samedi 21 avril 2007

Du côté de chez Swan


Un périple raconté par Hydra
Crédits photos : Pastriste
Les acteurs : Pastriste, Gilles, Rapha et Hydra


LES PREPARATIFS :

Le Week End du 14 avril arrive enfin !

Une partie de l'équipe des isards est sur le pied de guerre (suite à la déconfiture survenue le WE précédent) afin de débuter la saison d'alpinisme : objectif le couloir SWAN à Gavarnie !


Pastriste doit passer chercher Gilles dans le Gers, et je dois personnellement récupérer un renfort de dernière minute : Rapha, un mauriennais compagnon de Strider...qui vit sur Pau depuis quelques temps.

Toute l'équipe est impatiente et les prévisions météo sont très bonnes de surcroit, ce jeudi, 3 jours avant la course.

LA MONTEE AU REFUGE :

Samedi matin, le ton change....et pour cause !

Tout d'abord le ciel est bien bouché dans le béarn, le plafond nuageux gris est très bas, et le ciel vomit des gouttes sans discontinuer. Mais bon, c'était plus ou moins prévu.

Sur la route de Lourdes Pastriste me contacte désappointé sur mon GSM : "on vient d'avoir Météo France, c'est pas bon pour dimanche, qu'est ce qu'on fait ?"

Je propose de continuer et d'aller au moins au refuges des Espuguettes, comme prévu, parce que désormais nous sommes trop engagés pour faire demi-tour.

D'ailleurs, Rapha à côté dort comme un loir, apparemment, il a mal dormit la nuit dernière, une indigestion provoquée par des huitres ingurgitées la veille d'après lui....

Pas loin de Pierrefites, c'est le drame : Rapha sort de sa torpeur et demande qu'on s'arrête d'urgence afin de vomir ce qui lui restait dans l'estomac....

Je commence à comprendre que ce WE est mal parti et que Rapha ne pourra que difficilement gravir le Swan dans cet état .

Nous arrivons à Gavarnie, un peu en retard, et retrouvons Gilles et Pastriste en train de se préparer. Le ciel moins chargé et le contact de mes compagons me redonnent le moral.





Pastriste propose qu'on garde comme solution de secours de gravir le Piméné, au cas ou le couloir Swan ne soit pas en état.

C'est enfin le départ ! Nos sacs sont bien lourds, encombrés des raquettes, duvet, et de la bouffe pour 4 repas...Rapha qui ne demandait pourtant rien, hérite d'un brin de corde....c'était ça ou le réchaud + la quincaillerie.

La montée commence tranquillement, et la chaleur du moment nous impose une halte technique pour nous découvrir. La vraie question qui nous turlupine est de savoir si nous allons avoir de la place dans le refuge. D'après le gardien, il y a seulement une douzainne de couchettes. Nous sommes déjà 4 et Pastriste a vu partir une demi heure avant nous un groupe de 6 personnes en direction du refuge.

Nous ne tardons pas d'ailleurs a rattrappé ce groupe. Nous profitons d'une pause pour discuter avec eux et mangé un petit peu, en attendant Rapha. Ce dernier, malheureusement, ne va pas mieux et a vomit de nouveau. Il nous offre en spectacle un visage d'une blancheur fantomatique.

Nous repartons enfin, mais il faut désormais chausser les raquettes. Le refuge ne devrait pas être trop loin, mais le problême, c'est qu'on ne le voit pas dans les nuages.


La neige porte mal et colle terriblement. Notre rythme d'ascencion, respectable jusque là, ralentit énormément. La pente se redresse et même en suivant de vieilles traces, cette neige transforme la montée en véritable calvaire.

Une éclaircie nous laisse enfin entrevoir le refuge....il reste 100 m de dénivellés, mais dieu, qu'ils seront longs !


Arrivés au refuge, nous découvrons sa partie hiver. Nous sommes les premiers et installons nos sacs sur les couchettes. Le confort est relatif, un coin de table, rien pour s'assoir, mais c'est déjà beaucoup mieux que la tente !

