons de continuer quand même, plus au sud, à Laruns pour casser la croûte, et d'y faire le point, car nous ne sommes pas pressés. Nous mangeons dans un petit restaurant, au nom, très local, de Youkoulélé....(sic), mais dont la cuisine est savoureuse. Ce petit aire des iles va en fait nous porter bonheur....le ciel s'éclaircit de plus en plus au fil du repas. Au dessert, et oui, c'est sûr , il fait même carrément beau. Nous pouvons enfin filer vers l'Ossau.
Je retrouve avec plaisir la route de la Pena Telera (cf message antérieur). Le village des Eaux Chaudes est toujours aussi accueillant.... Par contre, la route me semble moins longue. Juste avant le col du Pourtalet, nous nous garons au parking, qui est bondé, et nous prenons la direction du refuge de Pombie (CAF). Une heure de marche nous attend pour rejoindre le refuge, point de départ de la voie normale de l'Ossau.
Au sommet du raidillon, nous arrivons à un col, l'Ossau enfin monopolise tous les regards....
...même si en fait, le Palas (à gauche sur la photo) et son compère le Balaitous (à droite au fond) offrent un spectacle un peu plus alpin du fait des traces de neige toujours présentes...
Le bivouac !
Pour changer de notre dernière sortie au Vignemale, le refuge est encore plein (c'est bien la peine de payer une cotise CAF pour dormir dehors...) et hop, c'est un nouveau bivouac. Par contre, les spots locaux permettent un arrimage béton armé dans la pelouse locale, et comme à Baysselance, on peut grignoter à Pombie également : soupe + poulet riz au cumin....
Durant la nuit, un terrible orage se déclenche et nous réveille en sursaut vers une heure du matin. Je suis légèrement inquiet, même si notre tente a connu pire à Champagny ou encore à Gavarnie (grêle, etc...). J'ai peur en fait que notre projet du lendemain soit compromis du fait du mauvais temps. Durant une accalmie, je sors pour inspecter la tente. Tout va bien, elle tient le coup !
Au petit matin, le ciel très clair nous rassure. On avale en vitesse le petit déjeuner et on file au col de Suzon. Arrivés là, la voie normale de l'Ossau nous contemple. Il n'y a plus qu'à.... même si à première vue cela ne va pas être de la tarte ! Le spectacle est en fait de l'autre côté du col, où une jolie mer de nuage serpente dans la vallée. Mais très vite, mon regard se fixe à nouveau sur l'Ossau et sur un groupe qui à l'air de squatter à son pied.
En poursuivant sur l'arête, mes doutes se renforcent, une quinzaine de personne sont bien là à glandouiller. Ce groupe d'une douzaine de personnes, équipées de casque jaune, est composé de Palois et menés par un "guide" d'Oloron Ste Marie. J'en profite pour faire une pause en grignotant un petit encas en attendant que le groupe franchisse la première cheminée de l'Ossau. Ils mettent un temps fou : leur guide a posé une corde fixe dans la cheminée et chaque client est relié à la corde par un machard. Avant que le dernier des leurs s'engage, Karine et moi filons à l'assaut de l'Ossau. Le rocher est en bon état dans cette cheminée, pas très difficile. A sa sortie, nous doublons avec satisfaction tous les autres membres du groupe. Ouf !
Quelques mètres plus haut, des cris plongent tout le monde dans l'effroi "pierre, pierres". Je lève la tête et regarde, médusé, des pierres s'engouffrer dans une cheminée située un peu plus haut sur la gauche et ressortir à la vitesse de l'éclair. Personne n'est touché, mais ça crie de partout : des Espagnols ont l'air de descendre dans la cheminée pendant que d'autres ont l'air d'y monter. A son pied, un couple se protège comme il peut sous la paroi. Nous rejoignons avec précaution ce couple. Ce sont aussi des Espagnols. Le temps de dire bonjour, qu'une seconde chute de pierre dégringole de la cheminée et un joli pavé se fracasse sur le crâne de la femme, heureusement munie d'un casque. Je me protège, comme je peux au pied de la paroi, la situation est critique. Une minute de calme passe, puis une seconde. Il faut passer. Je m'élance avec fatalisme, Karine étant à mes trousses. Je croise les Espagnols qui descendent en rappel dans la cheminée : "no e normal" me crient-ils "no e normal". Je ne comprends pas trop, ils sont en état de choc, j'ai l'impression qu'ils n'apprécient pas trop que je grimpe pendant qu'eux descendent.
