dimanche 10 juin 2007

Vélo au Cormet de Roselend

source baladeevasion.free.fr

Par Nico Strider,

Le Cormet de Roselend, un grand col alpin, classique parmi les classiques du vélo de route alpin. Puisque je ne peux libérer qu'une journée ce WE, autant y mettre un peu d'enjeux et profiter d'un bon entrainement cyclistique des jours précédents (notamment le col du Granier par Apremont) Du coup vendredi soir c'est décidé, samedi matin je prend le train de 6h20 avec mon vélo et à 7hO7 me voilà à Albertville. Il fait beau, c'est la fraîcheur du matin, c'est parfait pour démarrer, le Mont Charvin est en ligne de mire.

La montée à Beaufort est relativement facile. Elle s'est déroulé en bonne partie dans l'ombre, avec quelques lumières rasantes sur les forêts et les belles landes...en vélo on entre progressivement dans ce cadre bucolique et encaissé du Beaufortain. Je double un groupe de sénior à la première montée, sympas, ils me charrient, moi le p'tit jeune. L'ambiance est calme, les voitures, rares.

Emile Taillefer www.villagesdefrance.free.fr

Et me voilà à Beaufort, je passe devant sa célèbre coopérative laitière, ses superbes ponts fleuris sur le Doron, son clocher massif et puissant. Il est à peine 8h, la bourgade est encore plongée dans l'ombre (contrairement à l'image ici), l'ambiance est fraîche, tout est calme.

Allez c'est parti pour le "crux" de la sortie vélo, le Cormet de Roselend, un col parmi les plus esthétiques des grands cols alpins, étant très peu équipé.

Voilà ce qui m'attend (pour l'instant ;-) ):
les deux schémas source http://www.cyclos-cyclotes.org/cormet.html

Traduction : une montée d'abord dans la gorge d'entreroche, puis la grande pente forestière d'accès au col du Méraillet, principale difficulté du Cormet, puis une traversée autour du lac de Roselend, un verrou rocheux à passer et c'est les prairies finales avant le Cormet.

C'est parti! La montée dans la gorge traduit une rupture par rapport à avant, la route devient bien plus raide et sinueuse. L'ambiance est prenante : personne sur la route, et le qualificatif d' "entre roches" est clairement justifié, d'autant plus que ces beaux gneiss reçoivent leur premiers rayons, dans une couleur verdâtre.

A la fin de la gorge, me voilà inondé de lumière, au niveau de 2 virages. La rosée est très forte, elle miroite la lumière qui devient aveuglante, la végétation explose d'odeurs camphrées.

Après une traversée de nouveau me voilà face à la grande pente forestière du Méraillet : elle fait 600m de haut et 7 virages. Autant dire, de grandes lignes droites remontantes, plutôt sportives.

Mais voilà je suis en forme et je démarre à rythme soutenu, je ne souffre pas de temps mort, ma respiration est poussée mais harmonieuse, je maitrise l'effort. Le bon braquet fut d'ailleurs facile à trouver et presque inchangé. Je suis à l'aise à tel point que je dépasse largement deux cyclistes durant cette belle montée très homogène face à la superbe cascade venant de la montagne d'Outray. Je retrouve la lumière en arrivant au col du Méraillet.

Et là c'est le spectacle. Dommage que je n'ai pas de sac et d'appareil photo (sans quoi je n'aurai pas monté avec le même panache) Voilà le grand lac bleu du Roselend. On traverse à flanc au milieu des prairies face à ce belvédère bucolique et diversifié. Au fond, les contreforts calcaires autour du Cormet. La route est alors assez facile et reposante, vivifiante. Toujours pas de circulation. Le bonheur. Je passe comme un éclair devant la Chapelle du Roselend:

photo Christiane Pichard

Et maintenant il reste la montée du verrou, le "crux" final, visible sur cette photo:

source www.supphoto.net

La montée, facile au début, finit à 8 % puis un court passage à 9-10 juste à la sortie du verrou. On grimpe sous une barre calcaro-marneuse, avec une cascade assez élégante. Cette montée est plus facile psychologiquement qu'une montée en forêt, du fait de l'ouverture et de l'évolution du paysage. Aucun vent ne vient troubler la fête. Je tire un peu plus pour sortir les derniers mètres, choississant la danseuse sans quoi je finis par perdre de la force d'inertie et donc de la vitesse.

