Deux jours de marche en montagne pour un pèlerinage, ça a bien sa place sur les chamoisards, non? Deux jours, ou plutôt deux nuits, car pour échapper à la chaleur, il vaut mieux marcher à la frontale. Il s'agissait de partir de Santopadre, le village de Marie-Christine (alias Limoncella) pour rejoindre avec 80 pèlerins le sanctuaire de la Madone de Canneto. On part donc le mercredi vers 21 heures, au son des accordéons, encouragés par une bénédiction à l'église puis un mini-feu d'artifice sur la place du village. Des villageois nous accompagnent pendant quelques kilomètres avant de nous laisser seuls sur la route, dans la montagne, pour une marche nocturne de 36 km. De halte en halte, nous arrivons à Atina pour une pause à mi-chemin vers 3 h du matin. Corentin et d'autres enfants terminent en voiture, et nous continuons à pied en direction des Abruzzes.
Au fur et à mesure, les haltes se multiplient et leur durée s'allonge, d'autant plus que notre groupe compte à la fois des pré-ados et des personnes d'un age respectable. Sur les derniers kilomètres, le dénivelé commence à faire parler de lui, et nous attaquons la montée vers Picinisco après 11 heures de marche, pour rejoindre quelques dizaines d'autres groupes. Nous nous mettons en ordre de marche pour faire bonne figure en arrivant sur les lieux.
On arrive au bivouac vers 9 heures. En fait, on nous a prêté une maison en chantier.
Le confort est plutôt sommaire, mais la vue sur la vallée est superbe et la rando qui nous y attend pour la nuit prochaine.
Ca ne nous empêche pas de dormir toute la journée, avec une pause méridienne pour une pasta-party. Le soir on est en pleine forme pour profiter de la fête et du gigantesque feu d'artifice donné en l'honneur des valeureux pélerins, le tout précédé d'un magnifique coucher de soleil.
Réveil pour un départ vers 3 heures du matin. On attaque par quelques kilomètres dans la forêt. Un groupe de 300 personnes nous double afin d'être devant nous dans le "crux", une heure de montée en lacets sur un sentier escarpé. La vision de plusieurs dizaines de lampes montant dans la nuit à la file indienne, ça restera un souvenir. Il y avait notamment celle de Corentin, avec son bâton de pèlerin dans l'autre main.
Arrivés en haut du chemin, le soleil est déjà levé. Il nous reste encore quelques kilomètres de rando à la fraîche dans la forêt.
Après 4 heures de marche et 300 mètres de dénivelé, on arrive vers 7 heures dans un cirque qui résonne des chant à la gloire de la madonne, chant hypnotique qu'on entendra des centaines de fois, jusqu'à y être allergique. Pour l'heure, on en est pas encore là, et on est sous le charme de l'endroit. Commence alors une longue descente jusqu'au sanctuaire, les groupes de pèlerins descendant les uns après les autres. Liberato, l'oncle de Marie Christine porte fièrement la bannière du village.
Les "compagnias" se succèdent, s'appliquant à chanter malgré les kilomètres dans les jambes. Ca commence à donner une belle cacophonie, nos deux accordéonistes ayant du mal à rivaliser avec la fanfare de la compagnia qui nous suit. Encore quelques minutes et ce sera enfin notre tour de rentrer dans le sanctuaire.
Comme chaque compagnia, on passe devant l'évêque, et dépose la bannière auprès des autres. Puis on file enfin pour un roupillon dans l'herbe en attendant les pates de midi. L'après midi se déroule entre sieste, coups à boire, chants, musique et glaces. Les plus croyants retournent à la messe pour récupérer la bannière, puis on prend un bus qui nous ramène au village où nous sommes attendus. On descend du bus pour marcher triomphalement le dernier kilomètre avec les amis et la famille.
Une super expérience à la fois physique et humaine. Marcher 50 kilomètres avec des mamies en sandales et avec leur sac à main, ça relativise un peu nos exploits de randonneurs! N'en déplaise aux marchands de chaussures!
Quelques répères:Dans le cirque de la Madonna de Cannetto, la Melfa prend sa source (d'après la légende, c'est la Madonne qui a créé cette source en plantant 3 doigts dans le rocher). Le sommet le plus proche, c'est le Monte Meta ( 2.240 mètres). C'est situé dans le parc naturel des Abruzzes, avec plein de possibilités de rando au milieu des chamois, des ours et des loups. A suivre l'an prochain....