texte : Nico Strider
photos : Nico Strider...* sauf précisé : Nico Annpurna, Visse, Choupi'
Plan d'Amont , Aussois, 16h...quincallerie en pagaille, tissus compressés dans les sacs gonflés, éventuellement quelques cling bouteilleux lyonnais...
Bon ça y est ? Tout le monde est prêt ? Andiamo !
Direction : le refuge de la Dent Parrachée.
Une troupe de choc...en atteste le crumble préparé par Choupi', sans compter l'attribut vissesque caractéristique qui s'est glissé quelque part dans la photo qui suit (à vous de trouver...)
Parfum d'automne, graminées dorées carressées par les vents purs, lac exotique...
Bref, le tabelau idyllique, sans compter quelques mugissements de patous au lointain...big brother is watching you.
Sous cet affleurement dynamito-micaschisteux, voici en premier plan un lyonnais, jamais sans son attribut identitaire au coin de son sac et voilà à droite une silhouette elfique qui interroge l'espace, toute géographe qu'elle est :
Beau torrent cristallin au pont de la Seteria avec des couleurs que Rembramdt n'aurait pas reniées :
Visse semble le premier à poser les pieds au "temple", la mecque de la Haute Maurienne, en atteste ses photos idylliques :
Calme bien rangé, marche bien rythmée, petit vent piquant, il y a bien de l'espace ici suffisamment pour que résonnent les creux de l'estomac.
Sa créatrice ne s'attendait pas à un tel succès : le succulent crumble s'est avéré bien éphémère devant l'animalité des gosiers affamés du 17h...A noter que l'attribut vissesque ne s'est toujours pas évaporé.
A gauche le broyage dolomito-cargnolo-schistique de la Pointe de la Partie et à droite, de l'épaule de la Pointe de l'Echelle, les radiations astrales peinent à réchauffer l'eau pure des cîmes..
Bon, préparation au QG, discussions philosophiques...Visse observe les rumeurs de la salle depuis sa vigie, patous à babord!!!
Une photo d'Annapurna s'épenchant sur la décadence du soleil dans une nuée solitaire :
La nuit tombant, les phénomènes d'évaporations et d'engloutissement se complètent dans une logique d'engrenage très caractéristique d'une veillée en refuge.
Petit portrait d'un engloutisseur-évaporateur en chef, lyonnais (capitale de la Gastronomie faut-il le répéter) :
La croziflette n'est pas aussi bourrative qu'une caillasse de schistes moelleux, mais elle n'en pas pas moins voluptueuse, aussi les aspirateurs calent progressivement face à tant d'abondance...
Bonne nuit, les petits loups...Non ne me dites pas que j'ai ronflé, c'est pas vrai c'est (toujours) le gars d'à côté, d'autant que le dortoir a une rumeur bien insistante...
Mines désordonnées de 5h du mat, enchevrètements spectraux de frontales, pas de températures boréales dehors mais une ambiance légèrement feutrée.
A 3000m sous les pentes neigeo-glacio-schisteuses (dans l'ordre croissant de préférence) du Col de Labby, zéphir nous mord le visage : gants, bonnets de rigueur...Eventuellement quelques discussions philosophiques pour réchauffer les cervelles.
Ha ca y est : une bouteille de rosée est en train de se déverser sur les gateaux de sucres glacés, il était temps.
Deux stars locales, que sont à gauche la pointe de l'Echelle et à droite le massif de Péclet...
Nico, le pas puissant, devant le col du Moine et la Pointe de la Gormat..
On a beaucoup discuté mais on avait oublié un sujet bien tarte à la crème : le réchauffement climatique :
Jugez-en par vous mêmes...Glorieuses neiges, nostalgies des glaces, avant que tout ne finisse qu'en schistes à la schistosité croulante...mordillés par nos crampons dans ce qu'il va devenir leur terrain de prédilection...
Dans l'idéal alpinistique, une pente digne de ce nom cède toujours en bonne et due forme à un amphithéâtre. Nature généreuse, qui comble l'idéal dans l'océan de lumière des glaciers de la Vanoise :
Le Col de Labby, à 3328m est une pass', une porte dans le bon sens du terme. Y compris pour les vents...Le soleil aussi, pèse de son poid et fait froncer les sourcils de nos aventuriers-aspirateurs de dénivelée :
Voilà le donjon convoité, la Pointe de Labby :
Une lumière aussi oblique qu'une pluie écossaise pour capter quelques couloirs liasique de la Dent Parrachée :
La team en pleine préparation mentale :
Le réveil du serpent : ici plutôt ordonné et soumis à son maître...C'est parti pour la traversée du désert blanc, vers le Donjon en azimut :
40cm de poudre, douce comme un coussin bien moelleux : tels des huskys qui ne résisteraient pas au privilège de se rouler dans tant de volupté...Hé bien non ce n'est pas possible, car cette volupté est un ange en surface, mais un démon à l'intérieur, cachant des ponts de neiges d'un glacier éprouvés un mois d'aout assez estival et constituant une série de pièges, dont la corde tendue et la viglance, le reflexe restent les seuls parements possibles.