Me voici à un nouveau plan, celui de la Lai, avec un refuge CAF ; reste encore la montée finale dans les prairies, entre les torrents, furieux ce matin. Je fais un petit clin d'oeil au Mont Blanc, qui apparait en flash, puis dans le dernier virage où je ne perd pas de mon panache, j'embrasse du regard les hauteurs enneigées de l'aiguille du Grand Fond.

Et me voilà sur le plateau sommital. Oups, un troupeau de vache : c'est le jour de la montée en alpage!!! Les tarines sont vigoureuses et motivées.



source wikipedia

Victoire!!

Me voilà devant le panneau du col, purement et simplement heureux d'être là, dans un décor si bucolique et si calme, 2h25 après le départ d'Albertville. Et un nouveau col alpin de fait, et finalement sans grande difficulté pour le cycliste chambérien, en général bien aguerri par les reliefs autour de Chambé et ses raides routes. Autant faire durer le bonheur alors. Pourquoi ne pas descendre sur Bourg St Maurice et faire le tour? Justement je suis rejoins par deux cyclistes montés côté Bourg St Maurice. Super sympas, on discute entre cyclistes de montagne, comme en tant qu'alpinistes en haute montagne, c'est la même chose, en fait.

Ma décision est prise : c'est parti pour la vallée des Glaciers.


La descente est purement euphorisante. De quoi s'éclater en vélo dans ces superbes virages, entre les prairies et les grandes pentes. L'air est d'une pureté énorme. Et voilà en clin d'oeil le massif du Mont Blanc, et l'aiguille des Glaciers, de l'autre côté la Sassière. J'avance tellement bien en terme de gestion de la vitesse que je double largement un camping-car (la hantise du cycliste) Et me voilà dans le décor minéral grandiose et puissant de la vallée des Glaciers:

source geol-alp M.Gidon


La suite de la descente sur BSM fut tout aussi belle, face au Mont Pourri, s'extirpant des nuages. La seule difficulté : croiser tous les troupeaux qui montent en alpage sur la route, et éviter d'éclabousser les bouses en descente sous peine de ramasser!!!

Et me voilà trop rapidement à Bourg St Maurice. Il fait déjà plus chaud. L'ambiance change littéralement, l'espace est nettement plus urbanisé, tellement moins bucolique.
Mon erreur à ce moment-là est de ne pas avoir pris le train pour Chambéry à Bourg. En effet, j'ai pensé descendre la Tarentaise en vélo jusqu'Albertville. Cette descente fut des plus pénibles. Fortes circulations, passage d'un tunnel bruyant et noir de 1,8km de long (que j'ai voulu éviter par une route en cul de sac soit 80m de dénivelée à 10% pour rien) et surtout beaucoup de vent. A Moutiers je cherche la route pour Albertville et je perds du temps alors qu'il me reste qu'un peu plus d' une heure-vingt pour avoir le train de 12h48 à Albertville (sinon après c'est bien plus tard!!), ça sent la course contre la montre.

Après Moutiers sur les petites routes, la circulation est moindre, mais le vent (brise de vallée) souffle en rafale de 50-60km/h. La route normale évitant la quatre voie est très longue (plus de 30km) en faisant des montées et descentes fastidieuses, passant pendant un moment devant des usines puantes à la Léchère. Vers la fin c'est plus bucolique mais n'ayant pas eu d'eau pendant 30min avant faute de point de ravitaillement, plus de barres de céréales, et le vent redoublant, la souffrance et l'épuisement commence à apparaître dans les derniers km de contre-la-montre et la marge va être très serrée... après 110km et plus de 1800m de dénivelée positif je dois malgré tout aller au plus vite. Je m'accroche comme je peux, je sais que je ne dois pas m'arrêter sinon je rate le train et surtout j'aurai du mal à repartir.

En hypoglycémie en vélo, face à un vent en rafale qui t'étourdit, le décor commence à devenir un peu trouble, on ne sent plus très bien ses gestes. Mais voilà que je passe le panneau "Albertville" je n'en crois pas mes yeux, est-ce la fin?

Finalement j'ai pu prendre le train, avec plus de 5mn de marge, j'ai même eu le temps de prendre un peu de bouffe et de soda au distributeur. Re-victoire et finalement une victoire paradoxalement plus difficile que celle du Cormet qui a été avant-tout un plaisir. En tout cas cette excursion en vélo m'a rééquilibré quelques jours avant ma soutenance de Master1, me donnant le panache nécessaire. Et puis quel bonheur ce col!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chapeau, t'as dû avoir un p'tit peu chaud !!

Anonyme a dit…

Ah putain, mon commentaire il a marché !! Maintenant je sais faire !!
Visse