A l'arrivée de Rapha, il est clair qu'il ne pourra rien envisager pour le lendemain. Il a puisé au plus profond de ses forces pour arriver jusqu'ici, et n'a plus rien dans le ventre.

De toute façon, nous avons le temps, il est à peine 14 Heures ! L'autre groupe semble prendre la direction de la cabane de Pailla, ce qui nous soulage dans un premier temps mais nous laisse à penser que nous avons peut être forcé pour rien finalement...

UN FESTIVAL D'AVALANCHES :

Nous profitons d'un rocher sympathique pour observer l'environnement quand le ciel le permet.
Le Swan est en face de nous, la roche rouge de Pailla à notre gauche, quand tout d'un coup un bruit sourd réveille notre attention : une avalanche ! Mais où ? Elle se déroule dans les nuages, nous ne voyons rien....mais pas pour longtemps ! Une autre et encore une autre se déclenchent successivement : un vrai festival !

D'où nous sommes, nous ne craigons rien, mais le spectacle vaut le détour, en une après midi nous allons voir plus d'avalanches que certains alpinistes durant toute leur vie !





Toutes les pentes un peu raides se purgent : dans le bas du couloir Swan, le long de la marche d'approche, dans le raidillon de la Hourquette (col) d'Allans (chemin du retour).....notre projet du lendemain déjà compromis, du fait du temps et de la forme globale de l'équipe, devient quasiment irréalisable.

Devant le fatalisme ambiant, Pastriste joue son joker : il sort de son sac très chargé, qu'il a eu bien du mal a fermé, une poche plastique blanche bien mystérieuse à cette altitude, de laquelle émerge des tas de cartes du Népal pour faire passer le temps mais aussi le programme et les affiches de Marie George, ainsi que le dernier numéro de l'Huma.....je ris intérieurement en pensant à ce que dirait Alban s'il était là....








Notre après midi se poursuivra tranquillement, au rythme des coulées, un temps inquétiés par un groupe de 12 personnes en raquettes montant au refuge, nous constaterons bien vite qu'ils ne font que passer.




Il est 18 heures, l'heure de victuailler et de faire siffler les réchauds, ce qui a le mérite de redonner le moral à tout le monde. Le ciel s'éclaircit par endroit et nous offre des paysages fantasmagoriques irréels. Plus bas au loin, un couple de skieur se dirige à coup sûr vers le refuge, comme nous, ils en baverons dans les dernières pentes terminales. C'est un père et son fils qui visent le Piméné pour le dimanche.





LE DIMANCHE :

Après une longue nuit bien réparatrice (ou bizarrement Rapha aura des tas de couchettes rien que pour lui...), en mettant le nez dehors, nous constatons que le ciel est encore chargé, et que le regel n'a été que superficiel. Personne n'est vraiment motivé pour aller au Piméné. Je propose de faire un petit tour en raquettes, sans les sacs, en suivant les traces du groupe de 12 personnes montées la veille, jusqu'a une petite bute 200 m plus haut.



Tout le monde est partant, et la discussion dévie fatalement sur J2 lorsque nous attaquons une petite pente raide à 45°......ah C2C !!!




Quelques clics au sommet mais le ciel est toujours menaçant, et nous redescendons au refuge dare dare. Nous chargeons nos sacs, fermons le refuge et recevons des gouttes. C'est sûr il pleut ! Et nous sommes bien contents ne pas être allés au Piméné.



La redescente permet de tester de nouvelles techniques, plus proches de la luge que de l'alpinisme. L'arrêt de la pluie exige de nous décourvrir juste avant l'entrée dans la forêt.




En sortant des bois, les nuages se déchirent et nous laissent contempler le cirque de Gavarnie immaculé de neige, puis l'intégralité du Swan se découvre....pause photos obligatoire.




La descente se passe bien, Rapha va drolement mieux et retrouve du peps. Tout le monde est heureux à Luz St Sauveur autour d'une petite mousse bien méritée, attablés à la terrasse sur-ensoleillée d'un bar incontournable pour les alpinistes du secteur.





A la prochaine fois !!

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