Photos : Hydra
Lieu : Massif du RUITOR
Pays : Italie (Val d’Aoste)
Participants : Strider & Hydra
JEUDI 30 juillet, vers 18H : le choix épineux de la course
A peine rentrés avec Strider, bien fatigués, de notre excursion au Petit-Mont-Blanc, que nous voilà en train de chercher une nouvelle course pour la fin de semaine.
Le choix n’est pas simple car nous avons plusieurs problématique :
- Au niveau du timing, Strider n’est pas disponible le dimanche, car il doit rejoindre sa famille. Il ne nous reste donc que le vendredi et le samedi. Et encore, uniquement le vendredi après-midi, car Strider doit consacrer sa matinée à des tâches administratives.
- Au niveau géographique, nous visons un massif proche afin de limiter les déplacements. Ce qui nous laisse le choix entre le côté italien du Mont-Blanc, la Vallée des Glaciers, la Haute Tarentaise et les sommets frontaliers.
- Au niveau des conditions, ce n’est pas la joie. Beaucoup de glaciers sont en sale état. L’isotherme proche des 4500m nous restreint les possibilités de course.
Strider opte dans un premier temps pour la Vallée des Glaciers. J’y suis plutôt favorable car je ne connais pas du tout ce coin des Alpes. Il envisage tout d’abord l’arête nord au Mont Tondu, puis une course d’arête neigeuse au Dôme des Glaciers. Nous sommes un peu hésitants. Je préconise de choisir la course, de manière définitive, une fois arrivés au refuge Robert Blanc, où du coup, Strider réserve pour deux personnes.
Cependant, comme nous avons le temps, et qu'avec Internet, c'est plus facile, nous continuons à rechercher d’autres courses envisagables. Je parcours les topos de la Vanoise et scrute les cartes des sommets frontaliers. Mais aucun de ces sommet ne nous paraît envisageable. Strider en vient à me montrer des photos des environs qu’il a prises récemment, lors de ses balades. Une photo d’un sommet élégant avec un joli glacier retient son attention. Il a l’air d’être du côté italien, dans le massif du Ruitor.
Malheureusement, nous n’avons pas de carte du coin. Cependant, en bidouillant un peu le site Internet du géoportail, Strider parvient à repérer le sommet. Il s’agirait de la Becca Bianca. Mais nous n’en sommes vraiment pas sûrs. Sur la carte, Strider repère aussi un refuge qui semble y donner accès : le refuge Deffeyes.
Pour en avoir le cœur net, Strider fait une recherche sur ce refuge et parvient sur un chouette site internet présentant en détail le refuge Deffeyes (http://www.rifugiodeffeyes.it/). Sur une de ses pages, le site présente les itinéraires accessibles. Coup de bol ! Il y un itinéraire identifié pour la Becca Bianca (http://www.rifugiodeffeyes.it/images/stories/deffeyes/rifugio_cartina.pdf).
Cependant, en dehors de la durée de la course, 3 heures, à priori, nous n’avons aucune cotation de la difficulté de l’itinéraire. Nous basculons sur C2C, qui ne connaît pas ce sommet non plus, en dehors d’un « Becca bianca Monte Paramont » : sommet fictif mélangeant deux sommets voisins mais bien différenciés, où une sortie de skirando a été enregistrée par un italien il a quelques temps.
Cela fait quand même beaucoup d’inconnues et nous sommes un peu hésitants…. En regardant fixement à nouveau l’itinéraire sur le site web du refuge, j’ai comme un flash. EUREKA ! , je connais ce coin, j’y suis déjà allé en randonnée il y a plus de 10 ans ! « C’est un coin sublime ! » dis-je avec enthousiasme à Strider. Pour plus de sûreté, je vérifie sur le site de mon ami Clovis (http://www.lesitedeclovis.net/) que la randonnée en question y est bien répertoriée http://www.lesitedeclovis.net/pageshautar/randoshautar/psodiplanaval..html); ce qui est bien le cas, et qui finit par me rassurer complètement.
Devant mon enthousiasme, Strider annule notre réservation à Robert Blanc et réserve, dans la foulée, au refuge Deffeyes.
Et voilà comment on peut partir en montagne juste en voyant une photo !
Si l’accès au refuge Deffeyes semble simple, l’itinéraire de la course nous reste tout de même bien mystérieux. Sur la photo de Strider, plusieurs itinéraires semblent possibles : parcours d’arête, face nord directe…. Ce sera une parfaite aventure, à deux pas de la Rosière.