Après avoir "troué" un pont et aéré l'air suffocant d'une ou deux crevasses, la corde, ainsi que les cervelles, peuvent enfin se détendre quelque peu en touchant les rochers. Ouf...
Les micaschistes se montrent assez complaisants :
Les petits cailloux indisciplinés sont maintenus en bonne partie par la neige, c'est le top. De sorte que l'on accède aisément à l'antécime, en témoigne le bonheur vissesque devant l'élégant ressaut sommital :
C'est vrai qu'il a de l'allure surtout avec cette petite neige millésime septembre 2008 :
C'est un peu plus raide au milieu, le temps de passer un petit crux peu insistant :
Summiters!
Et "la houle des cîmes emplit mes poumons de son iode sacrée" (je me cites moi-même, notez ma modestie légendaire...)
Houle des cîmes balayant l'antécime de la Pointe de Labby, très élégante vue du sommet :
Et ça c'est plutôt la houle des vallées, dans ce contre-jour haut mauriennais, plus gratifiant vu d'en haut que d'en bas :
Nico en plein cycle d'évapo-aspiration d' H²O :
Le même Nico qui nous propose un panorma des Ecrins, de la Pointe de l'Echelle et des Grandes Rousses :
euh...ça c'est bibi et à droite, une course qui vient d'attirer sa convoitise: les arêtes du Soleil de la Pointe de Labby..
Remarquez, ces arêtes ne vont pas s'envoler demain...
La descente fut conviviale, entre chansons sur les diots et pirouettes entre les micas en pagaille...Nous retrouvons assez rapidement la piscine à cristaux, devant la puissante Face Nord de la Dent Parrachée:
Ce glacier étant une véritable méduse à crevasses, nous avons décidé, dans un chemin plus court, de longer bien respectueusement son bord, ce qui fut apparemment une bonne solution :
La team de choc au Col de Labby, alors qu'on a rangé les serpents, dans un coton légèrement insistant :
Le photographieur en mal de jamais voir sa bobine sur ses CR :
La Pointe de l'Echelle a retrouvé sa supériorité altitudinale alors que nous sommes sur la moraine bien boueuse du Génép' :
Et voilà les trois boyscouts pris par Choupi' aux abords du refuge :
Ha qu'il est difficile de quitter ce si joli refuge...d'autant que nous avons failli y revenir : hé oui au retour nous avons fait une rencontre charmante avec trois énormes boules blanches aux yeux rouges défendant un groupement de boules de cotons aspirant les herbes sèches...Détails caractéristiques : des crocs bien blancs, Jack London ne dirait pas le contraire...Heureusement il existe un joli sentier à flanc, égrené de quelques champignons mi-anges, mi-démons, solution de replis à retenir si une nouvelle charmante rencontre de ce genre se produit...
Au final, voilà un bon plan sans ac-crocs, n'est-ce pas ? En plus d'une belle ascension en montagne, nous avons des discussions très passionnantes ce WE, une véritable communion de pensée et ma foi tout de quoi laisser un très bon souvenir, mes amis...
5 commentaires:
En conclusion, un WE bien aspiratif !!
Et que du bonheur !!
(bravo pour le texte, excellent !!)
Visse
Cela me fait bien plaisir de découvrir un nouveau morceau de Vanoise !
L'ambiance avait l'air superbe.
Merci de nous faire partager ces moments, mais pour la prochaine fois, vous pourriez penser aux copains en nous ramenant du cramble....LOL
Choupi, tu sais ce qu'il te reste à faire...
A bientôt
"pour la prochaine fois, vous pourriez penser aux copains en nous ramenant du cramble....LOL"
N'écorchons pas le nom de ce succulent plat : crumble ! Et vois-tu, on a essayé, mais on n'a même pas réussi à en garder une miette pour le soir. Mis à part venir, t'as aucune chance mon pauvre ami...!!!
Annapurna
Je constate, si on se fie aux propos d'Annapurna, que chez les Chamoisards, les vicissitudes du ventre passent avant l'esprit de cordée....ah bravo !!! lol
"Je constate, si on se fie aux propos d'Annapurna, que chez les Chamoisards, les vicissitudes du ventre passent avant l'esprit de cordée..."
ERREUR mon cher ! Simple considération pratique, c'est difficile à transporter. Alors autant le manger sur place n'est-ce pas...?!
Annapurna
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