La Méan Martin, peu avant le lever du soleil, après une magnifique montée sous le clair de Lune, dans une athmosphère bien froide...Ce matin, nous allons traverser de part et d'autre ce sommet classique, où je n'ai curieusement jamais foulé les pieds...alors si c'est pas à ski, autant ne pas le faire par la voie normale.
La montée est bien tranquille, la couche de neige est faible et ne masque pas les crevasses dont la lecture est assez facile à ce jour.
En face la pointe de Buffettes, que j'ai faite il y a quelques années, juste après mon stage d'alpi. Ma première course en autonomie, à l'époque...
Le glacier fait une jolie petite combe, avec au fond une selle pour accéder à l'arête Est du Signal de Méan Martin.
Mais conformément au topo, on a choisi l'arête Nord dont l'accès se fait par ce ressaut qui a franchement une sale gueule.
Fiez-vous aux apparences, dira-t-on, sauf que là les apparences collent parfaitement à la réalité du terrain, c'est même pire. Le terrain est expo, très pourri, difficilement protégeable, et on finit sur une vire insidieusement parée d'un joli tapis roulant de cailloux entre deux barres...Charmant, hé bien, on se tire vite fait de ce foutoir perché, et , c'est promis ,on y reposera plus les pieds. Le topo n'a peut être été pas au fond des choses...
Cette arête facile ne semble belle qu'en neige, ce qui est heureusement le cas (vu son accès merdique, il faut bien une contrepartie!). Sa remontée s'avère un bien beau moment de cramponnage facile.
Nous voilà au large sommet du Signal, avec cette vue sur l'arête Est qui, après l'expérience de la vire d'accès à l'arête Nord, devrait être considérée comme la Voie Normale!
Au cours d'une courte pause, nous voilà survolé par un très beau gypaète, à l'envergure toujours impressionnante chez cette espèce. Ces vautours casseurs d'os ne fuient pas l'homme et ,très curieux, ils viennent souvent survoler les cordées ou les groupes de randonneur, ce qui augmente considérablement les probabilités de rencontre. Le silence paisible de leur vol harmonieux donne clairement l'illustration de ce que l'on appelle la "force tranquille".
Sommet! 3330m pas bien difficilement atteints, mais pas de quoi être déçu par la variété de la course, si ce n'est qu'il aurait juste fallu prendre l'arête Est. Côté Nord le vent est très froid mais côté sud, le contraste est édifiant, avec un caractère tout à fait estival.
La Face Nord de la Méan Martin a l'air intéressante par bon enneigement mais avec le recul glaciaire, il faut louvoyer entre les ressauts.
Ce versant sud est d'un débonnaire et d'une monotonie tels que ces lauzes redressées semblent trancher avec la vacuité de l'espace.
A la descente, nous décidons de prendre l'arête du Pisset, ayant des doutes sur le parcours glaciaire (nouvelle neige sur ponts de neige fragiles) et souhaitant profiter de la continuité de la crête dans la même logique.
Bien que franchement rando, le parcours présente des perspectives esthétiques sur la face Nord.
Plus bas, le parcours louvoie dans un très beau dédale de gendarmes bréchiques, à la couleur ocre très esthétique sur fond bleu.
Puis nous voici sur ce qui semble être la réplique terrienne du sol marsien, si on enlève les lacs.
Cette macédoine géologique (mélange de cargneule, d'ophiolite, de marbres et de schistes) a des allures de carrière abandonnée, ou encore d'un site pour les explorations lunaires de la NASA ! Cette vasteté, assez vide d'objets structurants, procure un calme intérieur profond et un ressourcement bien agréable.
Et au fond le site bucolique du refuge du Fond des Fours, avant une descente riche en discussions avec cette imperturbable tranquilité du vallon, qui repose les esprits...
texte et photos © Nico Strider
1 commentaire:
Ahhhh, j'adore ce coin de montagne avec son accueillante minéralité....Merci !!
Visse
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