Arrivés en haut de la seconde cheminée, nous voyons une autre cordée, de Français cette fois ci, qui est à l'origine des chutes de pierre. Ils n'ont pas l'aire à l'aise. Nous discutons et me disent qu'ils ne font pas la voie normale, mais une variante plus difficile. Je me suis trompé de chemin, il faut redescendre, et c'est à nouveau l'angoisse. J'explique la situation à Karine et la prie de mettre le turbo dans la désescalade...Je la double pour lui montrer le chemin, j'ai l'idée une brêve seconde de m'agripper au rappel des Espagnols qui ne sont pas encore en bas, mais je ne suis pas sûr qu'ils soient d'accord. En fait, le passge n'est pas trop dur. Je demande à Karine de récupérer l'anneau de corde des Espagnols car ceux ci rappellent leur corde. Ils sont très contents de ce geste. Arrivé en bas, je discute avec eux. En fait, eux aussi se sont trompés de chemin en voulant suivre le groupe précédent lorsqu'est survenue la première chute de pierre. En me criant "no e normal" ils voulaient me dire, "ce n'est pas la voie normale". Ils sont dépités et traumatisés. Le couple avec eux est déjà redescendu. Pendant ce temps là, Karine est toujours dans la cheminée et descend comme un escargot. Je lui demande d'accélerer le pas et me prend en retour une volée d'injure que tout le monde entend. Elle est en crise, pas habituée, malgré ses facilités en escalade, à descendre rapidement de cette façon, dans une tension critique de surcroit car il ne faut pas faire tomber de nouvelles pierres sur les Espagnols en dessous....
Je la laisse se défouler en faisant un point de la situation. Où est la bonne voie en fait ? Les casques jaunes nous ont redoublés et ont filés tout droit....Je bascule à l'opposé, plus à droite où passent trois personnes. Arrivé à leur hauteur, ils me regardent en rigolant....et je remarque que je connais l'un d'entre eux ! C'est un cafiste d'Orthez, Olivier, que j'ai rencontré il y a quelques temps lors d'un RDV professionnel. Olivier est un pyrénéiste pur souche et il connait l'Ossau comme sa poche. Bloqués par les casques jaunes, je demande si nous pouvons le suivre, ce qu'il accepte volontiers.
Olivier accompagne son ami Xavier, un basque de Bilbao, très gentil. Avec eux, Pierre, un Tarbais, a été récupéré au pied de l'Ossau alors qu'il faisait demi tour apparemment. Nous formons une cordée improvisée de cinq. La situation est cocasse et peu ordinaire.
Olivier nous fait passer dans une route parallèle, un peu plus technique, mais déserte. L'escalade y est agréable, oscillant entre le II et le III+. Karine et moi franchissons tout en libre, laissant la corde à Xavier et Pierre, guidés par Olivier.
Nous en terminons avec la troisième cheminée au même moment que les casques jaunes qui sont juste dans la cheminée de la voie normale sur notre gauche. Le cheminement est dorénavant plus aisé, plus besoin de mettre les mains. La vue demeure de toute beauté grâce à cette mer de nuage.
Un petit névé sympathique vient rompre la monotonie de la voie normale à cet endroit.