Avec de surcroît la possibilité d’une ouverture (française) ! Tout ceci, est quelque peu nouveau et bien excitant !
Vendredi 31 juillet : la montée au refuge
Et nous voilà repartis vers l’Italie : direction le Col du Petit Saint Bernard. Nous faisons en sens inverse le trajet de la veille. Mais il n’y a pas eu de miracle, au niveau de la route, dans la nuit….les virages sont toujours aussi « copieux », comme dirait « Strider » .
Une fois arrivés à la Thuile, nous prenons une route à gauche, direction "la Joux". Nous remontons jusqu’au bout la route jusqu’à une petit parking. Les lieux m’ont l’air familiers, ce qui me rassure quelques peu.
Nous nous préparons efficacement. En mettant les GROSSES, nous pensons immanquablement à Pastriste. Avons-nous les bonnes chaussures pour cette course ???
Mauvaise surprise, l’appareil photo de Strider de fonctionne pas, ce qui a le don de l’agacer profondément. Panne réelle ? mauvais rechargement des batteries ? Nous n’en savons rien. Du coup, Strider s’allège de son Reflex Canon, et fait reposer la responsabilité du reportage photo uniquement sur mon petit Ixus…
Le chemin commence agréablement par serpenter, tout en douceur, dans une forêt de mélèzes.
Par un petit pont, il franchit un torrent joyeux. Strider est surpris par la beauté des lieux. C’est vrai, que la veille, je ne lui ai pas tout dit, de peur de gâcher son plaisir !
Alors, je vais faire pareil avec vous, cher ami lecteur : je ne vous en dirai que l’essentiel !
Plus haut, le chemin prend des allures de voie romaine avec toutes ses pierres alignées et longe nonchalamment plusieurs cascades dissimulées dans cette forêt fort fleurie.
Puis nous sortons de la pénombre en traversant un petit plateau nanti d’un lac et d’un petit torrent dans lequel bronze une naïade….
S’enchaînent les derniers lacets, bien rébarbatifs sous la chaleur italienne, sous l’œil vigilant du Grand Assaly. Enfin le col ! Et là, c’est la claque au niveau du panorama ! Puis enfin le refuge à 2494 mètres.
Ce refuge italien est un peu surprenant au niveau de la qualité de ses sanitaires et de la qualité de son assiette. Par contre, le sac à viande y est obligatoire (et hop ! 4 euros de taxés à un Strider étourdi qui a oublié le sien....) et la technique de la vente forcée d’eau minérale lors du repas est bien pénible et superflue…
Nous y passerons toutefois une nuit fort agréable et longue de surcroît, car les gardiens ne servent pas le petit dej’ avant 6H....
Lors du repas, nous faisons la connaissance de trois italiens, fort sympathiques au demeurant, allant, eux aussi, le lendemain, à la Becca Bianca. Ils nous prêtent un topo italien. La voie normale de la Becca Bianca est cotée F mais il n’y a pas malheureusement d’autres itinéraires répertoriés : rien sur la face nord directe. Un doute insidieux persiste….alors que nous profitons d’un splendide coucher de soleil.
Samedi 1er août : enfin la Becca Bianca !
Une fois le petit dej’ englouti et les grosses lacées, nous prenons la direction de la Becca Bianca. Depuis le refuge, deux chemins sont possibles. Nous optons pour celui qui monte bien dès le départ. Ce choix est judicieux, car il nous permet de profiter d’une vue superbe sur le Ruitor et d’un lever de soleil sur une mer de nuage…
Je prends plus de photos que d’habitude en vue de bien répertorier l’itinéraire sur C2C.Mais bon, la marche d’approche est plutôt simple. Il faut longer de bout en bout un petit torrent qui nous conduit à plusieurs petits lacs. Un cairn nous incite à continuer notre découverte des lieux. Une moraine nous sert de rampe afin de traverser à main gauche une zone de pierrier typique des verrous glaciaires, et hop, voilà le glacier des Ussullettes et le sommet tant convoité.
Vu du bas, ça n’a pas l’air très dur. C’est vraiment du F pour la voie normale. Du coup, nous optons pour découvrir la face nord directe, qui à l’air d’être dans le PD.
Nous chaussons les crampons et enfilons le baudrier et tout la quincaillerie qui va avec. Deux barres de céréales englouties, quatre photos et hop nous sommes repartis.