Après les cheminées, un immense tas de cailloux ! (photo de Pierre)
Enfin au sommet ! Les derniers mètres, peu difficiles mais engagés sur l'arête necéssitent une concentration extrême. La vue à 360° est splendide. La mer de nuages recouvrent toutes les vallées du nord, loin dans la plaine béarnaise. Je pense à tous ceux qui se trouvent sous cette grisaille....
Le temps de casser une petite graine avec nos compagnons de circonstance, et c'est l'heure du départ. Nous enfilons les baudriers pour les rappels et traçons notre chemin. Il faut retrouver la croix qui signale la ligne de rappel de la troisième cheminée.
Nous la voyons au loin très rapidement. Sur le chemin, nous embarquons une alpiniste australienne dans la descente. Malheureusement, un peu plus loin, nous retrouvons les casques jaunes qui sont en train de faire leur premier rappel. Ce sont en fait des débutants qui descendent très lentement.
Nous passons cette difficulté en désescalade, à travers les cordes des casques jaunes, que nous aidons de nos conseils.
La descente se passe bien jusqu'à la seconde cheminée. Olivier nous informe qu'elle est trop raide pour se passer de rappel. Je trouve les points pendant que l'australienne, qui n'a pas froid aux yeux, continue en désescaladant. Olivier fixe le rappel . Pierre descend le premier en moulinette, car il n'a pas de descendeur, ni de baudrier. C'est au tour de Karine. Pendant ce temps là, le guide des casques jaunes nous a rejoint. "Je peux me fixer sur vos points ?", nous demande t-il. Je lui réponds que "non, nous n'en avons pas pour longtemps, juste 5 minutes !". Le guide maugrée dans sa barbe à la recherche d'un autre point de fixation. Soudain, il déclenche une chute de pierre. Le bloc rebondit dans la cheminée et siffle à un mètre des oreilles de l'australienne qui nous attend plus bas, Pierre apparemment n'a pas l'air touché. Je suis scotché d'effroi, car j'ai crû à la dernière heure de l'australienne...Olivier engeule le guide comme du poisson pourri. Celui-ci ne semble pas mesurer l'ampleur de sa maladresse. Nous nous élançons à notre tour dans le rappel, en filant à toute vitesse. Le guide d'Oloron, fait descendre ses clients sur un seul brin, avec 2 ou 3 brins fixés sur le même point....
Le reste de la descente ressemble à une course poursuite. Tel du gibier dans une chasse à cour, nous fuyons l'Ossau, pousuivis par les casques jaunes, à la merci d'une maladresse.
Arrivés en bas, c'est le soulagement, la course poursuite s'arrête enfin. Tout le monde est sain et sauf !
La cordée au refuge (photo d'Olivier)
La mer de nuage, toujours présente , nous reconcilie aussitôt avec la beauté de la montagne !
Le Palas
Sur le chemin du retour (après une bière bien méritée au refuge), les nuages nous rattrapent.
Un EC 145 du PGHM, vient chercher un randonneur qui s'est cassé un doigt dans un pierrier....à 1 heure du parking, c'est peut être un peu superflu....
Nous retraversons la prairie, mais dans une ambiance écossaise cette fois ci.
4 commentaires:
Le Cervin des Pyrénées !!!
Rien que ça !!
Mort de rire !!!!!!!!
Ahlàlà, les brouteurs de collines, qu'est-ce que vous pouvez me faire marrer avec vos petites bosses caillouteuses !!!
J'en ai encore mal au ventre !!!
Allez Hydra, vite, une autre !!!!
Signé : votre Infect Alpin !!! ...
Alors, Hydra, t'as pu expérimenté au passage la colère féminine d'altitude ;-)
Redoutable, ça peut faire plus mal qu'une volée de parpaings !!
visse
Comment dire Visse..., on dirait que toi aussi, tu as pratiqué ce type d'expérience.....
Hé hé, effectivement !!
Pour ma part, j'ai renoncé à vouloir à tout prix accrocher un sommet, quand je pars avec ma douce. Les objectifs sont beaucoup plus vagues, moins impératifs !!
Visse
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