Le glacier des Ussullettes est à classer dans la rubrique débonnaire. Pas de crevasse, très bon regel nocturne : nous bénéficions de conditions parfaites.
Une bédière rompt quelques temps la monotonie de la pente. Nous approchons, petit à petit, du bastion de la face nord, toujours sous le regard attentif du massif du Mont Blanc. Au loin, sur la crête de la voie normale séparant la Becca Bianca du Monte Paramont, un cairn indique le cap à prendre pour la voie normale.
Nous obliquons main droite, directement sous le bastion. Les difficultés vont enfin commencer ! Quelques Z dans des pentes en mixte, puis c’est le crux de la course : la dernière pente finale. C’est du bon 50° ! Heureusement que le passage est court car depuis le Petit Mont Blanc, j’ai les jambes un peu lourdes…
Une dernière pente de neige, quelques cailloux….enfin le sommet !
Le spectacle est grandiose côté italien ! Côté vallée du Pô il y a un combat titanesque entre les nuages bourgeonnant, ballottés par le vent, et les sommets qui luttent pour émerger. Du coup, il faut patienter quelques longues minutes pour découvrir enfin le Grand Paradis, puis dire bonjour au Combin et au reste du Valais.
En face de nous, impassible, le massif du Mont Blanc s’étire majestueusement au dessus des nuages de l’Aiguille des Glaciers jusqu’au Triolet.
Du côté du Ruitor et de la chaîne frontalière, la vue est parfaitement dégagée. Le Pourri semble même à portée de crampons….L’Assaly est magnifique et mérite qu’on revienne un jour dans le coin. Le Ruitor, en comparaison, est beaucoup moins élégant.
L’arête neigeuse prend fin sur une croupe caillouteuse qui s’étire jusqu’au Monte Paramont. Nous croisons les 3 Italiens de la veille sur cette arête ludique où nous prenons quelques clichés pour la postérité. Très vite nous parvenons au cairn. J’assure Strider à la descente cette fois ci vu qu’il s’en est chargé à la montée.
Le glacier ne nous offre aucune résistance à la descente et très vite c’est la traditionnelle pause deséquipement. On casse une graine entre deux discussions sur la cotation de la course. On tombe d’accord sur une classification PD avec un engagement de niveau II, tout en regardant les Italiens redescendre. Ils ne sont pas restés longtemps au sommet.
La redescente est un jeu d’enfants une fois franchie la zone morainique. Nous recroisons le cairn et profitons du panorama sur le grand Assaly (et oui, encore !). Très vite, le refuge est en vue. Nous y grignotons nos dernières provisions afin de nous alléger. Personnellement, je profite des installations locales pour me rafraîchir la voûte plantaire. Quel luxe !
Une petit sieste au soleil et c’est reparti pour la descente finale. Le spectacle est toujours au rendez-vous. On en profite pour jeter un coup d’œil à la troisième cascade, ignorée à l’aller.
On croise beaucoup de monde sur ce chemin : les « ciao succèdent au « salve » et autre « buongiorno ». De mon côté, je lance quelques « ola » qui ne choquent pas grand monde sur ce sentier cosmopolite.
Une fois à la voiture, nous reprenons le chemin de la Rosière. Et devinez quoi ? La route du col est toujours aussi copieuse….
PS : et finalement, c’est bien la batterie de l’appareil de Strider qui n’avait pas été rechargée
4 commentaires:
Il se débrouille pas si mal le petit Ixus...très joli coin çà donne envie.
Iso 4500 ! Il a fait très chaud cet été pour nos pauvres montagnes.
Bon peut être que l'été 2010 je vais réfléchir à des retrouvailles chamoisardes :-)
Merci pour les liens , surtout le site de Clovis.
Merci Hydra pour ce CR, tu as bien retranscris l'ambiance de la course. Cette course a non seulement été un ensemble de bons moments de montagne, mais sera aussi un prétexte a revenir dans ce très joli coin.
Bonjour,
Cette rando a l'air magnifique. Auriez-vous quelques renseignements pratiques: point de départ, durée, équipement nécessaire ?
Pour Olivier,
Tu trouveras tous les renseignements techniques de la course, 'becca bianca' sur le site de C2C :
http://www.camptocamp.org/routes/179742/fr/becca-bianca-face-n-directe
Bonne journée
Hydra
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